Salim is back

468 30 17
                                    

Salim is back.

J'enclenche la première, deuxième, troisième. Le thermomètre affiche 3 degrés, certains diraient qu'on se gèle les cacahuètes, mais dans ma tête ya rien à faire je bouillonne. C'est la canicule. J'ouvre toutes les fenêtres histoire de m'aérer l'esprit. Je repense à tout ce qui me détruit, ça me fais mal, trop de choses me nuisent. Je ne suis pas à plaindre loin de là. J'ai retrouvé la santé Hamdoulilah. Yema dit tout le temps " Si tu as la santé wouldi, alors tu as tout gagné." Elle a raison Yema, car j'ai beau avoir tout le matériel qu'un millier de mecs m'enivraient à la cité, j'ai perdu l'essentiel. Personne ne pourra ramener les êtres chers, même pas la beauté de ces billets violets.

Je me remémore les derniers instants passés sur mon fauteuil roulant, c'est fou ya à peine un an je ne savais même pas la sensation que pouvaient procurer mes pieds touchant le sol et aujourd'hui je cours. La vie est faite de mauvaise surprise, mais parfois de bonne même si elle se font rare.

Cette putain d'existence est trop lâche. Elle aurait dû me proposer un accord. On aurait décidé d'un commun accord. Je lui aurais rétorqué pas question de quitter mon fauteuil si c'est pour dire adieu à mon frangin. Je te jure, je lui aurais débité ça sans aucun regret, sans hésiter. Je lui aurais même riposté avec le smile aux lèvres. Hélas on n'est pas maitre de notre destin, c'est ce que mon existence m'a appris. J'essaie de trouver des points positifs à mon vécu, j'en trouve qu'un seul. J'ai sauvé l'amour de ma vie, mais à côté de ça, j'ai poussé Mehdi au fond du gouffre. Indirectement c'est de ma faute s'il souffre autant. Si je n'avais pas connu Leyna rien de tout ça ne se serait passé. Putain et voilà que je me mets à regretter de l'avoir connu. Je me noie seul dans un cercle de contradiction. Elle est ma plus belle rencontre après Lina. Elle,  je l'aimais, je l'aime et je l'aimerai toujours d'un amour fraternel. Lina je l'aime comme un homme peut aimer une femme du plus profond de son âme. Elle est ma plus belle victoire. Cette femme c'est la boussole de ma vie, elle me guide vers le droit chemin. Elle est la meilleure partie de moi. Elle sait trouver les mots pour soulager mes maux. Rien que pour ça je me dois de la remercier. Je te l'ai promis poupée, je vais bientôt frapper à ta porte. Ma parole tu la connais, je n'en ai qu'une pour ça que je la respect. La parole fait l'homme n'en doute pas princesse, j'en suis un vrai. Prépare toi, je vais venir demander ta main à Sami.

Je m'arrête en chemin pour faire quelques achats. Je bloque devant une bijouterie, ce solitaire m'interpelle par son reflet qui éblouit mes yeux, tout comme sa beauté. Sa brillance traverse la vitrine, tout comme son amour transperce mon coeur. C'est un signe, ce solitaire lui est destiné. C'est décidé, je prends cette anneaux. C'est celui-là qui scellera notre amour pour l'éternité. Je prends donc la plus belle bague qui peut exister pour la plus belle femme. La vendeuse me demande si j'ai besoin d'autre chose, je lui riposte que j'ai besoin d'une sublime parure pour la première femme de ma vie. Je reviens de loin, il faut que je marque le coup. Comme Younès : "J'ai l'éternelle reconnaissance envers celle qui m'a fait naître." Je me dois de la combler de cadeaux. Je me dois de la traiter telle une reine, tout ça n'est rien comparé à toutes ces années de misères. J'oublie pas mama, quand tes copines te racontaient leurs vacances et que toi en échangent tu n'avais rien à leur dire, mise à part tes aller-retour au comico. Les va et viens à cause de ce pouilleux. J'oublierai jamais aussi, quand tu passais devant la boulangerie et que tu n'avais même pas de quoi t'offrir un croissant. Aujourd'hui je peux dire que je prends ma revanche. Je pourrais même t'offrir une boulangerie entière si tu le souhaites. Yema tu n'as qu'à exiger et moi j'exauce aussi vite. Désormais tout ce que tu désireras je le déposerais à tes pieds telle la reine qui sommeille en toi. Pareil pour toi baba, tu es la prunelle de mes yeux. Je me dois de te remercier pour toutes ces années ou ces tar-ba te fessais galérer, pour un salaire de misère. Il t'envoyait au casse-pipe pour quelques cacahuètes. Tous les matins à 5h t'étaient au garde-à-vous, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige jamais tu rechignais à la tâche. Ce qui comptait à tes yeux c'était le bien-être de ta famille et tant pis, si pour cela il fallait que tu te casses le dos. Un homme droit comme le temps n'en fait plus, avec le cœur sur la main. Toujours à aider ton prochain. Malgré le peu que t'avais tu partageais tout le temps. Un bon musulman mash'Allah. Ta tout donné pour moi, t'aurais même donné ta vie pour la mienne. Je te décerne la médaille d'honneur pour un homme d'honneur. Je ne t'ai jamais vu te plaindre. T'as toujours le sourire aux lèvres même dans les mauvais jours. Tu disais Hamdoullilah même quand tout allait mal. T'a traité Yéma telle une princesse à tes yeux elle reflète la huitième merveille du monde. Malgré les montagnes de problème t'a jamais lâché l'affaire, toujours présent. Yema c'est pour ça que toutes tes pine-co t'envie. T'es la seule à avoir su garder ton mari. Toujours soudé comme les cinq doigts de la main ou encore comme les cinq branches d'une étoile. Baba t'a porté Yema sur un piédestal. Tu es son support et elle est ta colonne, rien que pour ça baba je te dédie tout mon respect. J'ai jamais levé les yeux sur toi, toujours tête baissée quand je m'adresse à toi. T'es mon père, mon seul repère ici-bas. Quand tu parles on se tait, c'est le minimum qu'on puisse faire, face à une aussi grande figure paternelle.

Quand je parle de vous, j'ai la voix qui vacille, les yeux humides. Je remercie Allah de m'avoir donné des parents en diamant. Vous êtes ce que j'ai de plus précieux. J'ai beau avoir réussi sur le plan professionnel, car hamdoulilah notre affaire fonctionne super bien, mais ce n'est pas pour autant que j'oublie d'où je viens. J'étais à terre, voire plus bas que terre, mais ce foutu mal être ne me poussera pas à me foutre en l'air. Il m'aura pas, je finirais pas six sous terre. Un jour peut être, c'est sur même, car on devra tous quitter ce bas-monde, mais j'espère rester le plus longtemps possible sur ce globe terrestre. J'espère qu'Allah apaissera ma peine et allégera mon coeur de tout ce mal qui me ronge. Insh'Allah ya Rabi, Amine. Je vais essayer enfin de sourire à la vie pour qu'elle me le rende en retour. Je lui ai jamais lâché de sourire, je lui ai toujours tiré la gueule, c'est pour ça que je m'en prends pleins la tronche.

Hassoul, j'arrive enfin à destination. Je me dirige vers notre Q.G. Ici rien à changé frère, le vent a la même odeur que la tienne. Je me pose sur le petit muret et je commence à lire toutes tes phrases, comme un drogué en manque de sa dose. J'en rate pas une miette, mais il semblerait qu'une personne est venue mettre son grain de sel, car c'est bien connu, lorsque le chat n'est pas là les souris dansent. Une nouvelle phrase a fait apparition.

"Les absents ont toujours tord, seuls les présents ont raison."

La fin de cette phrase est signée "L". Ça doit probablement venir de Leïla. Pour une fois qu'elle a raison. Les dires de mon frangin on sûrement dû l'inspirer, en même temps c'est un personnage qui inspire. Tu le contemples et hop l'inspiration te viens aussitôt. Je te le dis et te le redis, je suis cramé de toi frérot. Je ne t'oublierais jamais, même à 80 balais Insh'Allah, si Allah me laisse vivre jusque-là. Je viendrais sur ce mur me remémorer ton souvenir. Je le présenterais même à ma descendance. Je souhaite à mon fils d'avoir un frangin comme toi et à ma fille de connaître un premier amour comme toi et de ne jamais le laisser fuir.

Il se fait tard, j'ai passé toutes mon après-midi à reluquer ce mur qui n'a pas de parole, mais qui possède une âme grâce à tes écrits.

Je descend la pente et grimpe dans la gova. Ce moment m'a rebooté, c'est comme si t'étais à mes côtés frérot. Je me gare juste en bas des tours.

Au quartier rien à changé, toujours autant de têtes cramées qui tiennent les murs. Au lieu de trouver une solution de s'en sortir, il reste dos collé au mur, comme s'ils avaient peur qu'il tombe. Toujours le cul posé sur le banc. J'avance basket, casquette, survet, pour me fondre dans la foule. Il semblerait que personne ne m'ait reconnu. J'avance tête baissée, sac sur l'épaule, l'impression de sortir du hebs. Je lâche deux trois mollards, histoire de passer pour monsieur tout le monde.

Je grimpe dans l'ascenseur, premier étage, deuxième, troisième... Enfin arrivé.

L'impression que ça fait dix ans que je n'ai pas mis les pieds ici. J'avance doucement mais sûrement. J'ai le cœur qui vacille, pressé de retrouver Yema et Baba, mais stoppé aussitôt par cette appréhension. Comment vont t'il réagir ? Est-ce qu'ils vont bien le prendre où simplement me rejeter pour les avoir éloignés de ce combat que j'ai mené. Est-ce qu'ils m'en voudront ?

Une seule chose à faire pour le savoir, il suffit d'appuyer sur la sonnette. J'hésite à deux, trois reprise. J'y vais enfin, je me lance.

Dring...dring...dring... Les dés sont jetés, restent plus que les cartes à jouer.

Force et honneur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant