Après cette nuit, je n’ai plus revu Ridzac. Le loup blanc a abandonné son poste de chevalier et s'est présenté face à mon père pour s'en excuser. Je sais parfaitement qu'il est parti pour protéger cet espèce de morveux à la chevelure blonde. Peut-être que pour nous, le mieux est de rester chacun de son côté.
Depuis, je ne sors plus de ma chambre. Mon père s’inquiète mais ne comprends pas la raison de ce changement de comportement. Je n’arrive plus à me mettre en colère après lui. Ariane et son maître d'armes Svetlana ont tenté de me réconforter mais je suis inconsolable. Perdu entre le mal que m’a fait Ridzac et la peine que je lui ai fait. Mais ce que je peux conclure de notre relation, c'est qu'elle est vouée à l’échec. Par moment, je me dis qu’Hugo devait vivre à la place de moi. Tout est fini avec le loup blanc, tout est fini.
- Fils, je peux entrer ? Frappe mon père à ma porte.
Depuis, je reste assis contre la fenêtre sans jamais bouger, enveloppé dans ma robe et longue robe de chambre blanche. Je n’ai aucun mal à deviner les cernes sous mes yeux et mon teint livide.
N’attendant pas que je lui dise ou non d’entrer, mon père vient de lui-même me rejoindre. Il me rend visite une fois par jour et fait appel aux meilleurs guérisseuses pour me sauver, mais rien n’y fait. J'ai les mêmes symptômes qu'avait Hugo. Je réalise donc que je suis bel et bien l’âme sœur de Ridzac et que je ne peux l'accepter. Pas après ce qui s’est passé entre nous.
- Tu n'as rien mangé, constate-t-il en regardant mon plateau repas sur la table de chevet.
Je le regarde à peine dans les yeux pour ne pas croiser son regard et voir la pitié dans ses pupilles. Je n’ai pas besoin de sa compassion, je ne veux pas être vu comme quelqu’un de faible qui a besoin d'un gardien en permanence. J’ai une épée et même en dépression, je peux encore la retirer de son fourreau.
- Ça va, commence pas à te comporter comme un père avec moi alors que tu n'as jamais pris la peine de me voir comme un fils.
- Loïck, je… tente-t-il de se justifier.
Je me lève en titubant mais le repousse quand il tente de me venir en aide. Je ne sais pas quoi penser de notre relation mais elle n’a jamais été profonde. Mon père et moi sommes deux étrangers. Je ne veux pas de sa compassion.
- Est-ce que tu me détestes à ce point ?
Il reste devant l’entrée alors que je prends ma béquille contre très moi. Puis, je relève le regard pour croiser le sien perturbé. Ses yeux sont humides, dévastés par la peine et le chagrin. Malheureusement, je ne suis pas touché, je n’arrive pas à me mettre à sa place et à partager cette émotion. Il m'a délaissé pendant trop longtemps pour que je puisse ressentir la même chose que lui.
- Peut-être, qui sait.
Ne trouvant rien à me répondre, je décide de jeter mon regard ailleurs et de ne pas le regarder plus longtemps et quitter la chambre tant bien que mal. Arrivé devant la porte d’entrée, je demande à l'un des hommes de mon père de m'escorter à mon fiacre et de prendre le chemin de la petite clairière où est enterré mon frère. Il est la seule personne à qui je peux me confier. Le seul à être dans mon cœur.
- Nous y allons, Altesse.
- Oui, fais donc.
Je pose ma béquille contre la banquette avant de jeter mon regard sur le décor qui défile lentement et de repenser à tout ce qui s’est passé. Je ne pensais pas que la présence de Ridzac allait tant me manquer. Bordel, je ne dois pas craquer après ce que j’ai subi. Je ne veux pas repenser à ce qu'il m'a affligé ce soir là. Peut-être qu'il est mieux pour nous de séparer nos chemins.
M’enfin, je subi la même chose qu’Hugo. Son absence m’affecte et est en train de me tuer. Mais c’est préférable, je n’ai pas ma place à ses côtés. Nous sommes trop différents et de parfaits étrangers. Je ne peux pas remplacer Hugo et élever Nyia. Je n’ai pas ce droit. Je fond en larme dans le fiacre en revoyant les souvenirs d'enfant, d’Hugo et de Ridzac. De ces moments passés avec Nyia, loin de la cour et de mon père. Un père qui me trouble et dont notre relation est indéfinissable. Je suis perdu. Tout se mélange et je ne peux pas penser rationnellement. Mon cœur est perturbé et complètement dévasté. Mais il bat. Il bat pour ce loup blanc.
- Mais tout est fini…
Je ne reverrai jamais plus Ridzac.
Et comme les larmes qui m’échappent, la pluie ne s’est pas arrêtée depuis.
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LOÏCK ET LE LOUP BLANC
WerewolfAu royaume de Ksentar'aya, Ridzac a le devoir de protéger le roi. Seulement, il doit également veiller sur Loïck, son fils. Mais ces deux hommes qui n'appartiennent pas à la même nature entretiennent des rapports délicats. Lié par une promesse qu'i...