Chapitre 25

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Savannah sortit du lycée presque au pas de course. Elle devait trouver Hector avant qu'il ne quitte l'établissement. Et comme jamais rien ne se déroulait comme elle l'espérait, son professeur l'avait retenue après l'heure pour la féliciter de ses efforts. Ce qui expliquait qu'elle courrait presque en arrivant sur le parking.

Essoufflée, elle chercha la moto de Hector. Elle n'était pas à sa place. Ce constat la chamboula plus que de raison. Épuisée par sa course, elle se laissa tomber sur les marches. Les coudes sur les genoux, elle se prit la tête entre les mains. Elle avait envie de pleurer. C'était stupide de pleurer pour si peu, mais, elle avait espéré pouvoir l'accompagner chez Franck, elle avait besoin d'être entouré de personnes comprenant son chagrin. Elle y avait réfléchi toute l'après-midi et elle en était venue à la conclusion que s'il ressentait le besoin de boire pour encaisser la nouvelle, cela voulait probablement dire qu'il vivait la perte de Jenny aussi mal qu'elle. Il était confronté à la douleur liée à la mort depuis plus longtemps qu'elle. Ce genre de choses arrivait trop souvent dans une clinique spécialisée comme le chalet. Pour autant, Jenny était encore une jeune femme, qui hier encore se battait pour survivre à la maladie. Était-ce l'issu qui l'attendait ? Combien de temps encore allait-elle résister ? Combien de temps la maladie mettrait-elle à atteindre son but ? Aurait-elle la force et le courage de Jenny et affronter la mort avec le même goût de la vie ? Jenny ne se refusait rien. Elle vivait et prenait ce qu'elle voulait quand elle le voulait.

« On a qu'une vie, Savannah ! »

voilà ce qu'elle lui répétait depuis leur rencontre.

- Savannah ?

La voix grave de Hector sortit Savannah de ses lamentations. Elle se jeta au cou du grand brun. Il recula jusqu'au garde-corps, s'y appuya et la plaça entre ses jambes.

- Que s'est-il passé ?

- Je n'ai pas vu ta moto et j'ai cru que tu étais parti.

Hector rit dans le cou de la jeune fille.

- T'es incroyable. Te mettre dans un tel état parce que tu n'as pas eu ton baiser de fin de journée, je trouve ça plutôt mignon.

D'un doigt sous le menton, il lui releva le visage vers le sien. Elle se mordit la lèvre, inspira profondément et se lança.

- J'aivuavecmamèrepourt'accompagnerchezFranckelleestok.

- Si tu l'as refaisait plus lentement.

Savannah reprit son souffle. Elle appréhendait la réponse du jeune homme et malgré son désir d'être auprès de lui pour le soutenir, elle ne pouvait pas s'imposer. S'il refusait, elle devrait l'accepter.

- J'ai vu avec ma mère pour t'accompagner chez Franck, elle est OK... à condition que tu sois d'accord.

- Mon ange, je serai ravi de t'emmener, mais pour avoir déjà vécu cette situation, je peux te dire que nous ne serons pas beaux à voir. Je ne serai probablement plus en état de m'occuper de moi-même alors m'occuper de toi.

- Raison de plus, je pourrais m'assurer que vous ne manquiez de rien. Sauf, si ma présence dérange.

Hector effleura ses lèvres.

- Veux-tu que l'on passe prendre un de tes pyjamas dont Tim a parlé ?

- Crois-tu que se soit raisonnable ? Je ne suis pas certaine qu'avec autant d'alcool dans le sang tu saches te contrôler.

Elle le taquinait, il le savait.

- Je sais me tenir, mademoiselle. De plus nous ne serons pas seuls. Tu n'as rien à craindre, promis, juré.

SavannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant