Chapitre 20

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Franck prit la jeune femme par les épaules et la conduisit jusqu'à son bureau où il l'installa sur le fauteuil face au sien avant de lui tendre un verre d'eau. Il lui sourit tristement, conscient du drame qui venait de se dérouler sous ses yeux. Être témoin du malheur d'un membre de sa famille n'était jamais chose aisée, pensa la jeune femme en lui rendant son sourire.

– Il m'avait parlé de son parrain médecin, j'ignorais qu'il s'agissait de toi, autrement je n'aurais jamais accepté qu'il m'amène, se sentit-elle obligée de faire savoir.

Franck soupira profondément en secouant la tête d'impuissance.

– Hector affronte la mort bien trop souvent, et chaque fois, c'est une blessure. Il peut prétendre qu'il sait exactement à quoi s'en tenir avec le cancer, la douleur n'en est pas moins présente.

– Je n'aurais jamais dû accepter son amitié en me sachant condamnée.

– Je connais mon filleul. Tes chances de le garder à distance devaient être de l'ordre de... 0 %.

Savannah sourit plus largement à son médecin.

– Je n'en reviens toujours pas que vous soyez de la même famille. Vous ne portez pas le même nom.

– Jean est en fait, mon meilleur ami. Nous nous connaissons depuis toujours, nous sommes comme des frères. Tu connais l'adage « on ne choisit pas sa famille, mais ses amis » ? Hé bien, dans notre cas, nous avons choisis notre famille. D'aussi loin que je me souvienne, c'est ainsi que nous nous considérons, comme des frères. D'ailleurs, j'ai immédiatement accepté le rôle de parrain que me proposer Jean.

– C'est beau une telle amitié.

– Tu connais ça avec Tim, je me trompe ?

– Entre un gars et une fille, la frontière est mince entre, amour et amitié.

– Tu penses être amoureuse de lui ?

– Je sais que je le suis.

– Dans ce cas pourquoi ne pas le lui dire ?

– Je vais mourir, Franck. Quel intérêt de le faire souffrir davantage ?

– Tu t'empêches de vivre ta vie pleinement. Tu dois profiter de ce qui t'es offert.

– Je peux te poser une question ?

– Je t'écoute.

Avant que Savannah ne puisse poser sa question, la porte du bureau s'ouvrit lentement. Hector entra les mains dans les poches, la tête baissée. Il s'arrêta à quelques pas du duo et s'excusa pour son comportement.

– Je comprends ta réaction et je ne m'attendais pas à moins, répondit Savannah. C'est effrayant d'être confronté à la maladie et...

– Tu crois que je suis effrayé ?

Hector plongea son regard orageux dans l'océan des siens. Il s'avança vers elle et lui prit le visage entre les mains.

– Je n'ai pas peur de la maladie, affirma-t-il. Hé, oui, je suis en colère. Je suis en colère parce que je ne m'y attendais pas. Je suis en colère parce que je comprends tes réactions à présent. Et je suis en colère, parce que j'ai encore envie de faire de toi, ma petite amie.

Ses lèvres se posant sur les siennes empêchèrent Savannah de répondre.

SavannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant