Force et honneur

Moins ta de potes, mieux tu te portes

Moins ta de potes, mieux tu te portes.

"Quand l'amour est intense, on devient naïf par inadvertance."

Le son de la sonnette retentit, j'accours aussi vite pour ouvrir. C'est la livraison qui arrive, j'évite de faire du bruit, afin de ne pas les réveiller. Je ne veux pas qu'elle soupçonne que tout ça vient de chez le traiteur, même si je sais très bien qu'elle finira par me griller. Comme d'habitude, elle a ce don de lire en moi, je crois bien qu'elle possède un sixième sens.

Je retire la nourriture des boîtes et la dispose dans plusieurs plats de présentation. Voilà tout est prêt, un véritable jeu d'enfant.

Je me pose devant la tv, histoire de me vider l'esprit et d'oublier ce fameux SMS. Au moment même où je m'installe, j'entends la voix de mon fils raisonner.

Je file le récupérer. Le cadrant de l'horloge affiche 17h, je me dirige vers notre chambre pour voir si elle va mieux. Une rage indescriptible m'envahit. J'essaie de masquer ma haine, c'est pas le moment qu'une énième dispute éclate.

Je pose Wadyl à côté de sa mère et j'essaie de la réveiller à l'aide de mes caresses.

Wadyl : "Maman, réveilles-toi. Finie la sieste. "

Elle émerge difficilement, elle est toute barbouillée. Je m'approche pour lui déposer un baiser, mais elle me repousse aussitôt en rétorquant.

"Salim, ton parfum me donne mal au coeur."

Elle se lève et tape un sprint jusqu'à la salle de bain. Je crois bien qu'elle est en train de gerber tous ses tripes. Putain ses fameux vomissements ne m'avait pas manqué. Je ne supporte pas de la voir autant galérer. Les gosses c'est à deux qu'on les conçoit, alors pourquoi devrait-elle être la seule à souffrir, c'est injuste ! Je lui en remercie de sacrifier son corps et sa santé pour enfanter ma descendance.

Je la rejoins dans la salle de bain en l'aidant à se relever.

"Ça va, mon cœur ?"

"T'inquiète j'ai l'habitude ça fait trois semaines que c'est comme ça, mais bon tu n'es jamais là, comment tu pourrais le savoir."

Le revers de la médaille a frappé frère. Elle me vomit toutes ses paroles à la figure, comme si elle gerbait toute la haine du monde entier. Sur ces mots-là, elle déguerpit. Les hormones c'est juste la plus grosse escroquerie du siècle. Je la suis jusque dans notre chambre. Elle prépare ses affaires sans dire un mot et part se doucher. Elle m'ignore, je pensais qu'on avait mis les choses à plat, visiblement je me suis trompé. Je ne sais plus sur quel pied danser avec elle.

"L'amour ne dure que trois ans", j'irais bien calotter son auteur. L'amour c'est la plus grosse supercherie de l'univers. On se promet fidélité et amour éternel. Comment peut ton se faire le serment d'éternité, alors qu'à tout moment notre âme peut quitter notre corps. Insensé, cette vie nous pompe tout, jusqu'au dernier sentiment et finira par nous mettre à terre.

Je donne le gouter à wadyl et me pose avec lui devant ce fameux dessin animé, ou le chat court après la souris. Il résume tellement ma vie. Moi, je serais plutôt dans le rôle de la souris, avec toutes ces vermines qui veulent me nuire, mais au final ils finiront tous par se prendre un mur. Ils ont toujours le besoin de foutre leur nez dans ma ive, à croire qu'ils en ont pas assez avec leurs propres soucis. Leurs vies sont tellement récalcitrantes, qu'ils se persuadent du contraire en s'occupant de la mienne. Ils veulent se convaincre que leur existence est meilleure que la mienne. Les vermines sont incrédules par nature, pusillanime par habitude et ignorant par paresse invétérée. Ignorant ou savant ? Tel est l'énigme à résoudre. En ce moment même je me pose moi-même la question.