Chapitre cinq.

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Loïck a gardé ma veste toute la soirée. J'ai eu cette impression d'être proche de lui tout le long. Louis et Loïck ont pu discuté. L'échange a été glacial entre les deux hommes mais au moins, chacun a fait le pas vers l'autre. Loïck l'a insulté même s'il a accepté de prendre Ariane pour fiancée.

Mais cette décision me fait mal... je ne suis pas satisfait de la tournure que prend la situation.

D'où me vient ce sentiment de peine ?

Bon, d'un côté, cet humain allait enfin pouvoir avancer. Ariane sera parfaite pour le soutenir et moi, je pourrais enfin disparaître. Si Loïck a une chance de construire sa vie, moi non. Hugo était tout ce qui me rendait heureux. Sa voix, son sourire et sa présence me manquent quotidiennement. Je vais au moins libérer son frère de ma présence. J'ai peut être promis à Hugo de le protéger, mais Ariane sera là pour le soutenir. Loïck n'aura plus besoin de moi le moment venu.

Mais que dis-je ? Il n'a jamais eu besoin de moi.

Je raccompagne les fiancés dans les appartements de Loïck avant de les laisser seuls, puis je salue Louis.

Gentiment, mon ami me raccompagne jusqu'à la porte. Il glisse néanmoins une main sur mon épaule, pleine d'empathie.

- Ridzac, tu seras toujours le bienvenu ici. Loïck aura toujours besoin de toi.

S'il savait comme ces mots me blessent.

- Non, ce n'est pas vrai, Louis. Tu sais aussi bien que moi que ma présence le perturbe. Tâche de le soutenir, mais ne l'étouffe pas trop.
- Rid-
- Quand ils se seront mariés, je m'en irai.

Mon ami semble choqué par ma décision.

- De quoi parles-tu ?
- Nyia a besoin de moi, comme Loïck d'Ariane. Je manque à mon devoir de père.

Même si c'est la vérité, je me sers de ma fille pour fuir la situation. Mais je ne peux pas rester debout, à regarder Loïck dans les bras d'une autre. Ariane est gentille, belle et intelligente. C'est une femme bien et c'est pourquoi, je suis jaloux d'elle.

C'est égoïste de ma part, mais je n'ai pas envie de les voir ensemble.

- Merci pour tout, Louis.

En partant, je regarde une dernière fois le palais. Je vois Loïck qui me regarde depuis sa haute fenêtre, une main sur la vitre. Nos yeux se perdent dans celui de l'autre. Je pourrais le fixer toute une vie ainsi, mais je décide de lui tourner le dos pour poursuivre mon chemin et me détacher de son image captivante.

Pourquoi je pense à lui de cette manière là, alors que j'aime son frère ?

Je quitte les lieux, une main au cœur. Quelque chose en moi est en train de changer.

***

Je me précipite dans la chambre de ma fille pour la serrer dans mes bras. Elle sourit et se laisse faire. À cet instant, j'ai besoin d'elle, de la sentir et de la savoir auprès de moi.

- Papa, tu pleures ?

Je recule mon visage en m'apercevant qu'effectivement, je pleure. Pourtant, je ne suis pas spécialement triste pour une quelconque raison. Seulement, je n'arrive pas à accepter le fait que Loïck prenne Ariane comme épouse. J'ai l'impression que je ne pourrai bientôt plus honorer ma promesse et rester à ses côtés. Sa présence m'apaise et je ne veux pas perdre Loïck non plus.

- Je suis là, papa. Avec toi.
- Je sais Nyia, je sais. Bientôt, je rentrerai définitivement à la maison et j'oublierai tout.

J'ai complètement ignoré ma sœur dans le salon alors qu'elle m'y m'attend. J'aide Nyia à se mettre au lit avant de la rejoindre.

- Inaya, je...
- C'est bon Ridzac. Ne t'excuse pas. Tu as l'air chamboulé. Que s'est-il passé ?
- Rien, c'est toujours pareil. Louis et son fils se sont disputés. Et maintenant, il a rencontré Ariane. Je pense que cela va changer pas mal de choses.
- Ariane ?

Elle se lève en se mettant face à moi.

- Quoi ?
- Rien, répond-elle simplement. Tu sembles peiné. Non, bouleversé.
- Non, je...

Je quoi ? Je ne sais pas mais je ne termine pas ma phrase devant ma sœur. Je préfère en rester là et elle aussi. Je prends réellement conscience que je me repose beaucoup trop sur elle. Elle s'occupe de Nyia parce que je sers constamment Louis. Je la prive de sa liberté et même si elle le veut bien, je ne peux pas continuer d'adopter une telle attitude. Je dois trouver une solution pour équilibrer ma vie privée et professionnelle. Et ainsi, soulager Inaya.

- Tu trouveras des réponses. Ça ne fait que deux ans qu'Hugo est parti, Ridzac. Mais il serait temps pour toi de penser un peu au futur, tu ne crois pas ?
- Hein ?
- Si j'étais Hugo, je voudrais que tu reprennes ta vie en main. Nyia a besoin de plus qu'un père. Je reste ta sœur et il met impossible pour moi d'être ta maîtresse.

Ma rage s'empare de moi. Violemment, je tape dans le mur le plus proche, détruisant une partie de sa surface. Inaya ne bouge pas. Elle sait appuyer là, où ça fait mal.

Comment peut elle avoir raison ? Je suis véritablement faible. Peu importe mes entraînements ou ma vie de chevalier, cela n'a rien avoir.

- Ridzac, s'il y a bien une chose que je déteste chez les gens, ce sont les non-dits.

Son regard est presque froid. Mon aînée peut se montrer stricte, voir glaciale quand cela est nécessaire. Elle n'hésite pas à être radicale dans sa manière de s'exprimer.

Maintenant, je suis complètement perdu à cause de Loïck. Cet humain me met dans tous mes états. Je n'arrive plus à être aussi serein. Et je réalise une chose terrifiante. Une révélation qui me fait aussi mal qu'un coup de poignard dans le cœur.

Pour rendre heureuse ma fille, je dois trahir Hugo.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant