18-Hurted

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J'ai mal.

Physiquement, mentalement, partout. Le temps qui s'est écoule durant ma léthargie ne m'a pas permis de me rendre ma lucidité. Mon envie de meurtre s'est simplement émoussée car j'ai tellement mal à la tête qu'entrouvrir les yeux me demande un effort surhumain.
Et quand j'y parviens, je ne suis pas satisfait de ce que je vois.

Les murs de mon ancienne chambre. Là où j'ai grandi. Chez les Goldshard. Je donnerais n'importe quoi pour être ailleurs à ce moment-là.
À cet instant précis où je lutte pour rester conscient et ne pas sombrer dans l'hébétude à nouveau, une silhouette se détache devant la porte.
Martin.

Je ne suis pas d'humeur alors je referme les yeux, faisant semblant de dormir. Mais il m'a vu, et ne compte pas lâcher l'affaire.

-Aidan.
Je veux l'ignorer, lui crier dessus, l'insulter de porc mais la seule chose qui me vient, c'est :
-Tu m'as assommé.

Il soupire.

-Si je ne l'avais pas fait, Dieu seul sait dans quelle situation tu serais maintenant. Mort ou en prison.

-Je me fiche de la prison, cette raclure méritait de mourir.
-C'est peut-être le cas, mais tu sais que chaque acte a ses conséquences ? À quoi ça nous aurait avancé que tu te retrouves derrière les barreaux ?!! s'énerve Martin.

Je ne réponds pas et laisse sa phrase en suspens. Je suis beaucoup trop mal pour faire autre chose que ruminer en silence. Cependant, je ne garantis pas que dès que je serais de nouveau sur pied, je n'irais pas démembrer cet imbécile de Grayer.

Martin patiente encore une minute, avant de lâcher l'affaire devant mon refus de parler.

Je lui en veux toujours de m'avoir rétamé, mais dans l'ordre des priorités, je veux bien momentanément oublier cette parenthèse. J'ai d'autres soucis.

Il s'écoule une demi-heure, dans laquelle je constate avec effroi que ma tête me lance toujours aussi fort, et mes pensées se retrouvent toujours autant embrouillées. Je tente de percer le mirage, sans succès. Je n'arrive même pas à remuer un doigt. Martin a-t-il autant de force ? Ou suis-je devenu une loque malgré moi, après tout ce que je viens d'apprendre ?

Je me rappelle d'un coup la réaction de Colleen quand on avait évoqué Grayer à table. Comment n'ai-je pas pu prendre tout ça au sérieux ? Tout, absolument tout, me rappelle mon impuissance.

Après un laps de temps impossible à déterminer où je n'ai pas progressé le moindre du monde, je sens tout à coup une main essayer de se glisser dans la mienne.
Je réussis d'un mouvement sec à me retirer, en reconnaissant Brenna.
-Aidan...
Malgré moi, je suis encore furieux contre elle. Blessé, même.

-Laisse-moi, Brenna.
-Il faut que tu m'écoutes. Je peux tout t'expliquer....
-Je n'ai pas envie de t'écouter.

Sans que je comprenne comment, mes yeux s'humidifient soudainement. Je cligne plusieurs fois des paupières pour chasser cette stupide marque de faiblesse qui transparaît au moment où j'en ai le moins besoin.

-Va-t-en, s'il te plaît, dis-je dans un murmure.

J'entends un sanglot étranglé de sa part, avant qu'elle sorte de la pièce, anéantie.
Mais je le suis aussi.

Les larmes, que je n'avais pas senties venir depuis de nombreuses années, avaient été sur le point de sortir. Je ne les ai pas laissées, j'avais encore besoin de me dire qu'il me restait le contrôle sur quelque chose, même d'aussi insignifiant.
Comment ma vie est passée d'inutile a chaotique.
J'ai juste envie de crever. Et que cette foutue douleur cesse.

Je reçois un troisième visiteur. J'ai envie de crier qu'on me laisse tranquille, qu'on fiche le camp, mais je n'arrive plus a articuler le moindre mot en reconnaissant Henry.
Ses yeux bruns n'expriment ni dégoût, ni pitié, rien de ce que je redoutais de voir. Je ne sais pas quoi lui dire alors je ne dis rien.

Mortal VenomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant