Chapitre vingt-six (partie une).

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- Qu’est-ce que tu fiches ici, toi ?

En arrivant au cimetière, je tombe sur Ridzac. Mais il n'est pas seul. Il est accompagné du prince d’Ibn Fadhan. Cet espèce de gamin à la beauté ravageante. La pluie est encore plus forte depuis mon arrivée ici, si je suis trempé, tous les deux le sont aussi.

- Loïck ?

Le loup blanc me regarde par-dessus son épaule, me présentant simplement son dos.

S'il s’étonne de ma présence ici, le garçon à ses côtés recule quand je le foudroie du regard, lui aussi. Il doit avoir peur de moi à cause de mon expression sévère.

- Je vois, tu n’as pas pu avoir les deux alors tu prends le premier venu, c'est ça ?
- Loïck, tu sais parfaitement que ce n’est pas vrai, me répond Ridzac.

Ça, je le sais ! Mais je ne supporte pas l’idée qu'il emmène des étrangers sur la tombe de mon frère. Et encore moins un gamin prétentieux comme lui.

- Je t'ai déjà dit de nous laisser tranquille Hugo et moi ! Lui crié-je dessus, au bord des larmes.

Y'en a marre à la fin ! Je n'arrive pas à détester ce salopard de loup blanc alors que je le devrais. Je veux me débarrasser de ce lien et de ces sentiments que j’éprouve pour lui, mais n'y parviens pas. Je n’ai plus la force d'affronter Ridzac ou le destin. Je veux que tout cela cesse et que l’on frère repose en paix.

Je ne peux pas prendre soin de lui comme le désire Hugo. Nous ne sommes pas fait non plus pour être ensemble, lui et moi.

- Loïck, m’appelle Estella depuis sa place. Pourquoi es-tu vexant avec Ridzac ?

Je vois, mignon physiquement mais pas si naïf que ce que j'imaginais. Décidé à mettre un terme à cette mascarade dénouée de sens, je m’approche d’eux en fronçant les sourcils. Et sur le chemin, je laisse tomber les fleurs d’Hugo qui prennent la pluie. Ridzac et lui en ont déjà mis sur sa tombe.

Mais quand j'arrive à leur hauteur, je passe entre leur corps pour m’arrêter devant la tombe d’Hugo. Je les ignore alors que je sens le regard du plus jeune de poser sur moi.

Puis, dans un geste non mesuré, je commence à piétiner les fleurs tout en hurlant. Je fond littéralement en larmes alors que les pétales restent collés aux semelles de mes bottes. Estella tente de m’en empêcher en passant ses bras autour de mon bras.

- Loïck, ne fais pas une chose pareille, je t’en en prie ! Me supplie-t-il désespérément.

Il m’irrite plus qu’autre chose avec sa voix enfantine et son visage de bébé.

- Ne me touche pas !

Si Ridzac reste complètement pétrifié par mon geste, Estella refuse de s’éloigner et je commence par l’insulter sans penser un mot de ce que je lui dis. Mais je le déteste, lui et sa tête d’ange. Lui et son maudit compagnon qui respirent le bonheur !  Lui et son maudit sourire niais. Alors que je suis là, prisonnier du passé à pleurer mon frère qui ne reviendra jamais. Au fait qu’entre Ridzac et moi, c'est impossible.

Je réalise à cet instant à quel point le destin est impitoyable et que je le déteste de m'avoir lié à cet individu.

Dans ma folie, je tire ce gamin par les cheveux avant qu'il en fasse de même pour moi. Et s’il me frappe au visage, je lui rends son coup. À tour de rôle, chacun porte sa main sur l’autre. La pluie ne facilite pas la tâche et par moment, nous glissons. Ce garçon avec qui je me bat est en pleurs. Mais pas à cause des coups et des blessures, mais parce qu’il est attristé par la situation et est clairement du côté de Ridzac. Et quand je regarde ce maudit loup, qui se tient debout, le regard perdu dans le vide, j’ai simplement envie de lui arracher les poils de son pelage avec mes mains pour le faire souffrir.

- Va te faire foutre !

Quand nous glissons par terre, Estella se retrouve d’abord sur moi. Il me fait des reproches tout en me frappant au visage. Quand il m'ouvre à la lèvre, je manque de m’étouffer avec mon sang. Mais moins endurant que moi, il se fatigue plus vite et je reprends le dessus. Roulant sur moi-même, il perd l’équilibre et tombe à son tour dans la boue. Je profite de ce moment pour monter sur lui et lui rendre ses coups. Je le frappe dans l’espoir de passer mes nerfs, de soulager ma douleur et de me débarrasser de ma frustration sur lui. Nous pleurons tous les deux, oubliant même la présence de Ridzac qui est impuissant dans notre conflit.

Puis, quand la pluie se calme un peu, je me relève en laissant Estella au sol. S’il tente de récupérer sa respiration, je ne contrôle absolument plus rien, guidé par la haine.

Alors énervé, je lève mon pied juste au dessus de son ventre, lui jetant un regard noir.

- Qu’est-ce que tu sais de moi, espèce de gamin !? Rien du tout !

Je lis la peur sur son visage et dans son regard au moment où ma jambe s'abat sur lui.

- N-Non ! Crie-t-il.

Avant que mon pied ne s'abatte sur lui, Ridzac réagit en m’expulsant contre l’arbre le plus proche.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant