Chapitre vingt-six (partie deux).

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La partie est le PDV de Ridzac sur la même situation ;)

- Qu’est-ce que tu fiches ici, toi ?

En regardant par dessus mon épaule, je constate que Loïck nous a rejoint. Il dévisage le prince d'Ibn Fadhan avant de rejeter son regard sur moi.

- Loïck ?

Il est trempé. L'eau de pluie s’égoutte depuis la pointe de ses cheveux alors qu’il s’avance vers nous, un bouquet de fleurs à la main.

- Je vois. Comme tu n’as pas pu avoir les deux, tu prends le premier venu ?

Ses mots me bouleversent. Il pense que je me moque de lui et joue avec les sentiments de son frère et les siens juste pour ma propre satisfaction. Qu’il le pense me blesse car je croyais qu’il me connaissait et que nous étions proches.
Mais je me trompais sur nous depuis le début.

Agacé, je lui réponds :

- Tu sais bien que ce n'est pas vrai, Loïck.

J’en ai assez de me battre pour lui s’il ne me voit pas autrement. Je voulais croire qu’il était possible d'aimer à nouveau, mais ce n’était pas ça.
Ce prince continue, persiste et me rejette. Alors j’ai décidé d’abandonner. J'abandonne mes sentiments pour Loïck. J'en ai assez de me battre à sens unique pour lui en découvrant ce qu'il pense de moi.

- Je t'ai déjà dit de nous laisser tranquille, Hugo et moi ! Me répond-il.

Estella qui se tient à mes cotés fixe le prince. S’ils ont le même statut, ces deux garçons sont aux antipodes de l’autre. Et savoir que ce dernier me soutient me fait moralement du bien. C'est ça, être épauler. Cette sensation de se sentir important aux yeux de quelqu’un et soutenu qui me manque. Remarquant ma détresse, ce dernier s’avance de quelques pas et pour me dépasser.

Je n'arrive plus à répondre face à Loïck. Je n’ai plus cette volonté. Les forces me manquent et ça, Estella l'a bien compris. Parfois, il n'y a plus rien a faire que de prendre la décision de tout abandonner.

- Loïck, pourquoi es-tu aussi blessant avec Ridzac ? Lui demande-t-il, une main au cœur, le poing fermé en tremblant.

Ce dernier ne lui adresse pas la parole et s'avance vers nous en laissant tomber les fleurs par terre. Elles prennent la pluie rapidement et la boue les détruit. Le prince à la chevelure sombre continue de réduire la distance qui nous sépare et quand il arrive à notre hauteur, il nous ignore en passant dans l'espace entre le corps d’Estella et le mien. Si ce dernier se retourne pour le regarder, je me contente de regarder Loïck par-dessus mon épaule.

Avec la pluie, le ciel est sombre et cela me fait penser à quel point Loïck l’est aussi.

Une fois en face de son frère, le prince s’enrage et piétine les fleurs fraîchement déposées au pied de sa tombe. Loïck se met à hurler, entrant dans un état de transe spectaculaire en massacrant les fleurs. Avec la pluie, les pétales se collent aux semelles de ses bottes. Estella est abasourdi par cette scène et bouleversé par l'attitude de Loïck. Ce dernier décide alors de venir l'enlacer par le bras.

- Loïck, ne fais pas une chose pareille, je t'en prie ! Le supplie-t-il.

Les yeux de Loïck voient rouges et sa colère n'est que plus intense.

- Ne me touche pas !

Puis il commence à injurier le prince d’Ibn Fadhan par colère. Le connaissant, il a beau avoir un caractère fort, il ne pense pas un mot de ce qu’il lui dit. Moi, je suis admiratif de la volonté d'Estella, je suis incapable de me défendre face au prince sombre.

Les deux jeunes hommes rentrent dans un conflit physique et commencent par se tirer les cheveux à tour de rôle, à pleurer et à crier l'un après l’autre. Je suis confus, incapable de faire le moindre mouvement. Je suis faible. Je n’ai pas su protéger mon bien aimé et aujourd’hui, je ne suis pas en mesure de protéger son frère ou quelqu’un comme Estella. Malgré leur conflit, je reste totalement immobile sur place, à regarder les fleurs écrasées sur la tombe d’Hugo. Les pétales sont éparpillés ci et là sous mon regard impuissant. Je repense au sourire de ce garçon que la vie a pris trop tôt.

Je suis si triste, si seul que je ne remarque pas que les deux princes se violentent. Les coups d’Estella marquent Loïck mais de façon superficielle, ce garçon qui contrairement au prince de Ksentar’aya, n'est pas un guerrier ni un combattant. Je me souviens du tremblement de ses mains lorsque je lui ai donné cette arme. Daeron avait élevé ce garçon de sorte à ce qu'il ne connaisse pas la violence, mais face à Loïck, il est clairement désavantagé. Les garçons se ruent de coups et malgré son manque de savoir, Estella lui rend ses coups.

Mais Loïck prend l'avantage et se retrouve au dessus de son corps. La pluie continue de tomber et les deux garçons ont chuté. La boue les recouvrent, ils sont sales et trempé jusqu’aux os. S'ils continuent de pleurer de crier, ils manquent de forces et d'air pour pousser plus loin. Mais Estella perd le contrôle et commence à perdre connaissance sous un Loïck vainqueur. Ce dernier se lève dans sa rage alors, en hurlant contre le garçon à terre, et comme s'il voyait des fleurs, il lève son pied juste au dessus de son corps pour s’apprêter à le piétiner à son tour.

- Qu’est-ce tu sais de moi, gamin !? Rien du tout !

Estella réalise alors que ses enfants sont en danger et se recroqueville  à même le sol pour les protéger avec son corps, en pleurant désespérément sous les yeux ignorants du sombre prince.

- N-Non !

Dans un réflexe instinctif, je réagis face à Loïck qui ne réalise pas la gravité de la situation.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant