Chapitre vingt.

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Il s'est endormi. Je regarde le visage de Ridzac pendant qu’il ferme les yeux. Je n’ai jamais pris le temps de bien l’observer. Ses yeux bleus sont magnifiques et me rappellent l’étendue du ciel au dessus de nos têtes.

Son torse est couvert de cicatrices. Certaines doivent remonter à bien avant cette altercation. Pour l’heure, il est hors de danger, mais je ne peux m'empêcher d'avoir peur que ces blessures ne s'ouvrent de nouveau. Je caresse du bout des doigts l'un des bandages avant de toucher accidentellement son pelage. Je rougis parce qu’il est terriblement doux. Cela me fait penser à mon frère. Cette bête lui appartient, je ne peux donc pas répondre aux sentiments de Ridzac. Je ne peux pas trahir Hugo.

Pour me changer les idées, je décide d'aller voir Nyia et de laisser ce chevalier se reposer. Je me dirige vers sa chambre en la trouvant dans son lit, à jouer.

- Loïck !

La petite me fonce dessus avant de se blottir contre moi en se tenant à mes jambes. Lui adressant un sourire des plus chaleureux, je me penche légèrement en avant pour passer mes mains sous ses bras, et l’élever à ma hauteur. Elle rit en me faisant plein de petits bisous sur la joue. Cette petite n'a jamais pu connaître mon frère, la personne qu'il l’a mise au monde. Du coup, elle s'imagine un peu que c’est moi et que je suis son parent, au même titre que Ridzac. Je ne pense pas mérité un tel rôle. J'adore cette petite, là n’est pas le problème. Mais j'ai l'impression de voler la place de mon frère, et je ne peux pas lui faire ça. Cette enfant est toute sa vie, avec Ridzac.

- Nyia, tu veux aller te promener avec moi dans le jardin ? Lui demandé-je.
- Oui !

Je souris contre son épaule avant de la poser au sol et de la tenir par la main. Puis, nous nous dirigeons ensemble dans les jardins, au clair de la lune. Deux hommes de mon père nous gardent à l’œil afin de prévenir un attentat. Ce n'est pas rare pour des criminels d'entrer dans un palais et tuer les membres de la famille royale. Je suis capable de me défendre seul mais c'est rassurant d'avoir des alliés autour de soi.

Nyia qui n'a pas conscience de ce genre de détails, admire les papillons de nuit voler autour de notre lanterne. Elle tente de les attraper en riant si innocemment mais je m’assure qu'elle reste assez éloignée de la lanterne. Je ne veux pas m’attirer les foudres de son père. Mais l’entendre rire de joie me met du baume au cœur. Je me sens apaisé quand elle agit de cette manière. Nyia reste une petite fille comme toutes celles de son âge.

- Loïck amoureux de papa ?

Je manque de m’étouffer en inspirant ma propre respiration. Je tape doucement contre ma poitrine pour m’aérer les poumons et reprendre mes esprits avant de rougir comme une baie de gova.

- Princesse, P-Pourquoi tu me demandes ça ?

Elle court devant moi en tournant sur elle-même, faisant valser sa petite robe blanche autour de son corps.

- Papa amoureux de Loïck !

Je ne doute pas que la vérité sort de la bouche des enfants, mais elle se trompe. Je la rejoins avant de me mettre à sa hauteur pour caresser ses magnifiques yeux marrons.

Ridzac aime encore Hugo et c'est normal. On ne peut pas oublier un être qu'on a aimé aussi facilement.

- Tu te trompes, princesse. Papa est amoureux de maman.

Elle me regarde tristement. J'ai été maladroit en parlant de sa mère sans prendre en considération son âge. Je la serre contre moi en m’excusant de tout mon cœur, caressant sa tête avec une délicate attention. Nyia reste contre moi pour pleurer sur mon épaule. Quel idiot je suis pour faire pleurer une fille. Nyia aime sa maman, c’est certain. Je lui ai rappelé a quel point sa présence manque à l’appel. Voila pourquoi je ne peux pas lui prendre ce rôle. Au fond d'elle-même, elle sait que je ne suis pas sa mère. Et d’un côté, ça me fend le cœur.

Voyant alors qu'elle tombe de fatigue, je décide de la ramener dans sa chambre. Une fois dans son lit, il ne lui faut que  quelques secondes pour s’endormir. Je baise son visage avant de mettre son épaisse couverture sur son corps et de refermer la porte derrière moi.

Je regagne ma chambre en constatant que Ridzac dort toujours. Je reprends mon tabouret pour venir veiller à ses côtés. Je plaque mon torse contre le matelas et croise les bras pour soutenir ma tête. Puis, ma respiration va au même rythme de la sienne. Puis avec l'air frais qui rentre dans la chambre, je m'assoupis après avoir glissé ma main dans la sienne.

- Si chaude… murmuré-je avant de m’endormir à ses côtés.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant