9-Gold touches wood

2.4K 205 3
                                    


   Miracle sur miracle.

Je n'aurais aucune mort sur la conscience.

  Ils ont réussi à extirper les autres passagers de la Honda à temps, ainsi que le type de l'autre voiture. Le fait que cette route ne soit pas loin de l'hôpital a vraiment changé la donne.

  Bon, après, je n'aurais peut-être pas de morts sur la conscience mais l'état critique des blessés ne me permet pas de crier victoire trop vite.

  À entendre les médecins qui passent et repassent sans arrêt, ça s'annonce mal pour le type de la bagnole rouge qui a violemment été atteint à la moelle épinière. Il ne pourra peut-être même plus remarcher.

  Je sens que je ne vais pas couper à l'interrogatoire. Et que je vais me faire passer un savon du diable par Martin. En sauvant sa fille et laissant d'autres personnes en danger seules, ma réputation ne risque pas de s'améliorer.

  La police ne prendra pas en compte mon acte d'héroïsme. Ils ne retiendront que le mauvais : mon héroïque fuite.

   Malgré tout, si je pouvais revenir en arrière, je les laisserai quand même tous y passer.
  OK, je suis un salaud.

  Je n'ai pas dormi de la nuit et je me sens fatigué. On est dimanche et je ne sais pas combien de temps j'ai avant que Martin ou la police arrive. Sûrement pas beaucoup. J'achète un sandwich au thon au distributeur, que j'engloutis en trois secondes, et mets un point d'honneur à ignorer royalement les appels de Grayer.
  Je ne suis pas encore prêt à lui dire que j'ai complètement bousillé sa caisse. Ni même à encaisser ses reproches. C'est dingue, je n'ai jamais su comment il arrivait à me supporter. Il faudra que je lui demande un de ces quatre. S'il ne me fout pas dehors avant.

Je sens les blessures que j'ai sous le coude et à la main me lancer. L'adrénaline retombée, elles commencent à me démanger. Mais je n'essuie ni le sang, ni ne désinfecte la plaie.

  Mes prédictions finissent par se réaliser. Martin a été appelé dans la nuit et est venu aussi vite que possible.

Les autorités ont été contactés pour que je puisse donner ma version des faits, vu que je suis le seul témoin debout sur mes pieds.

-Vous dites que...vous êtes partis avec Mlle Goldshard en laissant les autres passagers dans le véhicule ? répète l'agent en fronçant les sourcils.

  Je ne cherche même pas à le nier.

-Ouais. Écoutez, je sais que c'est un comportement égocentrique et que j'aurais probablement dû leur venir en aide, mais je ne les connais pas. Brenna, si. Je sais qu'elle ne méritait pas de...

  Je ne termine pas ma phrase. Waouh. Ce n'est pas avec ça que je risque d'arranger ma situation. Il va penser que je suis totalement cinglé et m'embarquer définitivement.

  L'agent de police m'observe longuement avec son calepin à la main, essayant de décoder l'instable trou du cul qu'il a en face de lui. J'aimerais lui faciliter la tâche et me coffrer tout de suite pour qu'il arrête de me regarder comme ça.

-En somme, vous étiez prêt à risquer la vie des autres pour être sûr que la sienne soit hors de danger.

  Je hoche la tête, impatient d'en finir.
  L'agent sourit, imperturbable.

-Ce sera tout, M.Goldshard.

   Il faut patienter encore deux heures avant que quelqu'un se décide enfin à me donner plus d'informations.

  Martin, toujours angoissé, dans son costume hors de prix, est le premier à venir me voir. Des rides encore plus conséquentes creusent des sillons sur son visage.

Mortal VenomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant