Chapitre deux.

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Je retrouve le père de Loïck dans la salle du trône. En plus d'être un roi respectable, il est un précieux ami. Le servir est un véritable honneur. Cependant, depuis la mort de son fils, il a changé. Pas avec moi, mais avec Loïck. Ils sont plus distants que jamais. Il est vrai que ces deux là ne s'entendent pas spécialement, mais les choses ont semblent-elles empirées. 

Son fils est d'ailleurs à cran face à son père. Arrivé à un certaine âge, il doit commencer à penser à son avenir. Il est à présent l'unique héritier de Ksentar'aya. À vingt-quatre ans, il doit sérieusement se remettre en question. Est-ce qu'un humain aussi naïf que Loïck pourra devenir notre nouveau roi, le moment venu ?

En tout cas, je serai là pour le voir de mes yeux et il aura mon soutien le plus précieux.

- J'ai dit non, vieille homme !

La voix de Loïck porte dans toute la salle. Encore une fois, lui et son père ne tombent pas d'accord. Même si ce dernier a plus de caractère que son cadet, il se met bien plus la pression. Mais à force d'avoir son père sur le dos, je peux comprendre qu'il soit à bout.

- Ce n'est pas toi qui décide, jeune homme !
- Tu m'as mis au monde en m'appelant Loïck ! Aie au moins la décence de m'appeler par mon putain prénom !

J'assiste à cette dispute sans bouger. Même si j'ai promis à Hugo de le protéger, il est suffisamment grand pour régler ses comptes avec son père. De toute façon, nos relations sont très tendues entre lui et moi.

Mais je peux comprendre sa colère pour une fois. En effet, le roi souhaite que son fils se marie. Pour cela, il organise un banquet en son honneur dès ce soir Évidemment, Loïck, pris de au dépourvu, ne l'accepte. Mais ce n'est pas rare pour un roi de marier son enfant par arrangement.

- Tu as toujours eu ton préféré de toute façon, alors ne vient pas me chercher quand tu n'as plus d'autres choix. Débrouille toi avec cette histoire !

Mais rien ne peut m'échapper. Même si Loïck refuse ma présence et ma protection, je suis son gardien, et je ne le quitte pas des yeux. Même quand il doit s'endormir.

Et Loïck n'a jamais connu l'amour. Alors lui imposer quelqu'un lui met la rage au ventre. Lier son destin avec une personne qu'il ne connait pas est entravant. Sa mère est morte quand il était plus jeune. Il n'a jamais pu l'accepter. Alors quand son père a commencé à ramener des femmes ici, son fils s'est mis à le détester. Il considère le comportement son père comme une trahison envers sa mère.

Je ne sais pas quoi en penser réellement. Hugo m'a demandé d'être heureux, mais ce n'est possible qu'avec lui. Je ne pense plus pouvoir aimer quelqu'un comme je l'ai aimé lui.

Mais je ne peux pas blâmer le comportement de Louis. Je connais mon ami. Il baigne dans la luxure pour effacer son chagrin. Ce que son fils ignore, c'est sa souffrance. La perte de sa compagne à été une véritable épreuve pour cet homme.

Mais je comprends également la réaction de Loïck. Celle d'être lié à quelqu'un qu'on ne choisit pas.

Et c'est exactement pôle cela qu'aujourd'hui, il me déteste. Lui comme moi n'avons choisi cette situation. Je lui impose ma présence parce que je ne peux pas trahir son frère et rompre ma promesse. Et encore une fois, il me reproche de vivre dans l'ombre d'Hugo.

D'un côté, il a raison.

J'ignore s'il s'inquiète vraiment pour moi, mais ça me touche de l'entendre dire ça. Il est le seul à me dire les choses en face et à juger mon comportement. Si parfois, Loïck fait preuve de maladresse dans ses propos, il agit toujours avec son cœur.

- Très bien, j'irai à ce maudit banquet...

Loïck ne faisait jamais semblant d'être en colère. J'ai beau ne pas m'entendre avec lui, je dois admettre que certaines choses me plaisent. Il a toujours eu ce franc parler. Il prend les choses à cœur et quand il entreprend quelque chose, il le fait jusqu'au bout. Au point de s'entêter quand il n'y arrive pas. Il a un bon fond mais un sale caractère. Je suis certain que mêmes les gens de son père ne voudraient pas le rencontreraprès réflexion.

Quel gâchis quand on voit sa beauté.

Il soupire alors d'agacement puis rebrousse chemin. Il claque violement la double porte derrière lui, marquant un peu plus sa haine envers son père.

Quand je regarde le roi, ce dernier se rassit sur son trône, énervé et attristé par la réaction de son fils.

Ils se ressemblent tellement.

Son père a de magnifiques cheveux sombres et des yeux aussi rouges que le sang qui coule dans nos veines. Il porte sur son visage les marques de la vie, et sa longue barbe charnue lui donne quelques années de plus. Même s'il s'y prend mal avec Loïck, il reste un bon père et un roi exemplaire. Loïck aura beau le détester, en attendant, il fait son travail.

Le peuple l'apprécie et a de très bonnes relations avec les terres voisines.

- Tu devrais le rejoindre, Ridzac.
- Sans vouloir te manquer de respect, je ne suis pas sur que de soit le bon moment.

Petit à petit, je vois à vu d'œil que mon ami se détend. Il a conscience de mal s'y prendre avec son fils. Mais Loïck n'est pas Hugo. Et ça, il ne l'accepte pas. Il l'aime, ça je n'en doute pas. Mais le caractère à la fois brusque et froid de ce dernier le déstabilise.

- Il est difficile de le cerner, et encore plus depuis la mort de son frère. Je pense que Loïck se sent un seul. Mais il est le seul fils qui me reste. Ridzac, je sais que je ne devrais pas de demander une chose pareille, mais protège le.

Cette demande ne fait qu'appuyer sur la promesse que j'ai faite à Hugo. La blessure dans mon cœur ne se refermera jamais. Tout ce qui m'entoure me rappelle Hugo...

- C'est déjà le cas, mon ami.

Oui, parce que je l'ai promis à mon défunt. Il est la seule raison pour laquelle j'ai accepté ce choix démesuré. Quand je vois Loïck, je ne peux m'empêcher de les comparer. Hugo souriait tout le temps. Il était doux, affectueux et toujours courtois. Loïck, a une allure plus sombre et son caractère renforce cet aspect de sa personnalité. Il est têtu, insociable et facilement irritable. Mais par amour pour son frère, j'ai accepté de le protéger en sacrifiant ma propre existence.

Je ne suis pas pour autant un larbin. Je ne le sers pas. Mais je ne le quitte jamais des yeux. Et avec le temps, je me suis imprégné. Comme si j'avais scellé le reste de mes jours avec les siens.

Dans un sens, nous sommes prisonniers de cette promesse que parfois, je regrette. À quoi pensait Hugo en me demandant une chose pareille ?

Je salue Louis avant de refermer les portes du trône derrière moi. En temps normal, je serais parti rejoindre son fils mais il a besoin de se retrouver seul. Je le sens. Il doit certainement pleurer en pensant à son frère. Même après deux ans, personne ne peut faire son deuil. Il est impossible de vivre normalement quand on a perdu un être cher.

Hugo était tout ce qu'il y avait de plus innocent dans ce monde.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant