Force et honneur

Une part de Wad

Une part de Wad.

"Dieu miséricordieux, nous expose à des épreuves, pour qu'on fasse nos preuves. Nous ne sommes pas là pour l'éternité. Quand tu pousses ton dernier cri un nouveau retenti en maternité. Sans fois ni loi, tu fais parler de toi. Si on te laissait revenir de la mort pour te rattraper, tu dirais que c'est un cauchemar. Qu'après l'heure c'est trop tard, qu'avant l'heure c'est pas l'heure et quand c'est l'heure tu pleures. Le soleil se lèvera, avec ou sans toi... La vie continue, mais je t'oublie pas frère."

J'étais en train de cauchemarder. Je te voyais te faire ôter la vie frère, pire que la réalité. Mon subconscient ne veut pas lâcher prise. Même endormi je subis la triste réalité. Sorti aussitôt de ce cauchemar par les ondes de mon phone ... Une vibration retentit.

Je décroche:

"Allo."

"Allo ! Puis-je parler à Monsieur Salim B****?"

"Qui le demande?"

"C'est le Docteur Jacques Rousseau de l'hôpital des platanes."

"C'est moi même ! Que voulez vous?"

"J'ai reçu un appel de Monsieur Mohamed E****, le parent de Monsieur Wadyl E*****. Il est d'accord pour faire dons des organes pour la petite Lina F*****."

"Très bien, j'en suis ravi. Quand aura lieu la transplantation ?"

"Le plus rapidement possible, par contre seul le poumon est compatible."

"Comment ça ? Elle va pas se réveiller ?"

"Pas d'inquiétude. Le plus important c'est de trouver un poumon compatible. En ce qui concerne le rein ce n'est pas pressé. On peut très bien vivre avec un seul rein."

"D'accord. Je vous remercie. Tenez-moi au courant lorsqu'elle se réveillera."

"Sans problème Monsieur Salim B****. D'ailleurs il faudrait que je vous voie pour qu'on fasse le point et qu'on valide votre inscription pour le centre."

"Oui je viendrais. Dites moi vers quelle heure?"

"En début d'après-midi, ça vous va ? Il faudra ramener avec vous votre tuteur légal."

"J'y serais, sans soucis. Merci à vous. Au revoir Docteur."

"Au revoir Monsieur Salim B****."

L'impression de renaître de mes cendres. Ma princesse va revoir le jour insh'ALLAH, grâce à mon frérot. Il faut que j'aille graver cette date sur le petit muret de notre Q.G. Lorsqu'elle se sera réveillée, pas envie de me porter la poise. Ne jamais mettre la charrue avant les bœufs, comme dirait l'autre ...

Je me lève sourire aux lèvres. Yema vient me donner mon bain ou devrais-je dire ma douche quotidienne. Je dois entamer la discussion. Lui inventer un joli mito, pour pas qu'elle ne sache que je vais partir durant deux ans en suisse. Je veux tellement lui faire la surprise. Revenir sur pieds avec un bouquet à la main. Je ne pourrais jamais te remercier pour tout ce que tu as sacrifié pour nous mama. Yema t'es ma reine et pour toi je déplacerais des montagnes. Je t'aime d'un amour infini. Impossible à décrypter. Tu es ancré dans mon cœur à tout jamais ...

"Yalah wouldi ! On y va. T'as bien dormi?"

"Oui Yema hamdoulliah. Mama faut que je te parle de quelque chose."

Le regard braqué sur moi. La main posé sur sa poitrine, se demandant bien ce que la vie lui réserve encore comme mauvaise surprise. Elle doit croire que je vais lui annoncer la mort de sa progéniture; soit tranquille, même si j'étais au courant, ce n'est pas moi qui te l'annoncerait. Pas envie de te voir t'écrouler à terre pour une tel merde.