Savannah

Chapitre 22

Allongée, les yeux rivés sur le plafond, elle réalisa la situation. Hector savait. Il savait tout sur elle à présent. Son secret le plus profond et il n'avait pas fui, enfin si, mais il était revenu.

La porte s'ouvrit sur Sophie, le bras droit de Franck. Une trentenaire au physique athlétique, des cheveux coupés courts et brun et un sourire chaleureux. On ne travaillait pas avec des enfants en étant aigri. Elle referma la porte et son sourire s'agrandit encore.

- Alors toi et le filleul de Franck ?

- Nous sommes dans la même classe et j'ignorais qu'il avait un quelconque lien avec Franck avant de l'accompagner ici.

- Tu l'ignorais ?

Savannah hocha la tête.

- Franck passe un savon à Hector.

- Pourquoi ?

- Il estime que son filleul n'a pas respecté la règle une : ne jamais sortir avec un patient.

- C'est ridicule, de plus, nous ne sortons pas ensemble.

Hector observait son parrain faire les cent pas dans son bureau. Il s'arrachait presque les cheveux tellement, il essayait de se contrôler.

- Tu connais les règles, Hector.

Franck le lui répétait pour la quinzième fois. Certes, il les connaissait et les respectait, mais, bon sang, il n'avait pas fait exprès de... de quoi ? Sortir ? Expérimenter ? Avec une de ces patientes. Ce n'était écrit nulle part sur son front qu'elle était patiente du chalet.

- Je me suis déjà excusé, doc.

- Mais tu refuses de mettre un terme à cette mascarade.

- Ce que je fais avec Savannah, ne te regarde en rien. Tu as peut-être l'impression d'avoir était trahi, mais, ce n'est pas le cas. Savannah est une camarade avant d'être ta patiente. Je n'ai donc enfreint aucune règle et il est hors de question que tes satanées règles me prenne la première personne qui me captive depuis toujours.

- Tu vas y laisser des plumes. Tu dois y mettre fin. Maintenant.

- Cette conversation tourne en rond. Tu ne veux pas entendre raison, et je ne veux pas dire adieu au semblant de bonheur qui s'offre à moi pour la première fois dans cette vie de merde.

- Elle est condamnée, fiston. Je...

- Je ne t'ai jamais vu aussi défaitiste.

- Je ne le suis jamais. Ce cas me perturbe, parce que je me suis attaché à elle. Elle est si innocente, douce et prête à accepter son sort sans... Je serais en colère contre la terre entière à sa place, mais, non. Elle, elle sourit à la vie, aide son prochain et défend encore la veuve et l'orphelin.

- Je ne renoncerais pas à elle.

Franck secoua la tête, ouvrit la porte de son bureau invitant le jeune homme à prendre congé avant de claquer la porte dans son dos.

Savannah retrouva Hector sur les marches à l'entrée de la clinique. En appui sur les mains, légèrement penché en arrière le visage levé vers le ciel, elle le trouva beau dans la réflexion.

- À quoi penses-tu, Baloo ?

- À toi. La maladie. L'injustice. La vie et la mort en général.

- Et à quelle conclusion tu en arrives ?

- Que tu ne devrais pas me rejeter, dit-il avec un sourire ravageur.

- Bien essayé.

Hector se leva, s'avança vers la jeune femme jusqu'à l'acculer contre le mur où il posa les mains de chaque côté de son visage. Il se pencha vers son visage jusqu'à effleurer ses lèvres des siennes.