LOÏCK ET LE LOUP BLANC

Chapitre trente-cinq.

Daeron et Quartaffel ont engagé les hostilités. Ainsi, mon ami me libère de son emprise en risquant sa propre vie. Je tente de retenir mon propre sang en plaquant ma main sur la blessure mais je ne parviens pas à y parvenir complètement. Ma nature me permet cependant de résister face à ma blessure et de ne pas y succomber, mais je ne le pourrais pas indéfiniment. Mon sang forme une flaque tout autour de moi, et cela me rappelle la couleur des yeux de Loïck. Cependant, l'odeur qui s’en dégage est nauséabonde et n’a rien à voir avec celle de Loïc qui est plus agréable à renifler. Dire que je suis en train de mourir… j’aurais aimé le voir une dernière fois et le prendre contre moi pour lui dire ô combien je l’aime et que je suis désolé pour tout. Il n'y avait pas que ce viol. Depuis des années, je l’enchaîne à mes cotés et je réalise que c’était une grave erreur de ma part pour m’être imposé en tant que gardien à ses côtés.

Estella tente de dialoguer avec sa sœur tout en pointant son arme face à elle. Mais il tremble, il a peur. Ses jambes jouent des claquettes et ses bras ne peuvent rester tendus. Il halète et transpire à grosses gouttes. Elisabeth elle semble plus sereine.
Les deux mâles non loin de nous se battent à mort. Et quand Daeron demande à son compagnon de fuir, ce dernier n'est plus en mesure de bouger. Son corps entier est paralysé par la peur. Il finit par lâcher l’arme des mains qui tombe sur le sol et tomber à genoux, plaçant alors sa sœur en position de force qui s'avance vers lui doucement, un maudit sourire aux lèvres. Dans leur lutte, ses cheveux se sont détachés et ses vêtements déchirés. Aucun de nous n'est indemnes. Même Quartaffel est blessé au même titre que Daeron ou Estella. Cette lutte n'a pas de sens, il était possible d’éviter ce combat rocambolesque dénoué de sens. 

- Tu as perdu, Estella. C'est fini.

La blonde aux yeux d'or passe la lame de son épée sous le menton de son frère pour lui faire relever la tête et le regarder une dernière fois dans les yeux.

- Sache que je n’ai jamais souhaité tout cela, grand frère. Mais n’oublie jamais : tu ne m’en as pas laissé le choix. Je suis désolée.

Estella comprend alors qu’il n'a plus aucune issue et qu'il va mourir s'il ne fait rien pour s'enfuir. Mais il porte la vie de ses enfants en lui et instinctivement, il passe ses bras autour de son ventre comme pour les protéger une dernière fois, s’excusant de ne pas avoir été fort et d’avoir manqué de courage.

Daeron hurle et ordonne à Estella de se lever pour fuir, l'implorant. Mais il ne peut plus bouger. Le corps du jeune homme lâche, incapable de fuir, Estella est contraint de se voir mourir dans le regard enragé de sa sœur.
- Pardonne moi, grand frère. Je suis tellement désolée.

Ses excuses semblent si sincères. Mais cela ne va pas avec ses convictions, et son comportement. Elle n'a rien d'une sœur attentionnée et aimante qui souhaite protéger son frère. Elle est le diable dans le corps d'une petite fille à la peau de poupée et au teint porcelaine. Cette apparence n'est rien d’autre qu'une enveloppe charnelle pour cacher sa véritable nature démoniaque. Cette fille s’est perdue dans sa folie. Elle n’est plus que l'ombre d’elle-même. Perdue à jamais dans les ténèbres, le paradis ne pourra pas l’accueillir le moment venu. Il n’y a plus aucun espoir pour la ramener et seule la mort peur la libérer de cette folle emprise.

- Estella, lève toi et cours ! Rugit la bête noire en tentant de lui venir en aide.

Mais à nouveau, Quartaffel s’oppose au roi et l'affronte pour un duel bestial. Je tente de bouger et de me redresser avec le peu de force qui me reste pour lui venir en aide. Mais la douleur saisissante me prend de court et je vacille en glissant sur mon propre sang. Ma gueule tape le sol violement me faisant couiner, mais rapidement je tente de me relever et tente de lui venir en aide coûte que coûte. Mais je peine à tenir debout. Je n’ai plus de force et ma vue se trouble. Mon ouïe est moins sensible et ne perçoit pas les bruits comme d'habitude.

- Estella !

Elisabeth ignore la voix du loup et lève son épée au dessus de sa tête, prête à exécuter son propre frère. Estella se prépare psychologiquement à mourir mais ne peut s’empêcher de verser des larmes en sentant la mort s’approcher. Il s'excuse silencieusement auprès de ses enfants en caressant son ventre, et regardant Daeron. Le loup noir et moi-même manquons à notre devoir, de force pour protéger le jeune homme. Dans un ultime espoir de faire réagir le jeune prince, Daeron crie dans un arrière son le prénom de son compagnon, implorant Elisabeth et Dieu de l’épargner.

Je marche le plus rapidement possible pour arriver à temps mais la jeune fille abat son épée à la verticale pour ôter la vie à son frère sous le regard à la fois impuissant et dévasté de Daeron.

- Estella !!

Mes yeux s'ouvrent en grand face à cette scène qui fait couler beaucoup de sang.