Klaus serra ses mains sur le volant en tapotant ses doigts nerveusement dessus à mesure que la jeune femme pédalait. Avait-elle senti sa présence ? À première vue, Klaus conclut que non. Elle était bien trop occupée à rouler les cheveux au vent. Et pourquoi avait-il monté la garde toute la journée au lieu d'aller visiter son nouvel appartement ? Klaus se raidit quand elle tourna son visage diaphane sur la gauche pour tourner. Sa bouche se déforma longuement alors qu'il continuait de la suivre à distance. En réalité, il n'avait pas supporté qu'elle s'éloigne de lui en lui faisant clairement comprendre qu'elle ne souhaitait plus jamais le revoir. Et pourtant, arrivé au feu rouge, Klaus aurait dû tourner à droite et passer à autre chose, oublier cette fille à la tignasse rousse. Au lieu de ça il la suivit en tournant à gauche tout en grognant lorsqu'elle souleva son fessier de la scelle pour prendre de la vitesse. Et dire qu'il devait sa liberté à cette jeune femme...
Il se frotta la barbe en ralentissant lorsqu'elle monta sur un trottoir pour s'arrêter devant un immeuble. Alors Klaus décida qu'il était temps de mettre un terme à cette histoire. Il accéléra devant l'immeuble et croisa son regard bleu sans qu'elle puisse le voir. Ce qu'il perçut dans cette dernière image d'elle, ce fut un voile de tristesse, un tremblement d'épaules puis plus rien. Klaus accéléra en passant une vitesse et disparut vers le nord de Manhattan. Longuement, il resta devant la tour de verre, le moteur coupé, mains crispées sur le volant. Ce fut qu'après un long moment seul à songer à l'avenir et à celui qu'il réservait aux traîtres qui lui avaient tourné le dos qu'il quitta sa voiture pour pénétrer dans la tour de verre.
- Monsieur Kreighton, salua un homme avec une mallette à la main ; C'est un honneur pour moi de vous rencontrer.
En baissant le regard sur cet homme au gros ventre, Klaus remarqua qu'il avait des filets de sueur sur le front. Peur ? Intimidé ? Klaus ne s'attarda pas sur le sort de cet homme et lui ordonna de lui montrer l'appartement.
Quand l'ascenseur s'ouvrit, Klaus pénétra dans un salon vaste et déjà aménagé selon ses désirs. Le sol était noir, les plafond parsemés de lumières. Les tons étaient sombres, le mobilier moderne. Tout était parfait. Inutile d'en voir plus.
- Je le prend, lâcha-t-il à la plus grande surprise de l'agent immobilier.
- Mais vous êtes sûr ? S'enquit-il en desserrant sa cravate ; Vous ne voulez pas faire la suite de la visite.
- Plus que sûr, affirma-t-il fermement ; Il est à moi, peu m'importe le prix.
Cette fois-ci l'agent essuya son front avec un mouchoir en souriant.
- Très bien ! Je vais m'occuper des papiers tout de suite.
- Faites donc, dit-il en retirant sa veste pour la jeter sur son nouveau canapé.
Impassible, il se mit à fouler son nouveau salon, puis se posta devant les baies vitrées en soupirant le regard rivé sur l'horizon plongé sous un ciel rougeoyant.
Son téléphone portable sonna. Klaus le sortit de sa poche pour répondre à Tyler.
- Alors ? Ton nouvel appartement te plaît ?
- Il est parfait, murmura-t-il en enfonçant sa main libre dans la poche de son pantalon.
- Tes anciennes affaires sont dans la chambre principale, lui annonça-t-il sur un ton lent et satisfait ; J'étais sûr qu'il te plairait, alors j'ai avisé.
- Merci mon ami, le remercia-t-il en s'approchant du bar pour en sortir une bouteille bourbon.
Seigneur, voilà si longtemps qu'il n'avait pas touché à un verre de ce liquide ambré qu'il le savoura en fermant les yeux. Seulement il ne s'attendait pas à voir le visage de la jeune femme s'imprimer devant lui. Pour y échapper il rouvrit les yeux.
- Je suis vraiment content que tu sois de nouveau parmi nous Klaus, lança Tyler avec une sincérité qui le troubla ; Tu n'imagines pas à quel point tu viens de secouer la planète entière. Les journalistes te cherchent partout dans New-York.
- Laisse-les s'épuiser, murmura-t-il en reposant son verre sur la table en verre ; Bientôt je donnerais une interview au daily-new, cela me permettra d'apaiser les rumeurs.
- Oui, c'est une bonne idée car les esprits s'échauffent, confirma Tyler légèrement inquiet ; Certains disent que tu as...
- Peu m'importe Tyler, coupa-t-il en serrant le poing ; Bientôt, tout sera révéler en son temps, lui promit-il le regard déterminé.
Il raccrocha mâchoires serrées. Et la journée semblait loin d'être finie, songea-t-il en voyant les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur Daniela. Pas la moindre émotion ne le traversa en la voyant presser le pas pour se jeter à son cou.
- Oh Klaus !
Il jura entre ses dents tout en prenant ses bras pour qu'elle se détache de lui. Osait-elle vraiment le prendre pour un imbécile ?
- Daniela, dit-il froidement ; Comment fais-tu ? Demanda-t-il en lui prenant le visage en coupe.
Incrédule, celle-ci n'avait rien perdu de sa condescendance inscrite sur son visage. Elle souriait, essayant de lui caresser le torse.
- Comment je fais quoi ? Minauda-t-elle en se mordant la lèvre sensuellement ; Je suis contente que tu sois enfin sortit de prison.
Fermement, Klaus l'obligea à le regarder dans les yeux et s'approcha lentement de ses lèvres.
- Comment fais-tu pour te regarder dans le miroir après ce que tu m'as fait ? Susurra-t-il froidement.
L'air hébété, elle le dévisagea en battant des cils. Klaus relâcha brutalement son visage pour aller récupérer son verre.
- Tyler m'a fait part de tes petites parties de jambe en l'air, tu pensais sincèrement pouvoir me tromper sans que je le sache ? Cracha-t-il d'une voix morne ; Ma pauvre Daniela, tu me fais beaucoup de peine.
- Écoute Klaus...
Avec autorité, Klaus leva sa main pour la faire taire.
- Tes explications ne m'intéressent pas Daniela, coupa-t-il avec froideur ; Tu es comme toutes les autres femmes, c'est bien pour cette raison que je ne me suis jamais ouvert à toi.
- C'était une erreur Klaus ! Se justifia-t-elle en s'approchant avec un rire nerveux.
Klaus se retourna violemment.
- Lequel était erreur ? S'informa-t-il avec sarcasme ; Hum ? Il me semble qu'il y en avait plusieurs...rassure-moi Daniela, as-tu eu le réfléchi d'en garder un ? Car je n'ai pas la moindre intention de te reprendre.
- Mais je t'aime !
Le verre qu'il tenait entre sa main explosa dans sa paume. Elle sursauta en poussant un cri à la hauteur des entailles qui venaient de s'enfoncer dans sa peau.
- Que sais-tu de l'amour ! Rugit-il en faisant un pas vers elle la rage au ventre ; Tu ne sais rien...de moi, pars d'ici immédiatement sale....
Daniela écarquilla les yeux mortifiée et s'empressa de rejoindre l'ascenseur.
- Pars ! Cria-t-il de nouveau en la menaçant du regard.
La fureur qui se diffusait en lui n'avait d'égale à la douleur que lui provoquait cette haine qui ne le quittait pas. Dans le noir, Klaus leva sa main tremblante pour l'examiner, respirant par saccade. Ce ne fut qu'à cet instant précis que Klaus réalisa qu'il était sorti de prison. Que toutes années passées dans le noir à ruminer sans cesse ne l'avaient guère aidé à apaiser ses souffrances intérieures.
" La haine est une arme imparfaite " lui avait répété son père durant toute sa vie.
Et s'il laissait sa haine prendre le dessus, Klaus deviendrait vulnérable. Or il ne pouvait pas se le permettre.
Seul dans son nouveau lit après avoir soigné ses plaies, Klaus s'était endormi et avait fait un curieux rêve. Un rêve qui lui avait fait ouvrir les yeux lentement, sourcils froncés.
Il se leva de son lit pour aller fouiller dans ses affaires. Il en sortit un dessin, à moitié fini...un visage esquissé. Un regard qu'il peinait à oublier.
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Pour l'honneur de Klaus Kreighton ( Dangereuse obsession )
RomanceKkaus Kreighton....Ce nom hante les nuits de Meredyce depuis cinq ans. Cet homme que l'on a rendu coupable d'un crime dont elle a été témoin. Mais était-ce vraiment l'homme qu'elle a vu dans l'ombre cette nuit-là ? Qui était cet inconnu qui l'a cach...