Chapitre 28

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Suzanne attendait sa fille blottit sous un plaid sur le canapé. Elle avait besoin de s'assurer que Savannah allait bien. Après sa conversation avec le docteur Gibson, son instinct maternel la poussait à la surprotéger, à la couver. Pourtant, si elle venait à agir ainsi, sa fille et elle passeraient leur temps à se chamailler et le temps n'était plus aux désaccords.

Lorsque Savannah entra chez elle, Tim sur les talons, ils furent accueillis par le silence.

- Ta mère n'est pas là ?

Suzanne les appela depuis le salon.

- Tu as ta réponse.

Les deux amis entrèrent dans la pièce, Suzanne eut un hoquet de surprise en découvrant le visage tuméfié de Tim. Il grimaça lorsqu'elle tendit la main vers lui.

- J'espère que tu as mis celui qui t'a fait ça au tapis. Quel genre de personne peut faire une chose pareille.

- À vrai dire, j'ai ouvert les hostilités.

- Quoi ? Mais...

- J'ai agi sans réfléchir.

- Tu peux le dire, le tança Savannah depuis le fauteuil à l'autre bout de la pièce.

- Je ne m'excuserai pas, ma belle.

- Je ne t'en demande pas tant, beau blond, seulement, vous êtes amis, vous jouez ensemble et il est important pour moi.

- Tu as frappé Hector ? S'étonna Suzanne. Mais pourquoi ?

Tim haussa les épaules avant de répondre.

- Savannah a passé la nuit avec et je l'ai retrouvé en larmes, je n'ai pas cherché à comprendre, j'ai envoyé mon poing dans le nez de Poutrel. Je crois que j'étais... Jaloux.

- Oh Tim, soupira Suzanne, tu ne peux pas la culpabiliser de s'intéresser à un garçon. Tu as Daphné.

- Je ne comprends pas mon comportement, elle est déjà sortie avec des garçons et je n'ai jamais réagi aussi violemment.

- Cette fois tu connais le garçon en question. Tu dois certainement sentir qu'il pourrait prendre une place importante dans la vie de ton amie et tu as peur de perdre la tienne.

- J'ai peur de la perdre, simplement. Ce que je regrette de ne pas être compatible.

- Et moi donc, soupira Suzanne, surtout maintenant.

- Surtout maintenant ?

- Oui, le décès de Jenny...

Tim tourna vivement la tête vers son amie qui s'enfonça dans le fauteuil, cherchant à se soustraire de son regard assassin. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre la crise de larmes de la veille. Ni celle d'aujourd'hui. Il avait cru que Poutrel l'avait blessé, mais, elle souffrait. Elle pleurait la perte d'une amie et elle l'avait tenue à l'écart. Il lui en voulut de l'exclure une fois de plus de sa vie. Il connaissait Jenny. Il savait que les deux jeunes femmes s'étaient liées rapidement d'amitié.

Tim se laissa tomber sur le canapé, la tête entre les mains. Il ne voulait pas perdre son amie. Sa moitié. Pourtant, il devait reconnaître que depuis trois mois, il se levait chaque jour avec cette boule au ventre. La verrait-il pour la dernière fois ? Lui sourirait-elle pour la dernière fois ? Chaque réveille était peut-être le dernier pour elle. Le décès de Jenny réveillait ses terreurs. Il prenait conscience du manque de temps que lui accordait la vie. Pouvait-il continuer à se voiler la face ? Pouvait-il prendre le risque de vivre avec des regrets ?

Soudain, Savannah bondit sur ses pieds, en s'écriant « coiffeur ». Avant qu'il ne réagisse, la jeune femme avait quitté la maison. Suzanne lui adressa une moue dubitative tout en haussant les épaules. Il lui parlerait plus tard. Il devait lui parler.

Savannah, entra en trombe dans le salon en s'excusant. La coiffeuse, une grande blonde au sourire facile balaya ses excuses d'un geste de la main avant de l'installer sur un siège face au miroir. Elle questionna la jeune femme sur ses envies. Savannah lui expliqua qu'elle souhaitait raccourcir. Tout en expliquant Savannah posa la main au dessus des épaules. La coiffeuse écarquilla les yeux.

- Vous êtes certaine ? Vous devriez commencer par quelques centimètres, histoire de...

- Certaine. Coupez.

La coiffeuse désigna le bac à shampooing. Savannah s'y installa, ferma les yeux et laissa les mains magiques de la coiffeuse faire leur office. Après quelques minutes, la coiffeuse se racla la gorge. Lorsque Savannah ouvrit les yeux, elle vit qu'elle semblait... apeuré ?

- Je suis désolée. Je ne comprends pas. Je vous jure que...

Savannah se redressa et découvrit des poignets de cheveux dans le bac. Elle ferma les yeux et ravala ses larmes. Lorsqu'elle les rouvrit, elle rassura la femme en lui expliquant la situation. Cette dernière le visage grave, acquiesça. Il n'était plus vraiment question de couper. Cela se serait avéré inutile. Elle demanda donc à la professionnelle de lui raser le reste. Avec un sourire, cette dernière obtempéra.

Savannah s'observait dans le miroir en se touchant le crâne... chauve. Elle sourit à son reflet malgré les larmes qui roulaient silencieusement sur ses joues.

- Souhaitez-vous, voir nos perruques ? Questionna la coiffeuse dans son dos.

Savannah hocha la tête. Quelques minutes plus tard, Lyse, sa coiffeuse qui lui avait demandé de l'appeler par son prénom après un énième « merci, madame » revint avec deux perruques blonde à la main. La première, était mi-longue, la seconde était un carré plongeant. Savannah n'hésita pas une seconde pour désigner cette dernière. La couleur correspondait, à peu de chose prêt, à sa couleur naturelle et le côté court donnait un peu plus de maturité à son visage. Un sourire illumina son visage. Ce fut donc heureuse qu'elle quitta le salon de coiffure.


SavannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant