Chapitre 6

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- Vous devriez y aller, s'excusa Savannah en se tournant vers les problèmes.

Daphné se tenait droite, un sac de la boutique de lingerie à la main. Elle adressa un sourire arrogant à Savannah, avant de poser les yeux sur Hector.

- Tu sais Hector, je pensais que tes goûts en matière de femmes étaient plus sûrs. Je ne t'aurais jamais imaginé te rabaisser au niveau de cette catin.

Jasmine ouvrit la bouche, mais Hector la devança.

- Je ne suis pas Smith, Daphné. La façon dont tu t'adresses à mes amis à de l'importance pour moi, alors, petit conseil, surveille ton langage devant moi.

- Alors les rumeurs sont vraies ? Intéressant. J'espère que tu t'es protégé ? Dans le cas contraire attends-toi à ce qu'elle te colle sa grossesse sur le dos.

Savannah porta une main à sa bouche, l'autre à son ventre. Les paroles de la pom-pom girl expliquaient la colère de Tim. Il avait eu vent de cette rumeur et il y avait cru. Comment avait-il pu lui accorder ne serait-ce qu'une once de vérité ? Ne la connaissait-il pas suffisamment ? Tout le monde la dévisageait interdit, sauf Hector qui vint se poster à ses côtés. Il passa un bras autour de sa taille et ce simple geste, lui donna la force de tenir debout.

- Qui t'a parlé de ça ? Questionna Hector.

- Tu connais les règles, Poutrel. Ne jamais révéler une source.

- En voilà une autre que tu devrais suivre. Ne jamais colporter une rumeur sans en avoir vérifié sa véracité.

- Voyons Poutrel, ricana Daphné, il n'est pas compliqué d'additionner un plus un. Les nausées matinales, la fatigue...

- Savannah n'est pas enceinte et dans le cas contraire, je ne vois pas en quoi ça te regarde... à moins que tu ne soupçonnes Smith d'en être le père ?

Le sourire de Daphné s'effaça aussitôt, son visage vira à l'écarlate lorsqu'elle reprit la parole.

- Je saurais lui faire oublier sa pu...

- Fais gaffe à ce que tu vas dire, gronda Hector en guise d'avertissement.

- Soit. Amuse-toi avec ton nouveau jouet et ne viens pas te plaindre quand elle s'arrondira. Je t'aurai prévenue. Ciao.

Daphné tourna les talons et s'éloigna d'une démarche chaloupé. Savannah ne parvint pas à détourner les yeux et encore moins à retenir ses larmes.

- Putain ! Jura Jasmine. C'était qui cette garce ?

- La petite-amie de Tim. Elle a une dent contre Savannah à cause de leur complicité, répondit Judith.

Jasmine posa une main sur l'épaule de la petite blonde et l'attira dans ses bras en remarquant ses larmes.

- Chut ! Elle ne mérite pas tes larmes. Sérieusement, Savannah, tu dois...

- Je ne suis pas enceinte, Jasmine. Je ne le serais probablement jamais, alors, entendre... je viens de réaliser que je ne donnerais jamais la vie.

- Voyons, ma douce, tu es bien jeune pour présager une telle éventualité.

Le téléphone de Savannah sonna, après avoir vérifié l'identité de son correspondant, elle y répondit.

- Comment tu as pu croire que j'étais enceinte ?...

Elle ne laissa pas le temps à Tim de répondre.

- Si une personne sur cette terre sait que c'est impossible, c'est bien toi, mais non ! Tu préfères croire ta petite copine, plutôt que de penser raisonnablement.

- Ma belle...

- Épargne-moi les « ma belle », veux-tu ? Je te pensais mon ami, mais, je commence à me poser des questions.

- C'est justement...

- N'ajoute pas un mot. J'ai besoin de temps, Tim.

- Ne me repousse pas...

- Tu ne me laisses pas le choix. Je ne peux pas mener plusieurs combats en même temps.

- Tu n'es pas seule, je suis là.

- Tu m'as blessée, Tim...

- Je suis...

- Moi aussi, je suis désolée. Je préférerais que tu ne passes pas ce soir et que tu ne viennes pas me chercher demain. Nous nous verrons au lycée.

- Ma belle, souffla Tim dans le combiné, je t'aime.

- Je sais.

Savannah coupa la communication avant de s'effondrer en larmes. Jasmine la prit dans ses bras. Elle lui frotta le dos, en lui murmurant des mots apaisants. Quand ses larmes se tarirent, elle inspira profondément avant de s'écarter de la brune. Elle s'excusa de s'être laissé aller ainsi. La petite brune balaya ses excuses d'un geste de la main, c'est alors que Savannah s'aperçut que les autres avaient disparu. Elle interrogea la sœur de son camarade qui la conduisit jusqu'à eux . Tous les trois étaient attablés à un café. Après quelques minutes, Hector rompit le silence.

- C'est pour ça que Smith s'est donné en spectacle ce matin ?

- Il semblerait, répondit Savannah avec un haussement d'épaule.

Hector grogna et Jasmine posa une main sur son avant-bras.

- Du calme Baloo, le provoqua sa sœur. Il avait peut-être des raisons de penser que ça pouvait être vrai.

Elle jeta un regard à Savannah comme pour obtenir confirmation de ce qu'elle avançait. Cette dernière baissa les yeux en rougissant, comprenant le sous-entendu de Jasmine.

- Savannah ? L'appela-t-elle. Avait-il une raison de penser que cette rumeur soit vraie ?

- Je ne couche pas avec Tim, se défendit-elle. Je sais ce qu'on dit de moi au lycée, que je suis une fille facile, que je fais des trucs pas croyable au lit, des trucs à faire perdre la tête aux garçons. Que je propose des services... Je sais que cette rumeur vient de Ricky. Après notre rupture l'an dernier, il s'est mit à balancer ce genre de chose.

- Petite cachottière, s'amusa Jasmine en se penchant sur la table les bras croisés. Qu'est-ce que tu as fait à ce fameux Ricky pour qu'il gère si mal votre rupture ?

- J'ai refusé de coucher avec, répondit-elle simplement.

Jasmine se renfonça dans sa chaise et croisa les bras sur sa poitrine. Elle fronça les sourcils et plongea son regard dans le lointain semblant réfléchir à quelque chose. Puis, elle prit la parole sans regarder personne.

- J'ai connu un Ricky au lycée. Un enfoiré de première, tu peux me croire. Nous ne sommes sortis qu'une fois ensemble, ça a suffit à ce salaud pour faire croire à ses potes, que j'avais couché avec lui. Après cette soirée, j'avais le droit à une allusion sexuelle, un geste obscène, une insulte ou des invitations à se retrouver plus tard. Tous les jours sans exception.

- Qu'as-tu fait ? s'enquit Judith.

- Je suis allé chez ma gynéco, j'ai demandé une attestation de virginité et je l'ai agrafé partout dans le bahut.

- Non ! S'exclamèrent les filles en chœur.

- Oh si ! Dit-elle en les regardant droit dans les yeux un sourire satisfait sur le visage. Ce jour-là, tout le monde me montrait du doigt ou chuchotait sur mon passage, mais ce que je retiens, c'est que sur le passage de « Ricky » les autres se moquaient.

- Pourquoi ? Demanda Savannah avec curiosité.

- Sur les photocopies que j'avais gentiment dispersées, j'avais ajouté en lettre rouge « Trop petite pour déflorer ».

SavannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant