Chapitre vingt-cinq.

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En ce jour pluvieux, je décide d'aller rendre visite à Hugo. Depuis ce qui s'est passé l’autre soir avec Ridzac, nous ne nous sommes pas revus. Il paraît qu’il s'est rendu à Ibn Fadhan mais j’en ignore la raison. J'ai l’impression de faire fausse route que rien ne va entre lui et moi.

Je prends ma veste kaki à capuche et enfile mes bottes pour sortir dehors. Des soldats tentent de me retenir mais je résiste et m’en vais. Je ne prends pas de parapluie afin que mes larmes de mêlent à la pluie. Ce qui s'est passé avec le loup blanc n’aurait jamais du se produire. J'ai trahi mon frère et fait espéré Ridzac. Mais il ne doit pas tourner le dos à mon frère. Hugo aimait Ridzac plus que tout. Je ne peux pas faire une chose pareille.

En réalité, après ce nous avons fait, j’ai demandé à Ridzac de retourner chez lui avec sa fille. J’aime Nyia de tout mon cœur mais je ne peux pas la considérer comme la mienne. Elle est née de l’union entre Hugo et Ridzac. Alors c’est seul que je me rends au cimetière, un bouquet de fleurs trempé.

Je traverse le petit bois dans lequel nous jouons mon frère et moi lorsque nous étions enfants. Si les animaux se cachent et que le soleil ne se manifeste pas, je me souviens de ces moments d’innocence, et de bonheur. Hugo adorait faire des bouquets pour notre mère lorsqu’elle était encore en vie. Moi, je chassais les insectes et embêtais les animaux avant de vite le regretter. Si Hugo me regardait faire, je montais aux arbres pour être plus grand, intouchable et libre de vivre comme je l’entendais. Enfant, je n’avais pas conscience du rôle de prince, et aujourd’hui, j'en veux à ce père qui ne voit que son cadet à travers moi.

- Mais c’est…

Un peu plus loin, je tombe sur un arbre. Son tronc épais m’indique à quel point il a vu le temps passer. Mais ce qui m’interpelle, sont les initiales gravées sur lui. Celle d’Hugo et Ridzac. Les regarder me fend le cœur. Je m’en veux tellement d’aimer cette bête. Je le sais, notre amour est interdit, impossible. La mémoire et les souvenirs d’Hugo ne peuvent être salis.

Je reprends alors ma route en connaissant par cœur le chemin. Mes chaussures s’enfoncent dans la boue et mes vêtements trempés sont salis par ce temps. Mais l’odeur de la nature fraîchement humide me réconforte. Si mon frère est parti, la vie continue autour de nous. Et s’il souhaite de tout cœur mon bonheur, je n'y arrive pas.

Parce que je repense inlassablement à notre dernière conversation.

***
Hugo se tenait près de la fenêtre de notre chambre. Au temps de son vivant, il nous arrivait de dormir ensemble quand Ridzac s'absentait. En tant que chevalier, ce dernier laissait souvent Hugo seul. Et déjà là, il portait Nyia dans son ventre.

En le regardant de dos, je réalisais à quel point il avait de magnifiques cheveux. Il plaisait au plus grand et se faisait très souvent courtiser à la cour. Mais il n'avait d'yeux que pour le loup blanc.

- Loïck, quand je serais mort, pourras tu me rendre un service ? Demanda-t-il en caressant son ventre.

Je me levais de mon fauteuil, bouleversé par ce que je venais d’entendre.

- Ne parle pas de toi comme ça, Hugo !
- Mais c'est pourtant la seule vérité.

Comment pouvait-il me sourire ainsi ? Pourquoi affichait-il une telle sérénité sur son visage alors que bientôt, il partirait. Nous le savions tous et lui, il continuait de sourire sans pleurer. Jamais. Alors que nous étions tous au bord des larmes. Hugo le savait mieux que quiconque qu'il allait mourir une fois l'enfant née.

- Reste auprès de Ridzac, Loïck.
- Quoi ?

Il se retourna et ses cheveux furent bercés par le vent frais qui venait de la fenêtre.

- Tu as parfaitement compris le lien qui vous unissait, n'est-ce pas ?
Impuissant, je regardais mon jeune frère.
- H-Hugo ? D-De quoi parles-tu ?

Mon corps se mit à trembler quand il évoqua Ridzac. Parce que je savais que trop bien le lien qui nous unissait lui et moi.

Mais je ne voulais pas y croire. Hugo était là, bordel ! Dans son cœur ! Ridzac ne pouvait pas ignorer la présence de leur fille dans son ventre et leurs années passées ensemble. Je ne pouvais pas croire que j’étais l'Alter égo de cette bête.

- Pourquoi diable continues-tu de me sourire alors que tu es parfaitement au courant, Hugo !?
- Parce que je suis tellement désolée, Loïck. Je t'ai privé de Zac et tu en es malheureux…

Nous pleurions tous les deux car c’était trop triste. Nous aimions la même personne mais il nous était impossible de l’avoir pour nous. Et tout cela avait eu un impact sur la santé d’Hugo. Un secret que je lui avais promis de garder.

Oui, ne jamais révéler qu’il mourrait parce que le destin considérait qu'il me volait ma moitié. Et quand il s'en était rendu compte, il était beaucoup trop tard, alors il avait accepté son sort et voulut partager les derniers instants de sa vie aux côtés du loup blanc. Si Ridzac était bien mon Alter égo, je n'avais jamais douté de ses sentiments pour mon frère. Seulement, nous étions suffisamment en froid pour ne pas prendre conscience du lien qui nous unissait.

Mais à cause de cette ignorance, Hugo en payait au prix de sa vie.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant