Mauvais songe

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     Mauvais songe.

"Savais-tu qu'un cactus avait une fleur ? Au milieu des piques se cache un cœur."

Je décroche :

"Allo."

"Allo monsieur B, nous sommes désolés votre femme a fait une énième hémorragie elle n'a pas survécu."

Mes pulsations s'accélèrent de plus en plus vite. Je me lève aussitôt, mes pieds flottent sur le sol. Sans elle s'est la fin de mon monde. y'a pas moyen, si elle part sous terre je la rejoins. Ils scelleront son cercueil avec mon corps à l'intérieur.

Un numéro masqué s'affiche dansant sur les vibrations du phone. J'arrive pas à l'atteindre. Une petite voix hurle le nom de Papa. Je me réveille en sursaut tout en suffoquant. Dieu merci ce n'était qu'un putain de cauchemar. Wadyl me saute dessus. Je reluque l'horloge il est 4h du sbah. Je me suis endormie comme une loque. J'agrippe mon tel.

L'écran affiche "un nouveau message de ma princesse."

"Mon amour, tu me manques. Je me sens si seule sans vous. Bonne nuit mon cœur. Je vous aime mes hommes ❤️💑👪"

Hamdoulilah elle est bel et bien en vie. J'ai juste envie de la serrer fort contre moi. Je recouche Wadyl et me lève faire mes ablutions pour apaiser mon cœur qui a été tourmenter durant ce cauchemar. J'ai un mal de crâne qui filerait la migraine a un efferalgan. J'ai vraiment eu l'impression de vivre ce mauvais rêve.

Je prie pour alléger mon esprit et je retourne au lit auprès de mon fils. Je réponds au message de Lina. La pauvre elle a dû attendre un retour.

"Désolé mon cœur je me suis endormie. Toi aussi tu nous manques trop. Vivement que tu rentres à la maison."

Deux minutes plus tard un bip retentit.

"C'est trop mignon mon cœur."

"Hé tu dors pas ! Ça va ?"

"J'arrive pas à dormir ici. En plus les infirmières rentrent toutes les heures pour prendre ma température c'est relou."

"Courage mon amour. Si je pouvais prendre ta place je l'aurais fait."

"Oooh c'est trop mimi mon cœur. T'inquiète je gère."

"Je t'aime tellement ma femme et je te remercie de sacrifier ta santé pour pouvoir m'offrir un foyer."

"Arrête je vais pleurer là. Ça y est t'as gagné je pleure."

"Oooh non 😱 fichues hormones."

"😂 t'es con. Je t'aime à en crever mon homme."

"Pas autant que moi."

"Oooh si. Aller repose toi chéri. À tout à l'heure. Bisous de partout 😋"

"Huuum arrête de me chauffer c'est cruel là."

"Désolé c'est encore ces fichus hormones."

"Elles me plaisent bien tes hormones là."

"Pervers va ! Aller rendors-toi mon coeur. Bisous 👅"

"Arrête de me chercher ou je débarque à l'hosto maintenant et je te fais ta fête 👋🏼"

"Chéri ceci est un avant goût de nos retrouvailles 👄"

"Bon je vais me rendormir en espérant rêver de ton corps de déesses."

"Lol je vais essayer d'en faire autant. Bonne nuit mon ❤️"

"Bonne nuit mon amour. Je t'aime."

Les jours passent et c'est toujours là même. J'oscille entre la maison, l'hosto et le bureau. Tous les soirs je récupère Wadyl chez halti et je finis par m'endormir avec lui. Quand Lina va rentrer à la maison je sens que ça risque de chauffer sérieusement pour nous. Je l'entends d'ici me hurler dessus, parce que je lui ai donné la sale habitude de dormir avec moi et que maintenant ça va être difficile pour lui de se réhabituer à dormir tout seul dans son lit. Elle me dit tout le temps que je prends les choses à légères. Je suis laxiste selon ses dires. Elle répète inlassablement que nous les hommes on se fiche de tout. Exacte je me fiche de tout et de tout le monde, sauf de vous. Ma femme c'est celle qui me me tire vers le haut lorsque le bas m'interpelle. Si chez certains les paroles partent et les actes marquent. Les naissances marquent et les meilleurs partent. Chez elle tout reste, rien ne fane. Certes elle va donner une deuxième naissance, mais elle ne partira pas. J'ai foi en Allah, car il me connaît mieux que personne. Ne dit-on pas qu'Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Il sait très bien que s'il m'arrache cet être-là, mon âme ne pourra que décéder.

Le dernier jour de son hospitalisation est enfin arrivé. Jennah m'a toujours pas envoyer de message. Tant pis, elle doit sûrement être occupée. Être mère-célibataire, ce n'est pas de tout repos. Courage à celle qui élève leurs marmots seuls, vous êtes des guerrières. Vous faites passer leur bien-être avant le vôtre.

Hassoul, je déguerpis de chez moi. Je pousse le portail. Une silhouette se dresse juste devant. Putain je ne suis pas d'humeur et je n'ai pas le cœur à faire des faux sourires.

Force et honneur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant