33-Scars and fears

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C'est Henry qui m'a sauvé.

Comme d'habitude, en fait. J'étais incapable de réfléchir, mais il est venu me chercher, sans me poser aucune question indiscrète.

Il savait que je refuserai de rentrer chez moi, donc il m'a ramené chez lui.

J'ai profité de l'hospitalité des Wixells sans un mot de remerciement ; j'étais bien trop occupé à m'apitoyer sur mon sort. J'ai squatté leur chambre d'amis, et ils ont été bien sympas de me laisser un peu respirer, un peu d'espace.

Il m'a fallu quatre jours avant de recommencer à pouvoir adresser la parole à quelqu'un.
Il se trouve malheureusement que ce jour-là était un samedi, et que c'était aujourd'hui que Martin partait voir Scarlett avec Colleen.

Colleen. Comment réagirait-elle en revoyant sa mère ? Je réalise que je n'en ai aucune idée.

La semaine de vacances étant bientôt terminée et Noël approchant, je savais que je ne pourrais pas me cacher indéfiniment. Mais cette parenthèse me réconfortait quand même.

Quand je descends les escaliers pour la première fois depuis plusieurs jours, je suis bien content de sentir une odeur de pancakes émaner de la cuisine. Même si mon estomac a l'air rempli d'acide sulfurique.

Je trouve Henry dans le séjour, occupé à dresser la table pour le petit-déjeuner.

Dès qu'il me voit, son visage s'illumine.

-Hé, Aidan.

Je lui retourne son sourire, pour ne pas lui faire de la peine, même si je n'ai qu'une envie : me fracasser le crâne contre les marches pour qu'on en parle plus. Mais il ne me le pardonnerait pas.

-Je n'ai pas très faim, dis-je en arrivant en bas des escaliers.

-Arrête de mentir, me taquine Henry. On t'a laissé te cloîtrer dans cette chambre trop longtemps. Il faut que tu sortes.

-Je n'ai pas envie de...

-Ce n'était pas une question.

Il me force ensuite à manger deux pancakes, et je m'exécute, uniquement pour lui faire plaisir. Je bois également du jus d'oranges, même si je n'aime pas spécialement ça d'habitude.

Je remonte ensuite me changer, parce que je sais que si je me défile, Henry risque de me faire passer un sale quart d'heure.

Je n'aurais pas été contre une matinée à juste dormir avec lui, mais j'ai un peu peur de comment mes désirs d'animal sauvage pourraient se manifester dans mon état actuel.

Brenna est passée plusieurs fois m'apporter des vêtements de rechange, dans l'espoir de me voir je crois, mais je ne suis jamais descendu.
Je me sens un peu coupable de lui infliger ça mais je ne pouvais tout simplement plus vivre sous le même toit que ce connard de Martin.

J'enfile mon jogging noir (le seul sans marque), avec un sweat-shirt noir à capuche (noir aussi).

Je remets les Air Max que j'avais en venant ici parce que je n'ai pas d'autres paires puis je redescends, curieux de savoir où Henry compte aller.

Malheureusement, le suspense ne dure pas car il me le révèle une fois dans la voiture (de sa sœur).

-La plage ! fait-il fièrement.

-Encore ?

-Comment ça, encore ? dit-il en démarrant. Ça va être la première fois que tu me vois surfer.

-Mais t'es malade ? On est pratiquement en hiver.

-Oh, ça va. Il ne fait pas si froid que ça.

Je secoue la tête. Les vitres sont pleines de givre mais pour lui, il ne fait pas si froid que ça. J'ai l'impression de voir le reflet des bêtises que je suis constamment en train de faire. Et je souris malgré moi.

Mortal VenomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant