Quand les masques tombent

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 Quand les masques tombent.

Je marche le smile aux lèvres. Il y a tellement longtemps que je n'étais pas aussi apaisé. Le vent vient effleurer mon visage, sous une pluie battante. Je me précipite pour rejoindre le petit préau qui se trouve à l'entrée du QG. Je me pose en respirant une énorme bouffé d'air. Où est ma princesse. Les minutes défilent, ça fait un bon petit moment que j'attends. Je prends mon phone et je l'appelle.

Première sonnerie, deuxième, troisième. "Vous êtes bien sur la messagerie de "Lina", veuillez laisser un message après le bip sonore."

Deuxième tentative, toujours pareil. J'essaie pour une dernière fois, car comme on dit jamais deux sans trois, j'aurais plus tendance à dire jamais plus une seule seconde sans toi. Hassoul, ça sonne mais toujours personne qui décroche. Je rêve où elle est en train d'esquiver mes appels. C'est pas possible, elles se sont passées le mot ou quoi, aujourd'hui les deux femmes de ma vie se liguent contre moi.

J'en ai marre d'attendre. Je vire mon sale corps de ce muret et rentre à la cité. Une main vient effleurer mon épaule. Je me retourne et aperçois Mehdi. Son visage est apaisé, car depuis la disparition de Leyna lui aussi avait carrément disparu de la planète. Une envie me prend de lui mettre mon poing dans sa figure, mais le respect que j'ai pour lui me stoppe aussitôt, alors j'ai voulu lui insulter tous ses ancêtres, mais trop de respect pour les siens. Je me suis résigné à riposter seulement ceci :

"Wesh frère tu t'es enfin décidé à sortir de ta grotte et de revenir à la réalité pfff tu parles t'appelle ça un frère ..."

Je suis choqué des paroles que je viens de lui débiter, mais il m'a bien cherché. Il me reluque d'un air lugubre. C'est fini j'ai plus de pitié. Ils veulent tous me la faire à l'envers. Je vais leur montrer comment je m'appelle, moi c'est Salim à l'ancienne je me serais déclaré comme invalide, pas grand-chose à dire sur moi, mais aujourd'hui j'en ai tellement à raconter, ça part des coups de grâce aux coups de crasse. Certains diront que j'ai eu de la chance, mais non la chance ça n'existe pas. Le bonheur ce n'est pas en cueillant un trèfle à quatre feuilles qu'on va le décrocher. À peine une demi-journée que j'ai posé le pied dans ce quartier de merde et déjà tant de déceptions. La madre qui me rejette comme si j'étais le deuxième ''Merah'', Lina qui filtre mes appels et maintenant mon shab des bacs à sable qui refait surface après des semaines d'ignorance autant te dire que je ne suis pas à prendre avec des pincettes. En ce moment même je suis accompagné de la haine. Le temps m'a fait comprendre qu'il ne fallait jamais attendre après qui que ce soit, ça évitera des déceptions, au moins le jour ou y aura un acte de bravoure, je serais surpris, voire même ému.

Après quelques secondes de réflexion, je reviens à la réalité. Il est devant moi et malgré ses absences, je ne peux pas lui en vouloir. J'ai fait la même à Lina, ça doit surement être ça la raison de son mécontentement et de ses refus de réponse.

Mehdi est toujours présent, tête baissée. Il riposte :

"D'accord c'est comme ça que tu le prends. Je viens aux nouvelles et toi tu me remballes."

"J'espère que t'es pas sérieux là. Si tu m'aurais pas croisé, t'aurais même pas cherché des nouvelles de ma poire. Alors arrête de faire le faux."

Je vois à travers son regard que ce mot le met hors de lui, mais je ne peux pas faire autrement face à tant d'hypocrisie de sa part. Il me reluque d'un air véner, mâchoire contractée.

Il riposte :

"Arrête de faire le mec rempli de valeurs avec des grands discours. Regarde-toi avec ton costard là tu t'es pris pour Al Pacino ou quoi. N'oublie pas que c'est grâce à moi que t'as touché le haut mec, donc redescends."

Il y a comme un soupçon de jalousie à travers ce qu'il débite. J'ai l'impression d'être dans une autre dimension. Il a carrément viré de la carafe. La haine monte de plus en plus en moi. Je ne peux pas le laisser proférer des paroles de ce genre sans riposter.

"Écoute-moi bien, petite frappe. Au jour d'aujourd'hui je ne dois rien à personne, tout ce que je possède, ce n'est pas gratuitement que je l'ai obtenue. Durant 21 ans j'ai galéré comme un chien, cul posé sur ce putain de fauteuil. Tu veux faire le malin, on va jouer, mais faudra pas venir pleurer après. Alors écoute bien ce que je vais te dire. Premièrement la boîte c'est grâce à qui qu'on a pu la monter ? Hein ! Qui a versé les fonds nécessaires ! Surement pas toi. Si je n'avais pas été là tu serais encore en train de tenir les murs de peur qu'ils tombent, comme tous les glandeurs du tier-quar. T'en a de la chance que je ne suis pas le genre de personne qui se vante. J'avais du respect pour toi ainsi que de la reconnaissance, car je suis loin d'être un ingrat, mais après la phrase que tu viens de débiter, c'est fini. Tu peux mettre une croix rouge définitive sur moi. Je ne te souhaiterai jamais de mal bien au contraire. Sur ceux je te laisse avant que l'on en vienne aux mains.''

Je lui déverse toute la haine que ses mots ont provoquée en moi. Je me tire. Je monte dans la gova, radio à fond, J'ouvre toutes les fenêtres. Je prends l'autoroute direction n'importe quelle destination, tout est bon à prendre, tant que je fuis ce quartier de merde. Je suis écoeuré par tout ce qui s'est passé.

Un flash info vient perturber mes pensées.

"Flash infos, avis de recherche. Une jeune femme de 22 ans s'est échappée d'un l'hôpital psychiatrique. Elle pourrait être dangereuses de tendances bipolaires avec des antécédents suicidaires. Écoutez bien la description suivante c'est important : Cheveux brun et long, yeux marron, signe particulier graine de beauté en dessous l'œil d'environ 1m63, de corpulence mince. Si vous l'apercevez veuillez contacter le numéro vert mis à disposition ou bien la gendarmerie. Il semblerait qu'elle ait quitté l'hôpital hier soir tard dans la nuit. Faites attention."

(Générique de fin d'info.)

Description parfaite de cette pourriture de Leïla.

"Je te jure Salim dès que je serais remis sur pied je me vengerais. Je la je louperais pas. Je viserais juste, en pleins dans le mile."

Ses paroles résonnent dans ma tête. Tout à coup je fais le rapprochement avec ce flash infos. Je tape un dérapage et fais aussitôt demi-tour. Encore des problèmes toujours des problèmes. On n'a toujours les mains dans la merde, elles ne pourront jamais être propres, mais à force on s'y habitue. Ce démon a refait surface. Elle a peut-être pris Lina en otage, car c'est son truc les séquestrations. Je n'espère pas, car cette fois-ci c'est moi qui ne la loupera pas. Je suis encore prêt à voir couler du sang, si c'est pour la sauver.

Force et honneur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant