Chapitre trente-deux.

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- Ridzac est venu ici alors ?
- Oui, me répond Ariane.

J'arrive trop tard, merde. Et forcément, il ne lui a pas dit ce qu'il faisait et où il vivait. Je n’ai pas de nouvelles de Nyia et ça m'inquiète. J’espère que la petite va bien et qu’elle ne manque de rien.

- J’ignore ce que fait Ridzac mais il semble combattre seul.

Cet idiot est probablement à Ibn Fadhan pour aider tête d'ange. Il a fait de lui son protégé et je ne peux toléré cette situation plus longtemps.

- Je me rends à Ibn Fadhan immédiatement, dis-je à mon amie et à son maître d’armes silencieux.

Je suis encore faible mais je n'ai pas perdu ma bravoure. Ridzac porte sur ses épaules le poids d’un fardeau beaucoup trop lourd pour lui seul. Et malgré ce qu'il m'a fait, je ne peux m'empêcher de l’aimer un peu plus chaque jour. Je ne veux plus me retenir ou faire semblant juste parce j’ai peur. Mon frère est mort pour nous permettre d’écrire notre histoire. Et si elle a mal débutée, je lui voulais une fin majestueuse.

- Alors tu as pris ta décision, me demande Svetlana.

Je regarde cet homme, celui qui fait battre le cœur de mon amie dans les yeux, et lui souriant.

- Oui, je veux retrouver Ridzac et donner une chance à notre histoire.

À son tour, il me sourit comme satisfait par ma réponse.

- Tu ne reverras jamais plus le loup blanc, prince.

Ariane, Svetlana et moi nous regardions en comprenant que cette voix n’appartenait à aucun d'entre nous. Puis au loin, dans les jardins de la demeure Debourg, une silhouette s’avança vers nous avec deux épées à la main. Les lames ensanglantées témoignaient de la vie perdues des hommes de la demeure. Cette prestance et cette manière de se tenir me sont familières. Et je ne connais qu’une personne se battant à la double épée.

- Vous êtes…

Même si cette bête porte une longue veste qui masque son corps et une capuche son visage, je la reconnais.

- T-Torodero ?

Nos yeux se rencontrent et je comprends qu'il n'a pas l’intention de nous laisser en vie.

- Qui est cet individu, Loïck ? Me demande Ariane en dégainant son épée.
- Torodero, un ami à mon père qui m'a servi brièvement de maître d’armes.

Ridzac ne lui a jamais fait confiance et je comprends pourquoi. Il dégage une aura menaçante, prédatrice. Je pose ma main sur le manche de mon épée avant de la sortir à mon tour de mon fourreau, suivi de près par Svetlana. À trois, nous pouvons le vaincre car les bêtes sont au-dessus des humains. Cependant, si nous combattons aux côtés des autres, nous sommes capables de le repousser.

- Ton cher et tendre bien aimé est en train d’affronter Quartaffel actuellement. Et même si Daeron est à ses côtés, il ne fait pas le poids contre lui.
- Qu-Quartaffel ?

Il rit devant mon ignorance et soupire en retirant sa capuche.

- Celui qui dirige le Conseil d'Ibn Fadhan, voyons. La bête à la tête de lion est sans pitié et je compte bien en faire de même contre vous trois.

Je vois. Je comprends parfaitement la situation à présent. Ce lion n'a pas du supporter l'union et le discours d'Estella. Je sais pourquoi Ridzac est devenu son gardien à présent. Il ne pouvait pas abandonner Daeron face au Conseil en connaissant la cruauté de cette communauté. Mais pourquoi ne m’avoir rien dit dans ce cas ? Ridzac se bat dans l'ombre pour ne pas m’inquiéter et je crois aux paroles du taureau. J’ai la sensation que Ridzac court un grand danger actuellement, je dois me rendre à Ibn Fadhan immédiatement.

Mais je suis obligé d’affronter Torodero avant. Je ne peux pas abandonner Ariane et Svetlana aux mains du taureau et fuir lâchement. Alors je brandis mon épée devant lui, prêt à mourir au combat. J’ai hérité de la bravoure du loup blanc. Je n'ai pas peur du sang et des blessures. Je suis le prince de Ksentar’aya et ma vie sert à protéger le peuple.

- Je ne voulais pas en arriver là, prince. Mais tu ne m'en as pas laissé le choix.

Sur ces mots, il fonce sur moi mais Svetlana fait preuve de rapidité pour bloquer son coup grâce à son épée. De nous trois, il est le plus expérimenté. De nous trois, je suis le plus affaibli avec mon état de santé et par moment, ma vision se trouve.

Une fois son coup repoussé, Ariane se jette sur le taureau et se bat avec. Elle et lui esquive les coups, bien que par moment ils s’affligent des blessures superficielles. C'est la première fois que je vois une femme au combat. Un instant, je reste admiratif par sa grâce et gestuelle. Si mon amie est belle, elle l'est encore plus maintenant. Ariane est une guerrière courageuse qui n'a pas peur d'affronter une bête. Svetlana intervient néanmoins lorsqu'elle manque de se prendre un coup plus sérieux. Puis, je me jette sur mon amie pour être à terre et ainsi, esquiver une attaque de plus.

- Merci, Loïck.
- Pas le temps pour ça Ariane ! Nous devons unir nos forces et défaire Torodero !

Je rejoins rapidement Svetlana dans le combat et affronte la bête. Nos lames s’entrechoquent, faisant des étincelles et des bruits aigus insupportables. Mais je manque clairement de force et ce dernier réussit sans difficulté à me porter un coup de manche au visage. Je recule et recrache le sang qui coule de ma bouche en titubant un instant. Mais je reprends vite mes esprits face à la situation. Les jardins sont ravagés, les arbres abîmés et les fleurs détruites. La terre est complètement retournée et les pierres du sol brisées. Torodero a une force monstrueuse. Nous sommes tous blessés, y compris la bête qui reconnaît notre valeur.

Cependant, je ne suis pas ici pour gagner son respect, dans un combat à mort, tous les coups sont permis et je ne compte pas prendre le risque de sacrifier mes deux coéquipiers. Mon rôle est de les protéger.

Voyant néanmoins que nous n'avons pas l’avantage, Svetlana jette son épée au sol et sors de sa ceinture arrière une arme à feu. Les balles en argent ainsi que les morsures sont le point faible de toutes bêtes. Torodero comprend rapidement qu'il a un ennemi de taille à abattre. Si le taureau est puissant physiquement et résistant, il ne peut rien contre cet outil. Et s'il a énormément de force, sa vitesse n'est pas aussi impressionnantes que les loups.

- Fils de pute !

Néanmoins, il réussit à éviter la première balle de Svetlana et à lui sauter dessus férocement en faisant tomber l’arme plus loin sur le sol.

- Fais tes prières, humain.
- Non ! Crie Ariane en courant vers son bien aimé.

Quand je tente de la rattraper, elle me repousse en se laissant guider par son instinct.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant