Savannah

Chapitre 4

Tim l'avait déposé sans un mot, sans un regard, laissant une tension désagréable entre eux. Lorsqu'elle releva le courrier, son attention fut attiré par une enveloppe portant le logo du chalet. Son cœur bondit hors de sa poitrine lorsque la porte d'entrée claqua et que sa mère l'appela. Elle rangea l'enveloppe dans son sac et décida de ne pas lui en faire part. Suzanne fit son apparition avec des sacs de courses que Savannah aida à déposer sur le plan de travail de la cuisine. Après une brève accolade, les deux femmes rangèrent les courses en papotant de leur journée respective. Savannah omit volontairement de parler de son altercation avec Daphné et de la mauvaise humeur de Tim sur le trajet de retour. Par contre, elle narra le coup de cœur de Judith pour le nouvel élève, Chris, ainsi que sa rencontre avec le coéquipier de Tim. Hector. Elle détailla avec force sa pause déjeuné sous l'arbre avec le jeune homme. Le regard orageux qu'il avait après son altercation avec Peter. À ce souvenir, Savannah sentit ses joues s'enflammer, état, que Suzanne se fit un plaisir de relever avec taquinerie. Elles passèrent le reste de la soirée à parler de choses et d'autres, tout en préparant le repas.

Savannah disparut près d'une heure lors de l'appel de son amie, Judith, dont l'excitation était toujours à son comble. Elles convinrent de se rendre au centre commercial le lendemain après les cours. Rien ne valait une virée shopping entre filles pour parler garçons. Après avoir raccroché avec sa rouquine d'amie, Savannah hésita à envoyer un message à Tim afin de s'assurer qu'il allait mieux. Se souvenant qu'il passait la soirée avec sa copine, elle se ravisa. Après la scène sur le parking, elle ne tenait pas à ce que son coup de fil mette de l'huile sur le feu. Elle décida de ne rien faire et d'attendre la suite des événements. Était-ce la fin d'une belle amitié ? Tim était son ami, sa moitié. Un lien fort s'était tissé au fil des années et plus encore depuis trois mois, lorsqu'il avait découvert ce qu'elle cachait. Cette pensée lui rappela l'enveloppe qu'elle avait rangée dans son sac. D'un bond, elle s'en empara, sortie le pli et se mit à le lire. À la lecture des premiers mots, elle déglutit avec difficulté. Elle dut s'y prendre à plusieurs reprises avant d'en terminer le contenu. À la fin de sa lecture, elle rangea le tout d'une main tremblante dans sa boite. Elle peignit sur son visage un sourire avant de rejoindre sa mère au salon. Dès son apparition sur le seuil de la pièce, cette dernière lança le film.

À l'heure du coucher, Savannah embrassa sa mère avant de disparaître dans sa chambre et d'envoyer un message à Franck.

« Nous avons bien reçu ton courrier, merci pour le petit mot. Je t'embrasse fort, Savannah »

Après avoir envoyé le message Savannah passa à la salle de bains. Dix minutes plus tard, elle se glissa sous ses couvertures et sombra dans le néant du sommeil.

Savannah se réveilla avant la sonnerie de son réveil, la tête encore embrumée par ses songes. Songes qu'elle aurait préféré ne pas se souvenir. Elle prépara ses vêtements avec soin et se faufila sous la douche. Un regard à son reflet lui apprit qu'elle avait visée juste en choisissant cette petite robe crème, pour se donner un look plus bohème, elle se fit deux fines tresses de chaque côté de son visage qu'elle noua ensemble à l'arrière de son crâne avec un ruban marron, le reste resta lâché dans son dos. Une paire de compensée marron plus tard, Savannah rejoignit sa mère à la cuisine.

Suzanne écarquilla les yeux de surprise. Elle n'était pas habituée à voir sa fille se vêtir ainsi, encore moins pour le lycée. Elle leva le doigt et disparut dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, elle réapparut avec un gilet sans manche et une ceinture dans la teinte de ses chaussures. L'ensemble rendait plutôt bien et une fois n'est pas coutume, elle se sentit jolie et féminine.

Savannah se rendit au lycée avec sa mère. Lorsqu'elle sortit de la voiture, elle sentit le poids des regards curieux peser sur elle. Pour la première fois, elle se soumettait volontairement aux jugements d'autrui sans craindre les mauvaises langues.