La croisée des chemins

324 57 8
                                    

« C'était le meilleur moment de ma vie, Shikkie. » « Ah oui ? »

Leo s'allongeait à ses côtés, reprenant doucement sa respiration, le médecin glissait sur le côté, observant le jeune, faisant glisser ses doigts sur la peau humide de sa clavicule jusqu'à son aine. « Arrête je suis sale. » « Tu n'es pas sale Leo. » « Non je parle pas de... tu sais... Je dis juste qu'on est tout poisseux de notre petit sport. Tu devais vraiment être en manque. » « Peut-être » « Depuis combien de temps ? » « De ? » « Que... Que tu n'avais pas.... » « Coucher avec quelqu'un ? » « Hmm » « Je dirais au moins 3 ans. » « Tu as du avoir beaucoup de conquêtes pour être si doué... » « En quelque sorte... »

Le médecin avait du mal à parler de cette partie de sa vie, il se rendait compte maintenant à quel point cela avait été destructeur pour lui mais surtout ses conquêtes, qui pour certaines étaient vraiment amoureux ou amoureuse de lui et avec qui il avait joué juste pour tirer son coup... Tout comme le faisait les clients de Leo...

Il y avait un silence dans la pièce. Leo voulait savoir ce que pensait Wonshik alors que ce dernier continuait ses caresses doucement, l'esprit déconnecté. Le jeune homme se redressait et l'embrassait, surprenant le médecin. « Je ne sais pas à quoi tu penses mais ce n'est pas ta faute, je te pardonne et je t'aime » « Moi aussi je t'aime Leo. C'est juste... » « Oui ? »« C'est pas comparable à ce que tu as vécu mais... moi aussi j'ai un lourd passé... » « Tu veux en parler ? » « Je ne veux pas t'embêter avec ça. » « Parle-moi »

Le médecin roulait sur le dos, croisant les bras sous sa tête et soupirait longuement avant de reprendre la parole. « Lorsque j'étais au lycée, dès la première année j'avais le monde à mes pieds, je veux dire mes parents étaient riches, je n'ai jamais manqué de rien et toutes les filles et beaucoup de gars fantasmaient sur moi. Alors j'ai commencé à en profiter, l'école ne m'intéressait pas mais à cause des convenances, de la société, je m'orientais quand même vers la médecine. J'ai validé toutes mes années, à chaque fois c'était juste mais je l'ai fait quand même.

Mais mes proches et mes professeurs pensaient que je ne réussirait jamais, et je ne faisais pas vraiment d'effort pour les convaincre du contraire. Dès que j'ai eu l'âge j'ai commencé à beaucoup sortir dans des boîtes plus ou moins légales et à boire beaucoup et... » « Dis-moi, tu peux tout me dire j'ai sûrement vu pire » « J'ai couché avec énormément de monde, peu importait pour moi le sexe tant que je pourrais fourrer ma bite dans un trou je le faisais. Je n'ai jamais touché quelqu'un de mineur ou forcer quelqu'un, tous mes amants et amantes étaient consentants. Mais maintenant... Que je te connais, que je sais ce que tu vis, ce que des enfants vivent je me rends compte qu'en fait je ne vaut guère mieux qu'eux. »

« Shikkie c'est différent ! » « Pas tant que ça... » « Je ne cherchais que le plaisir, j'ai des fois payé pour. Et ces personnes que j'ai payé... Je me rends compte maintenant que si ça se trouve elles ne voulaient pas faire ça, qu'elles n'avaient peut-être pas le choix et... » « Wonshik... »

« Leo... Je ne vaux pas mieux qu'eux... » Le médecin avait envie de pleurer, alors le jeune homme venait se coller au médecin, surprenant ce dernier. « Shikkie, même si ces personnes étaient forcé, tu ne peux pas sauver tout le monde et tu étais jeune à ce moment-là. Et tu sais, si je n'avais pas eu ce problème, jamais tu n'aurais découvert mon existence et qui sait dans quel état je serais aujourd'hui... » « Leo... » « Écoute Shikkie, le monde est comme ça, il est dégueulasse avec certaines personnes mais il y a des gens qui comme toi, des personnes qui ont une bonne place dans la société qui ont également un grand cœur et qui aident les gens. Tu es quelqu'un de bien Kim Wonshik. J'ai de la chance d'avoir croiser ta route. » « C'est moi qui ait de la chance de te connaître. » « Ah oui ? » « Bien sûr j'ai un futur procureur dans mes bras actuellement. »

L'humeur du jeune homme s'assombrissait. « J'ai... abandonné. » « Quoi ? » « Je n'avais plus le temps de me concentrer sur mes études et... plus vraiment de but pour le faire... Alors j'ai abandonné. » « Leo, tu dois reprendre. » « Pourquoi ? » Demandait-il sarcastique. « Si il y a bien un truc que j'ai compris de cette longue année loin de toi, c'est que le monde ne veut pas de personnes comme moi dans les hautes sphères de la société. » « Fais les mentir. » « Comment ? » « Devient procureur. » « Je ne peux pas... »

Le médecin poussait le jeune homme et venait le surplomber, appuyé sur son coude, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre. « Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? » « Pourquoi tu penses cela ? » « Leo... Moi je te connais, enfin je pense te connaître assez bien pour affirmer que tu es assez fort, assez intelligent, assez courageux pour réussir. Alors qu'est-ce qui t'empêche d'essayer ? » « Le temps, l'argent... Shikkie, je ne peux pas me permettre de perdre du temps de travail pour étudier... Je dois vivre et... Je ne peux pas faire les deux et le risque est trop grand. » « Quel risque ? » « Écoute je suis rusé pas intelligent, j'ai appris à vivre dans ce monde cruel, là est la différence entre toi et moi, toi tu savais que tu pouvais réussir tes études et continuer à vivre grâce à tes parents mais moi... Imagine je ne valide pas mon diplôme ou... je ne trouve jamais de travail parce que les gens vont fatalement découvrir que je suis un fantôme depuis 18 ans... Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ? Hein ?Je retournerais fatalement à ce que j'étais... Ce que je suis... »

Leo pleurait, et le regard de Wonshik sur lui était douloureux. Il se cachait le visage de ses mains et son corps se mettait à trembler. Wonshik le prenait dans ses bras et le rassurait tout en lui caressant les cheveux. « Je suis désolé Leo, vraiment désolé. Je t'aime, excuse-moi. » « Comment tu peux m'aimer encore... Je suis parti pendant plus d'un an, je t'ai déçu, trahi... On ne vient pas du même monde, on a pas le même passé, ni le même futur... » « Je ne suis pas d'accord... On est à la croisée des chemins Leo. » « Quoi ? » « Il y a toujours à un moment ou un autre ou deux mondes opposés finissent par se croiser... Nous sommes ce croisement, ouvrons la voie pour la fin des différences sociales Leo. »



ProxénétismeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant