Savannah

Chapitre 8

Le lendemain, Savannah se fit accompagner au lycée par sa mère. Elle venait à peine de franchir les portes du bâtiment que Tim l'enlaça. Il l'embrassa sur le front et le nez, puis, traversa le couloir en sa compagnie. Un attroupement attira leur attention, Tim lui prit la main et ils se frayèrent un chemin à travers la foule, jusqu'à tomber sur ce qui provoquait ce capharnaüm. Sur le casier de Ricky était écrit en lettre rouge.

« P'tite bite »

Ricky cherchait le responsable dans la foule, puis ses yeux s'arrêtèrent sur Savannah. Il pointa un doigt sur elle, Tim passa de l'un à l'autre avec incrédulité.

– C'est toi qui es derrière tout ça, petite salope que tu es.

Avant qu'elle ne puisse répondre Hector fendit la foule et se posta les bras croisés devant un Ricky furibond.

– Qu'est-ce qu'il y a « p'tite bite » ? Tu aurais préféré menteur ? Imposteur ?

– De quoi tu parles, Poutrel ?

– Tu sais exactement à quoi je fais allusion.

Ricky éclata de rire.

– Bon sang Poutrel, tu t'es fais avoir comme un bleu, si tu crois qu'il ne s'est rien passé entre elle et moi. Parce que bon sang, j'ai pris mon pied en baisant cette chienne...

Des rires fusèrent, et des doigts désignèrent Savannah. Elle sentit la peur, la honte la gagner.

Hector empoigna Ricky par le col et le plaqua contre les casiers faisant taire la foule au passage. Il plaça une feuille de papier sous le nez de son coéquipier, ce dernier commença sa lecture, puis, releva le menton vers Hector.

– Dommage pour toi, mec.

– Regarde la date... Mec.

L'expression arrogante de Ricky passa de, arrogante a... apeurée ? Que pouvait bien lui montrer Hector.

Tim s'écarta de Savannah et alla poser la main sur le bras de Hector.

– Qu'est-ce qui te prend de péter les plombs pour une histoire vieille comme Mathusalem ? Tu veux être suspendu pour le match ?

Hector ignora son capitaine, rangea sa feuille et ajouta à l'attention de son coéquipier.

– Deux solutions pour expliquer cette situation...

Hector se pencha à l'oreille de son coéquipier et le reste de sa phrase se perdit dans les chuchotements de la foule.

Savannah, malgré sa concentration, ne parvint pas à entendre le reste de la phrase. Un regard alentour lui apprit qu'elle n'était pas la seule à essayer d'entendre.

Ricky poussa le grand brun, malgré la force qu'il avait déployée, Hector ne s'écarta de son coéquipier que de lui-même.

– Va te faire foutre, Poutrel. Cette fille vaut-elle vraiment la peine de faire partir à vau-l'eau l'harmonie de l'équipe ?

– Tu as dix secondes pour te décider, mec. Au-delà, tu seras seul responsable des conséquences.

– Sérieusement, Poutrel. Tu vas prendre le risque de tout foirer pour une catin ?

– Dix... Neuf... Huit... Sept... Six...

– Tu n'oseras pas.

– Cinq...

Ricky croisa les bras sur son torse défiant le grand brun d'un sourire confiant sur le visage.

– Quatre, trois...

– OK ! OK ! Je n'ai jamais couché avec.

– Deux...

– Je te présente mes excuses, Savannah. Je n'ai pas l'habitude qu'une fille me dise non, et j'ai mal réagi à ton rejet. Afin que ce soit clair pour tout le monde, j'ai inventé tout ce qui concerne Savannah. Satisfait ? Demanda-t-il à Hector.

– Très. Au fait...

Tout comme un peu plus tôt, Hector termina sa phrase de façon à ce que seul Ricky entende.

– Espèce de fils de...

Hector claqua de la langue. Ricky bouscula la foule et partit en jurant de s'être fait avoir. La foule se dissipa. Il n'y avait plus rien à voir. Savannah resta là, et scruta Hector avec suspicion.

– Cap'taine, Savannah. Belle journée, n'est-ce pas ?

– On en reparle à l'entraînement, gronda Tim qui n'accorda qu'un regard d'avertissement à son ami avant de s'éloigner d'un pas raide.