Retour au bercail

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Retour au bercail.

"Quand nos regards se sont croisés pour la première fois, j'étais sous le charme. J'ai tout de suite su que c'était toi ma destinée. Poupée je te promets l'amour éternel. Le reflet de tes yeux me rend beau. T'a fait renaître mes rêves, mes envies, t'es devenue ma vie. Je ne veux pas vivre de souvenir, mais plutôt bâtir un avenir solide à tes côtés. Si le destin en décide autrement, nos deux corps seront séparés, mais nos âmes unis à jamais. Je lève ma tête, je m'adresse à Dieu pour que tu me reviennes des cieux. Partagé entre ici-bas et l'au-delà. Car si tu meurs, je meurs avec toi. Entends-tu ma douleur? J'en peux plus je deviens ouf. Même si mon cœur bat je saigne."

T'aura beau dire que la violence ne résout rien. T'y connaît rien, tu ne vis pas dans notre tié-quart. Pour se faire respecter y'a que sa qui marche. Du haut de ta banlieue chic ne viens pas juger nos vies. Nous on ne connaît pas dolce la vita, c'est tous les jours kohlanta. Chaque jour on se bat pour survivre et rendre fier les nôtres du mieux qu'on peut, donc tes opinions, tes conseils, tes blabla... Tu peux les foutre là où je pense, pour rester polie.

Pourquoi la vie nous contraint à rester là, alors qu'on voudrait seulement partir loin. Je dirais pas quitter cette vie malsaine, car oui soyons honnête tout ce qui se passe dans nos tours ça n'a rien de glamour. La preuve l'amour de ma vie est cloué sur ce lit de mort. Sans elle je perds le nord, à croire qu'elle m'a déboussolée. J'ai peur de passer des roses aux ronces pour ne pas dire chrysanthème. Pourquoi ce thème m'affecte tant. Je pensais avoir vécu le pire, le jour de ma naissance, mais non le pire c'est maintenant. C'est ici même. J'ai seulement 21 ans et je pourrais en noircir des pages de peine et de haine. J'ai l'impression d'avoir 60 piges, d'avoir tout vécu, tout appris. J'ai seulement envie de partir pour ne plus ressentir cette putain de douleur. Poupée si tu me quittes ma plaie ne pourra jamais cicatriser.

Putain t'es ou Wad ? Toi seul aurait pu me raisonner, me faire abstraction de cette situation. J'entends tes paroles me dire: " Vas-y c'est bon Limsa t'es un bonhomme pas une biche ! Histoire de gadji ça rapporte rien de bon. Ma seule came s'appelle Marie-Jeanne elle est bonne. Son parfum me fait trembler. Faut l'allumer pour qu'elle te monte dessus. Je fais tourner pour 10e en moyenne. Fume moi ça tu vas voir c'est la seule qui t'épaule quand tout va mal. N'importe où, à n'importe quelle heure. Elle est toujours présente pour toi. Elle te laissera jamais tomber. "

J'avoue que sur ce coup-là t'a raison. Elle m'aurait tellement rendu service. J'ai besoin d'elle histoire de m'évader le temps d'une journée. D'oublier toute cette merde. Je suis bien trop faible et lâche pour affronter la réalité en face ...

Ça y est une semaine est passé. Il est temps pour moi de rentrer au bercail. Je n'ai pas envie d'y retourner. Pas envie de remettre les pieds là ou cette mouille a commis l'hécatombe. Pas envie de voir leur sang au sol. Je risquerais de lâcher toutes les larmes de mon corps, en pensant à ma colombe qui erre entre deux mondes. Je longe le long de ce maudit couloir. Dans ma tête j'adopte la démarche de John Q. Avant de rentrer je m'arrête devant sa chambre. Je la regarde au loin, pas la force de m'approcher. Si tu savais à quel point je m'en veux. T'as voulu me protéger et moi je ne peux même pas te porter secours. Je te jure que je te vengerais toi et Wad.

J'espère juste que tu connaîtras pas le même sort que lui, autrement la populasse pourra m'appeler l'ennemi public numéro uno.

Je retournerais le globe terreste pour retrouver ces fils de chien. Je réduirais leurs couilles en miettes qui leur servira de pâté. Je l'ai torturerais jusqu'à qui n'y ait plus assez d'oxygène pour alimenter leur cerveau. S'il t'arrivait malheur, dis-toi bien mon cœur que c'est la guerre qu'est déclarée.

Je m'apprête à sortir de cet hôpital. T'inquiète c'est pas un adieu, mais juste un au revoir .

J'aperçois au loin un toubib, j'hésite à avancer pour lui demander des nouvelles de ma princesse. Et puis merde, je tente le tout pour le tour. Il a intérêt de me donner tous les détails de son état.

Je l'interpelle :

"Bonjour, Docteur !"

"Oh Monsieur B**** Salim ! Vous nous quittez déjà ? "

Je le reluque avec les sourcils froncés et lui rétorque :

"Déjà ? Vous dites ! Je déteste cet endroit j'ai l'impression qu'il fait partie de ma famille. C'est horrible. Enfin ainsi va la vie. Je voulais savoir si c'était possible d'avoir des nouvelles de Mlle F**** Lina svp docteur ? "

"Ah oui attendez un instant que j'aille chercher son dossier."

Adossé contre mon fauteuil. J'observe la populace s'agiter. J'aperçois une gadji qui pleure. Je la vois de dos sangloter. Encore une à qui on a annoncé un décès. Mais j'ai envie de te dire miss ici 99,99% des cas sont voués à cette destination finale. Le bib-tou reviens et me sort aussitôt de mes pensées ...

"Voilà Monsieur B**** Salim. J'ai le dossier. Une balle a perforé son rein ainsi que son poumon gauche. Nous l'avons mise sur liste d'attente. Sans greffe je ne vous cache pas que les chances de survivre sont minimes. Le temps nous est compté, il nous faut très rapidement un donneur."

" Pourquoi dans l'bouquet de fleurs que nous offre la vie, le coeur choisit souvent la seule rose qui porte une épine. Cette fille, la femme de ma vie. La carabine sur les tympans de ma solitude..." Je me serais bien flingué sur place pour lui offrir mes organes vitaux. Au moins elle aurait pu en faire bon usage, car à vrai dire être en vie ne me sert à rien.

Dis-moi qu'est-ce que je peux bien faire de ma putain de vie sans elle, sans lui. Tous les mardi à l'hosto mais pourquoi ? J'arrête de me battre j'en ai marre. Dans ma tête c'est un vrai champ de bataille.

Mon ange, j'aurais tellement voulu t'offrir une moitié de moi. t'aider face à ce combat si cruel que la vie t'a offert ou plutôt imposé. Désolé de ne pouvoir rien faire je suis un légume ne l'oublie pas. Putain Salim bats-toi pour elle, tu peux pas baisser les bras, pas maintenant. J'essaie de retenir cette putain de larme. Merde reste fort arrête de faire ta mouille. Attends d'être solo avant de lâcher l'eau. Pas besoin de leur pitié, rien à foutre de leur compassion.

Je me fait la morale solo. Assez de communiquer avec mon moi intérieur. Je matte le toubib et lui demande :

"D'accord, je vois. Combien de temps à peu près mettez vous pour obtenir un donneur?"

"Honnêtement Monsieur je ne pourrais dire le temps que cela mettra. Il n'existe pas de délai précis."

"Ah d'accord. Je vous remercie Docteur. Bonne journée. Au revoir. "

C'est la tête baissée que je rejoins la sortie. J'étouffe, j'ai besoin de respirer de l'air pure et propre. Pfff c'est pas au quartier que je trouverais ça.

Je roule, sans m'arrêter. Les yeux fixant le bitume. Perdu dans mes pensées, j'heurte une personne. Je lève petit à petit les yeux. Je m'apprête à l'insulter, à lui déverser toute la haine qui est enfoui en moi. C'est décidé cette personne me servira de souffre douleur. Besoin d'un punching ball. Cette personne tombe à pique.

"La putain de toi ! Tu sais pas regarder quand tu m..."

Merde je suis tétanisé. Les mots ne parviennent plus à sortir. c'est le choque ...


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