Triste final

418 21 8
                                    

Triste final.

Je traîne des pieds, les épaules relâchées, la démarche saccadée, le cœur peiné et l'esprit vidé. L'impression de porter le fardeau de l'univers entier sur mes épaules. Je n'ai jamais demandé à venir au monde et encore moins à subir ce que je subis. Chaque jour qui se lève représente un jour de galère et de torture pour mon existence qui se consume peu à peu, comme la flamme d'une bougie, la mienne ne va pas tarder à s'éteindre. La folie de la populace a fini par me détruire. Je ne sais pas où la vie me mènera, c'est le néant qui se dessine tout autour de moi. Un vécu très peu joyeux, une vie trop souvent tourmentée, mais comme dirait l'autre c'est la vie par le paradis, alors encaisse et ferme là. De toute manière personne ne pourra rien pour toi. Avance et tu verras bien ce qui t'attendra au bout du tunnel. Le mektoub comme on dit chez moi.

Assis sur une infime partie de trottoir, les genoux recroquevillés contre ma poitrine. Je contemple le soleil se lever, des voitures passent et me reluquent d'un air suspect. Ils doivent probablement se dire : encore un SDF de plus en cette période de froid, il a dû crever sur ce trottoir comme un chien délaissé. Personne ne daigne à bouger le petit doigt ce n'est pas comme ça qu'on sauvera l'humanité. En attendant des jours meilleurs, on fait nos ives sans se retourner sur la misère du monde, pensant qu'un autre le fera à notre place. On se rejette le sale boulot. Sacré cercle vicieux.

Les minutes défilent et dans ma tête c'est un vrai champ de bataille. Les yeux totalement rougis, oui rouge de haine. À cet instant précis je songe réellement offrir mon corps à la science peut-être qu'ils pourront en faire bon usage, car pour l'instant je me sens être dans la peau d'une tarlouze. Incapable de sauver la femme de ma vie. Je sers à quoi réellement. Topo de ma vie, une mère qui rejette sa progéniture, un frère parti rejoindre les cieux, un autre qu'à carrément disjoncter du cerveau, une sœur assassinée sous mes yeux par un crasseux d'inceste et maintenant ma colombe qui s'envolerait rejoindre l'éternité, impensable. Tout ça parce qu'elle a croisé la route d'un être si cruel.

Pourquoi moi ? Une question qui reste en suspens, mais pour combien de temps ? Je pense que je n'aurais jamais de réponse. J'ai beau faire de mon mieux pour m'en sortir et être une personne honnête droite et fiable, mais à quoi bon !

Mon phone sonne. Je décroche :

"Allo !"

"Allo Salim ! C'est moi vient me récupérer. Je crois que j'ai fait une connerie. Viens vite s'il te plaît."

Elle débite tout ça en pleurant et en paniquant.

"T'es où ? dis-moi j'arrive de suite."

"Je suis à l'angle de la 13ième justes à côté du QG."

Elle raccroche aussitôt. Je suis tellement heureux de la savoir saine et sauve. Je monte dans la gova, j'actionne le levier de vitesses, première, deuxième, troisième... En cinq minutes me voilà arrivé. Je me gare et descends de la voiture.

Personne à l'horizon, ça ne présage rien de bon. Un mauvais pressentiment vient me tenir compagnie.

Alors je continue de marcher. Je me dirige vers le QG. J'aperçois au loin un corps inerte sur le bord du petit muret puis une silhouette dressée juste devant. J'accours aussi vite pensant que c'est Lina. Elle est folle d'avoir ramené le corps jusqu'ici.

Alors je hurle au loin :

"Mais pourquoi tu l'as ramené ici ?"

Je me rapproche petit à petit de la vérité. Arrivé devant le corps, je m'aperçois que ce n'est pas celui de Leïla, mais plutôt celui de ma colombe. Plus aucun pouls ne bat, y a plus de vie dans son corps. À cet instant même je suis possédé, sheitane est rentré en moi.

Elle se dirige vers moi et profère :

"Et ouais fallait pas jouer avec le feu. J'ai tout mis en scène pour que tu viennes jusqu'ici. Quand elle t'a appelé c'était un message enregistré. Je l'ai bien torturé, mais elle est tenace ta dulcinée. Salim dis-moi ça fait quoi de voir ce qu'on a de plus cher étalé sans vie comme une vieille merde sur un maudit trottoir. Hein ! Ça fait mal de se dire qu'elle ne sera plus là, qu'elle ne pourra jamais être la mère de tes enfants. Mon amour fallait pas agir comme tu l'as fait, fallait m'aimer comme je te l'ai demandé. Aujourd'hui j'ai tué, les deux êtres qui comptait le plus pour toi. D'abord wadyl qu'est mort comme une vulgaire merde et maintenant la femme de ta vie qui le rejoint. Il ne faut pas s'attaquer à Leïla sans en payer les conséquences."

Mon cœur ne peut plus supporter un seul ses mot.

Je m'approche d'elle, mais aussitôt elle se sauve.

Elle me hurle :

"J'ai fini mon taff. Je te laisse sombrer. Ta vie est terminée Salim. T'entends, tu vas finir comme une loque, ni plus ni moins. Adieu mon amour !"

Gun dirigé vers sa temple. Elle actionne la gâchette et hop en un coup de fumer son corps se retrouve à cogner le sol. Me voici en compagnie de deux corps gisant sans vie.

Je vais me réveiller de ce cauchemar, ça ne peut pas être la réalité. Je me jette à genou, ramasse le corps de ma princesse en essayant de la ramener à la vie, mais comment ramener une personne qui ne respire plus. Alors je me mets à lâcher des larmes de sang. Le cœur totalement éteint plus rien ne me retiens désormais. Je dépose un dernier baiser sur son front. Je me lève prend le gun. J'ouvre le chargeur, il reste un balle. Elle a tout prémédité cette psychopathe. Le chargeur contenait trois balles. Est-ce un signe, où est-ce celle-ci qui me pousse au suicide. Peu importe la raison de la présence de cette balle, je sais qu'elle m'est destiné. Avant d'actionner la gâchette je relis les dernières phrases de mon refrè. J'arrive frère, je vais te rejoindre. Je m'arrête devant une phrase qui fera l'affaire avec le coup de canon que je m'apprête à actionner.

"Ici on est condamnée, alors autant céder frère."

Le coup de canon va venir rejoindre le trou qui se trouve sous ma poitrine. C'est décidé je ne pourrais pas vivre sans elle.

Force et honneur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant