Chapitre 21

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– Savannah !

Le cri de Jenny retentit dans le bureau comme une sirène d'alarme. Les deux jeunes femmes se tombèrent dans les bras l'une de l'autre.

Jenny portait un foulard sur la tête, sa peau était pâle, les os saillaient sous son T-shirt et malgré ça, elle était toujours pétillante de vie.

Une vraie guerrière.

Jenny lâcha son amie et les mains en porte voix cria.

– Oh seigneur ! Je vais avoir une attaque, le Dieu de la beauté vient de m'apparaître.

Jenny sautilla jusqu'au grand brun et lui sauta dans les bras.

– Dis donc, mes cachetons me filent des hallucinations ou tu embrassais mon amie ?

– Si tu parles de la superbe blonde, il se peut que tu n'hallucines pas.

– C'est une blague ! S'exclama-t-elle d'une voix fluette en retrouvant la terre ferme. Sérieusement, Savannah. De tous les mecs de la terre, il a fallu que tu jettes ton dévolu sur celui qui occupe mes rêves érotiques. Est-ce qu'il est aussi doué que je me l'imagine ? Est-il aussi musclé que le laisse deviné ses vêtements moulants ? Et surtout, te fait-il toujours monter au septième ciel ?

– Jenny ! S'indigna Savannah.

– Quoi ? J'ai le droit de vivre mes fantasmes à travers ma seule amie.

– Tu fantasmes sur Hector ?

Savannah préféra détourner l'attention de la jeune femme sur ses propres rêves, que prendre le risque de devoir répondre à toutes ses questions gênantes.

– C'est le seul mec potable qui passe me rendre visite trois fois par semaine, donc ouais. Alors ?

Hector vint à son secours avec les yeux pétillants de malice.

– Jenny, tu sais bien que tu es la seule qui compte.

Hector déposa un baiser sur la joue de la petite boule de nerfs.

– Alors pourquoi embrassais-tu mon amie, insista-t-elle avec malice.

– Parce qu'elle est hyper douée pour ça, répondit-il avec un haussement d'épaule.

– Tu ne me feras pas croire, à moi, que notre petite vierge est « hyper douée ». Elle mima les guillemets.

Savannah écarquilla les yeux et s'empourpra devant les commentaires déplacés de son amie. Jenny ne mâchait jamais ses mots et ne cherchait pas à faire dans la dentelle.

Hector se tourna vers Savannah avec un sourire de connivence.

– Notre petite vierge !

– La ferme, Poutrel !

Savannah lui donna un coup de poing dans l'estomac. Poing qu'il attrapa afin de l'attirer plus près de lui.

– Tu me donnes envie de t'embrasser encore, pour ne pas dire autre chose, quand, tu me réprimandes

– Tu n'es pas sortable.

Hector s'esclaffa, puis, l'enlaça et plongea son regard gris orageux dans l'océan du sien.

– Sors avec moi ?

– Ma réponse n'a pas changé.

– Tu n'as plus de raison de refuser. Je connais ton secret à présent.

– Le connaître ne change rien. Je ne veux pas de petit copain.

Hector s'approcha de la jeune fille, glissa ses doigts dans sa chevelure de blé, attira son visage vers le sien et l'embrassa avec force. Savannah passa ses bras autour de son cou, et de son bras libre, il ceintura sa taille.

Franck se désola pour son neveu. De toutes les femmes de la terre, il avait fallu qu'il s'amourache d'une de ses patientes. Comment allait-il réagir en découvrant que nul espoir n'était permit pour sa camarade ? Le cœur du médecin se brisa à l'idée de leur infliger cela. Parfois, son métier était vraiment difficile à exercer. Le médecin se racla la gorge.

– Il me semble que vous vouliez que j'examine une main ?

Savannah s'écarta du grand brun avec un sourire gêné. Hector attrapa sa main et l'accompagna à la suite de Franck. Après examen, Franck confirma la luxation diagnostiquée par l'infirmière un peu plus tôt dans la journée. Il questionna sa patiente sur le comment de sa blessure.

– J'ai peut-être donné un coup de poing à Tim.

– Je vois. Je dois deviner le pourquoi, ou tu vas me le dire ?

Savannah jeta un regard à Hector, avant de baisser les yeux et de bredouiller.

– Il trouve ma nouvelle garde-robe un peu trop... vulgaire.

Franck détailla la tenue de sa patiente, lui fit relever la tête et capta son regard avant de répondre.

– Je trouve au contraire que tu es ravissante. Tu t'épanouis de façon spectaculaire.

Une larme roula sur sa joue lorsqu'elle confia le reste de sa conversation avec son ami.

Hector gronda, tandis que Franck secoua la tête tristement.

– Je crois que Tim a simplement peur de te perdre. Jusqu'à présent, il était le seul garçon dans ta vie et à ce que j'ai pu constater ce n'est plus vraiment le cas.

– Tim est ma moitié. Je ne pourrais jamais vivre sans lui, pourtant, je déteste ce que la jalousie le pousse à devenir.

– Il ne sait pas comment réagir à cette nouvelle formation.

– Ça ne lui donne pas le droit de l'insulter, doc, intervint Hector.

Franck jeta un regard à son filleul. Il pouvait lire dans la tension de son corps et dans son regard assassin qu'il était prêt à livrer combat pour la jeune femme.

– Je n'ai jamais dit le contraire, fiston.

– Je vais mourir Franck, si je ne profite pas maintenant, quand vais-je pouvoir le faire ?

– Je n'aime pas t'entendre parler de...

– Vous ne devez pas vous attacher à vos patients, docteur, le coupa Savannah.

– Chaque patient compte pour moi, Savannah.

– Tu ne peux pas tous nous sauver.

– Malheureusement, concéda le médecin. Je veux garder espoir pour toi, ma chérie.

– Je ne veux plus vivre dans l'espoir. Je veux vivre pleinement le reste de ma vie. Qu'elle soit longue ou qu'elle se termine demain, je ne veux aucun regret.

– Tu peux aller voir Sophie pour qu'elle t'immobilise le poignet ?

Savannah entendit la voix du médecin déformée par l'émotion. Elle accepta ce changement de sujet comme il était : une diversion afin de ne pas s'épancher sur sa mort prochaine. Elle déposa un baiser sur la joue de Franck, se leva et se dirigea vers la porte. Alors que Hector lui emboîtait le pas, Franck lui demanda de rester. Le jeune homme hocha la tête, déposa un baiser sur la joue de la jeune femme avant de la pousser vers la sortie d'une main au creux de ses reins.

SavannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant