Confidences

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Confidences.

"La roue peut tourner à n'importe quel moment. Du jour au lendemain tout peut s'écrouler. Tu peux retrouver ton corps inerte en moins deux. Tout peut basculer en un rien de temps. Je lui ai appris la mort, elle m'a appris la vie. Je lui ai tendu la main, elle m'a donné son poing."

J'entre dans l'appart et j'entends Yema hurler :

"Non ça suffit, arrête. Hé wili ! Tu vas le tuer."

J'écarquille les yeux ... Choqué par cette scène qui est en train de se dérouler juste devant moi. Le padré envoie une gauche puis une droite. Le pied, le poing tout y passe. Yaniss tente de se débattre, mais dis-toi bien cousin que lorsque le paternel parle tu te tais, quand il frappe t'encaisse.

Yema crie des paroles indescriptibles. Impossible à décoder, derrière ses sanglots et ses larme... Baba qui la repousse verbalement : 

"Va la bas ne t'en mêle pas. Il se prend pour un rajel. Après tout ce qui l'a engendré. Handou el wadj de se montrer. Aucune hachema, aucun respect." Dit t-il d'une voix essoufflée, tout en continuant de lui donner des coups.

Yema n'arrête pas de lui hurler qu'il faut qui le lâche. Après tout c'est son chouchou. C'est l'amour de sa vie. J'ai jamais compris ce délire. Le mec, il passe toutes ces nuits au comico, il a des bails de ouf, des règlements de comptes à l'appel, il vend de la mort-aux-rats...! Yema comment tu peux aimer une raclure de ce genre. Arrête de le défendre systématiquement, il ne peut rien t'apporter de bon. C'est qu'une mouille doublé d'un sale égoïste, avare de ses propres sentiments. Ne vois-tu pas !

Yema décide de ne plus dire un mot. Elle s'approche avec son petit corps tout frêle, tentant tant bien que mal de les séparer. Mais mama dis-toi bien que tu ne peux rien contre la force d'un homme. Je la reluque. Elle me supplie du regard de l'aider. Avec tout l'amour et le respect que j'ai pour toi, si j'avais la force et le choix; je lui aurais balafré sa face de rat. Histoire d'y graver tout le mal qu'il a causé. Elle continue de me contempler d'un air lugubre. Je peux pas résister face à ce regard triste et désespérer. Je vois dans ses yeux qu'elle a une envie de tout plaquer. Alors d'un pas deter' j'avance avec mon fardeau qui me sert de fauteuil. Je m'interpose entre eux deux. Mon fauteuil prend toute la place. Ni une ni deux, il se retrouve à 10m l'un de l'autre.

Regard sombre. Je le dévisage avec une telle rage et colère. Je lui déverse toute la haine qui sommeille en moi :

"Ça suffit maintenant ! Tire toi, t'a rien à faire ici. Tu vois pas que t'es qu'une merde. Vas-y bouge ton sale corps qu'empeste la mort d'ici ."

Il me mate d'un air qui veut dire : "Genre si je te chope, je te fais bouffer tes roues qui te servent de jambes." Mais à ce stade-là il n'a pas le choix que de fermer sa putain de gueule et de partir loin, très loin d'ici.

Le padré toujours essoufflé, d'une voix fatigué lui rétorque :

"Si je te croise encore ici ou dans le quartier, tu en sortiras pas vivant. Je te tuerais de mes propres mains quitte à finir en prison. Y'a bien longtemps que je n'ai plus de fils."

Il s'adresse à lui, comme s'il s'adresser à un mec du cartel. Baba t'inquiète pas, tu n'est pas le seul à vouloir sa perte. Beaucoup de people veulent sa sale peau moisi qui empeste la mouille.

Yema juste à côté qui éclate en sanglots. Elle est au bout du rouleau lorsqu'elle entend ces paroles. Elle vient de réaliser qu'un lien s'était brisé et que désormais plus rien ne sera comme avant. Le visage dévasté par les larmes et l'amertume des paroles qu'il a proférées.

Force et honneur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant