Numéro masqué

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Numéro masqué.

"Mon cœur sous camisole, laisse que je m'isole. Arrête de me parler j'ai rien d'un prince charmant. Éloignes-toi plutôt et laisse-moi seul-tout dans ma gamberge et ma solitude. Il y a que la dedans que je me sens à l'aise."

Une voix sage et douce profère mon blase ...

"Salim ! Malaba wouldi; ça fait plaisir de te voir. Comment tu vas? Ta mère sa va ? Ton père ..."

C'est la madré de mon frérot qui nous rejoint ... Les bonjours légendaires des daronnes. Elles te questionnent sur toute la populaces. Les bonjours qui durent une éternité. A cet instant même j'ai qu'une envie c'est de prendre les commandes de mon fauteuil et de partir loin. Mais c'est loin de connaître les daronnes de chez nous. Une fois qu'elle-t-on sou la main elle te lâche plus. Elles te font l'inventaire de ce qu'il y'a dans leurs placards. Commençant par "Tu veut un café" ; finissant par "Reste pour manger le couscous."

Bref les blabla habituel ... Mon vieux corps qui empeste l'hypocrisie est toujours présent, mais mon esprits c'est fait la belle y'a belurette déjà ...

"Selem halti ! ça va hamdoulliah. Je vais vous laisser Allah y 3ounkoum Beslama."

Je commence à prendre congé, aussitôt retenue par les :

"Non wouldi ! Reste tu viens juste d'arriver. Tu veut manger quelques chose ? Tu veux boire ... ?"

Non ! Putain tu vois pas que je suis qu'une ordure, à penser qu'à ma propre poire. Ne soyez pas heureux de me voir. Je suis qu'un sale hypocrite doublé d'un égoïste. Si c'était pas pour "Elle", jamais je n'aurais franchi le seuil de cette porte.

J'ai trop de respect pour celle qui a mis au monde mon frangin. C'est une femme en or, avec une foi inébranlable. Putain aucune rancune envers nous. C'est à cause de cette raclure que son propre sang c'est fait descendre. Malgré tout elle garde la tête haute. Une autre ne m'aurait même pas adressé la parole. Pensant que je ne suis que de la mauvaise graine, et que indirectement son fils c'est fait ôter la vie par ma faute ... Je me sent sale, je peut pas imaginer parler ne serais-ce que le temps d'un café avec elle.

Mon téléphone sonne ... Il y'a bien longtemps qu'il c'était fait oublier. Un numéro masqué s'affiche... J'ai une tête de Zorro ? Qui ça peut bien être.

Je décroche :

"Allo !"

"Allo Salim ! C'est Leïla."

Mais qui c'est cette vieille meuf ? Je raccroche aussitôt. C'est quoi encore ces slatas ! Je commence à me taper un monologue, histoire d'échapper au café de halti. Je lui invente un joli prétexte qui évitera de la vexer. Je lui débite que ma mère vient de m'appeler et qu'elle a besoin de moi. Cette excuse fonctionne à tous les coups.

Je quitte l'immeuble ...

Mon téléphone sonne encore. Envie de le jeter par terre et de rouler dessus à l'aide de mon fauteuil, voilà le seul avantage que j'ai d'être dessus.

Je décroche :

"Allo ! Mais t'es qui toi merde ?"

"Allo ! Salim c'est Leïla."

"Va y bouge je te connais ap vieille meuf. J'ai pas ton temps ciao." {Je lui raccroche au nez.}

Elle commence à me les briser sérieusement, même si ça fait belurette qu'elles le sont déjà.

Une vibration me broie la main, mais elle va pas me lâcher. Je regarde l'écran de mon 3310 et oui j'ai pas les moyens de me procurer le dernier phone à la mode. En même temps tout cela m'est bien égal. Je suis pas un mouton pour suivre toute ces nouvelles tendances. L'effet de mode très peu pour moi. L'écran affiche un nouveau message. J'ouvre cette putain d'enveloppe.

"C'est pas très gentil de me raccrocher au nez. Arrête de faire genre tu me connais pas. Tu me connais très bien, c'est juste que tu m'as jamais laissé l'occasion de me présenter. Bref, moi c'est Leïla la cousine de Lina."

Oh non pas elle encore. Pourquoi s'obstine-t-elle à me parler ? Épargne moi tes discours. Quand est-ce que tu comprendras que je n'aime pas les gens. Je suis un putain d'insociable. Lâchez-moi la grappe merde.

Deux minutes après le vibreur retentit toujours et encore ...

"Nouveau message."

"C'est encore Leïla ! Juste pour te donner RDV dans ton sanctuaire comme tu le dis si bien. Tu sais là où t'a pris ta cuite la dernière fois."

Y a Comme un air de vice dans ce qu'elle débite. Putain elle a du cran la petite. Elle prend aucune pincette lorsqu'elle s'adresse à moi. Dis-toi bien fillette qu'on ne joue pas dans la même cour. Personne n'a le droit d'accéder à notre sanctuaire. Le QG c'est pour Wad, Mehdi, Lina et Salim uniquement.

Je lui réponds texto :

"Le sanctuaire est réservé uniquement pour Wad Mehdi et Salim."

Envie d'inclure Lina dedans, mais j'ai pas envie d'étaler mes sentiments, encore moins avec elle.

"Mais pourquoi Salim ? Pourquoi es-tu aussi froid ? Je veux seulement apaiser ton chagrin. Désolé de t'avoir dérangé. Au revoir."

Putain mais elle cherche quoi. Elle essaie indirectement de me draguer ou quoi. Si c'est le cas elle a réussi à attirer mon attention. Comment ça "Apaiser mon chagrin." Tu t'es pris pour Docteur Mamour ou quoi. Redescends sur terre tu ne pourras jamais rien apaiser chez moi. Désolé d'être cru envers toi, mais tu ne t'appelle pas Lina. Dis-toi bien que mon cœur est bel et bien pris. Pire qu'une porte de prison, personne ne peut y accéder. Tel un coffre-fort la combinaison contient 4 lettres, seul Wad en a la connaissance.

Pas envie de répondre, mais elle insiste ...

"Nouveau message."

"Juste pour te dire je serais au QG à 17h que tu le veuilles ou non."

Elle a complètement disjoncté du cerveau. Elle joue avec sa vie ma parole. Elle fait genre "j'ai des couilles". Elle fait trop le mac avec moi ...

J'hésite à lui répondre. La rejoindre ou non ? Peut-être qu'elle a le cœur en miettes. Un besoin de parler de ses blessures, mais dit toi bien miss que je ne suis pas le pansement de tes bobos. Mon cœur n'a rien d'un divan et mon nom n'est pas psy.

Je lui réponds :

"J'y serais si c'est le seul moyen pour que t'arrête d'inonder ma messagerie."

Plus aucune réponse. Sûrement vexé et probablement blessé par les paroles que je viens de lui envoyer. Ça fait du bien de ne plus sentir cet engin vibrer.

Je rentre au bercail. Porte ouverte des cris inonde l'appart ...  

Force et honneur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant