Chapitre 45

40 5 2
                                    

Décembre...

– Bonzour Sannah !

Savannah leva la tête en direction de la vitre qui lui permettait de voir ses visiteurs. Elle était enfermée dans cette chambre depuis presque trois semaines.

– Gabin ! Petit frère. Comment vas-tu ?

– Ze t'ai amené un cadeau.

– Il ne fallait pas, bonhomme.

– Si ! C'est ton anniversaire. Papa dit que tu vas bientôt te faire opérer. Tu iras mieux après ?

– Joyeux anniversaire !!!

Un cri collectif retentit à l'apparition de sa bande de copains. Judith, Chris, Tim et les membres du groupe. Tous tiennent un paquet dans les mains. Les cadeaux s'empilent dans un coin avec la promesse de pouvoir les ouvrir après la greffe.

Judith s'était senti trahi en apprenant l'état de santé de son amie, surtout en s'apercevant qu'elle était la seule du groupe à l'ignorer. Heureusement, Chris avait plaidé en la faveur de Savannah et trois jours plus tard, le couple rendait visite à la jeune femme sur son lit d'hôpital.

Tout le monde salua le père et le jeune frère de Savannah. La conversation reprit sur un ton badin. Chacun alla de sa petite blague, de sa petite taquinerie cherchant à faire rire Savannah qui luttait pour garder les yeux ouverts. Elle fêtait ses dix-huit, pourtant, elle se sentait la forme d'un octogénaire. Le moral en berne, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Tim posa la main et le front sur la vitre.

Le silence se fit.

– Ma belle, c'est ton anniversaire, tu n'as pas le droit de déprimer.

– Je sais. Je sais.

Savannah essuya ses joues avant d'afficher un sourire d'excuse et de remerciement à son ami. Lucian et Gabin partirent les premiers. Tim et Judith suivirent de près. Sophie passa la saluer à la fin de son service. La journée touchait à sa fin et même si le groupe et Chris cherchaient à la distraire, elle était consciente de l'absence de celui pour qui son cœur battait, Hector. Elle ne cessait de regarder en direction de la porte dans l'espoir de le voir apparaître. La déception s'emparait de plus en plus de son moral.

– Il va venir, douce Savannah. Dit Chris avec un sourire.

– Je ne vois pas de qui tu parles. Se défendit-elle.

Mais aucun de ses camarades ne fut dupe. Ils échangèrent des regards lourds de sens. Était-il avec une autre ? Bien qu'il lui avait garantit qu'il n'y avait qu'elle. Elle ne se sentait pas de taille à lutter contre les autres. Elle était chauve, maigre, les traits tirés... elle n'avait plus rien de féminin, elle se trouvait des allures de fantômes, ou de zombies. L'espoir naquit lorsqu'elle aperçut Jean et Éloïse poindre le bout de leur nez. Après les formules de politesses, le silence gagna une fois encore les visiteurs, tandis, qu'elle laissa quelques larmes s'échapper en constatant qu'une fois encore, il était aux abonnés absents. Jasmine rompit le silence en entrant comme une furie. Elle embrassa tout le monde, puis, déposa un paquet sur la pile déjà bien conséquente.

– Joyeux anniversaire ! Quoi ? Vous en faites des têtes !

– Savannah, ne se sent pas au mieux de sa forme, expliqua Peter.

– Comment tu peux déprimer le jour de ton anniversaire ?

– Je... Je...

– Non ! Je t'interdis de t'apitoyer sur ton sort. Tu as dix-huit ans, bon sang.

– Jas, essaya de la calmer, Alban.

– Non ! Vous ne comprenez pas. Nous avons tous des merdes qui nous tombent dessus. Savannah ! Je t'interdis de déprimer. Tu vaux mieux que ça. Tu...

– Que se passe-t-il, Jasmine ? Où est ton frère ? La coupa Savannah, en sentant son cœur s'alourdir d'appréhension.

– Tu me connais, Save, je n'aime pas mentir...

– Où est-il ? S'énerva Savannah.

Jasmine chercha du soutien auprès des autres. Personne ne pipa mot, ce qui agaça davantage la jeune femme.

– Partez ! Cria la jeune femme.

– Savannah. Appela Éloïse.

– Partez ! Laissez-moi. Je suis fatiguée, dit-elle dans un murmure.

– Ma douce, écoute au moins... commença Chris.

– Non ! Je ne veux pas que vous lui trouviez des excuses. Je veux la vérité. Je pense y avoir le droit.

– OK ! S'exclama Jasmine. Il est avec cette garce de Julia. Elle l'a appelé un peu plus tôt. Je lui ai demandé de ne pas y aller...

– Merci, Jas. Chuchota Savannah en se recroquevillant sous ses couvertures.

– Savannah, pleura la belle brune. Je suis désolée.

Elle attendit que tout le monde parte pour laisser sa peine la submerger.

Hector tomba sur son parrain en pénétrant dans la clinique. Il avait passé des heures à tenter de raisonner, Julia. Elle lui mettait la pression pour qu'ils officialisent leur relation. Surtout depuis l'absence soudaine de Savannah qui laissait place à tout un tas de spéculations. La grossesse étant toujours la favori de ces bouffons de lycéens sans cervelle. Il avait dû repousser ses avances, calmer ses crises d'hystéries, répéter encore et encore qu'il était toujours en couple avec Savannah et que rien ni personne ne changerait ça... enfin, sauf cette merde de cancer qui avait les cartes en main. Franck le serra dans ses bras, ils échangeaient sur le test de paternité programmé après l'opération de Savannah, lorsqu'il vit le groupe, Chris, ses parents et sa sœur sur le point de quitter la clinique. Ils affichaient des têtes de trois pieds de long. L'inquiétude qu'il soit arrivé quelque chose à sa copine l'envahit. Franck le suivit jusqu'aux autres.

– Qu'est-ce qui se passe ? Les interrogea-t-il.

Avant que l'un d'entre eux n'ouvre la bouche, une alarme s'éleva, dans les couloirs. Franck, partit si rapidement, que le jeune homme sut qu'il s'agissait de la femme de sa vie. Le cadeau qu'il tenait à la main, alla s'écraser sur le sol et ses pas le guidèrent jusqu'à la chambre de Savannah. Une équipe médicale s'activait autour d'elle.

– Il faut l'empêcher de s'enfoncer, hurla Franck à son équipe.

– Docteur...

– Non ! Vous ne comprenez pas, elle ne doit pas s'enfoncer, je ne pourrais rien faire, sinon, cria-t-il à son équipe.

Hector s'approcha du lit. Son regard se fixa sur le corps de Savannah qui convulsait. Il demanda à son parrain.

– Elle a signé, n'est-ce pas ?

– Ce matin. Elle est majeure et...

Hector pris le visage de la jeune femme entre ses mains, posa son front contre le sien.

– Reviens, mon ange. Reviens, pour vaincre cette merde. Reviens pour toi. Reviens pour moi. Reviens pour nous. Si cette seule raison n'est pas suffisante, alors, pars. Envole-toi. Libère-toi. Juste, sache que, j'étais sérieux lorsque je t'ai dit que je ne ferai que survivre sans toi. Je t'aime.

Le corps de Savannah se figea, Hector posa ses lèvres sur les siennes et le bip continu de la machine s'éleva.

Hector se mit à pleurer. La maladie venait une fois de plus lui ôter une partie de lui. Il allait devoir avancer sans elle. Sans son amour. Sans son sourire. Sans son rire. Sans ses baisers. Une partie de lui venait de mourir avec elle. Il se laissa entraîner hors de la chambre, dans un état second.

Il passait le pas de la porte lorsqu'il entendit son parrain.

– Puis, merde. Chargez à...

SavannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant