Chapitre 33 | Tiens bon

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Les conifères avaient fait place à des buildings, tous plus hauts les uns que les autres. Des nuances de bleu et de gris avaient remplacé les tons orange et jaune de la forêt. Jamais je n'avais été aussi heureuse de retrouver la ville. Cependant, elle était différente. Peut-être que c'était pour ça que je m'y sentais mieux que d'habitude. Les rues étaient pratiquement désertes. Les terrasses des cafés et les quelques boutiques de marques étaient vides.

— C'est quoi ce bordel ? murmura Colin.

Personne ne releva le fait que Colin avait parlé sans permission. Malgré une forme de sérénité que me procurait le calme ambiant, je ne tardais pas à ressentir une certaine angoisse.

— La ville aurait été évacuée sans qu'on soit tenus au courant ? hasarda Ben.

— Impossible, on n'est pas resté aussi longtemps que ça dans la forêt.

— Il doit bien y avoir une explication...

— Ce n'est sûrement pas ici qu'on la trouvera. Je propose de continuer.

Trois visages se tournèrent vers moi, surpris par ma détermination.

— Il faut qu'on retrouve les filles, vous avez oublié ?

— Bien sûr que non, me dit Ben.

— Alors en route, rétorquai-je en tenant mon bras contre moi.

— On peut faire une pause colonel ?

Isaac me scrutait d'un regard froid. Il n'attendit pas une réponse de ma part pour s'asseoir et sortir une bouteille d'eau du sac de provisions.

— Très bien.

Je m'asseyais à mon tour, un peu plus loin, sur un banc qui donnait sur le boulevard.

— Tu tiens le coup ?

— Absolument.

— Tu es sûre ? Parce que tu n'as pas l'air bien.

— Tu te fais du souci pour rien, je t'assure que ça va.

— Soulève ton t-shirt, m'ordonna Ben.

— Je te demande pardon ? m'exclamai-je en me levant.

— Soulève ton t-shirt ou je le fais moi-même.

— Tu es dingue ! Qu'est-ce qui te prends ? Recule !

— Riley, s'il te plait.

D'un simple regard, il m'enjoignait d'obéir à sa demande. J'avais peur. Peur de voir à quel point j'étais blessée. Du coin de l'œil, je voyais qu'Isaac et Colin ne prêtaient pas du tout attention à nous.

D'une main tremblante, je laissais entrevoir une partie de mon abdomen. Les mains de Ben s'étaient approchées de ma peau et lorsqu'elles s'y posèrent, je ne pus m'empêcher de frissonner.

— Comment tu as su ? murmurai-je, mais il ignora ma question.

— Depuis combien de temps ?

— Quelques heures.

— Comment c'est arrivé ?

— Je ne suis pas sûre... commençai-je en regardant la tâche violacée sur mon ventre qui remontait vers ma poitrine.

— Colin... Je vais le tuer... affirma-t-il en serrant les dents.

— Bien que l'idée me réjouisse, tu ne peux pas.

— Combien de temps avant que ton état ne se dégrade, hein ?

— Ben...

Je n'avais pas réellement essayé de le retenir. Il s'approchait déjà de Colin à grandes foulées. Ce dernier le regarda et, sans qu'il ne puisse se protéger, reçut un coup de poing dans le visage.

Ton esprit est ton pire cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant