19-Sad end

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La vie a malheureusement dû continuer après ce douloureux épisode. Puisque je ne pouvais pas rester chez les Goldshard, et que je préférerais crever cent fois que remettre les pieds dans l'appartement insalubre de Grayer, j'ai dû faire appel à la clémence d'Asher et Aave Williams, qui ont accepté de me laisser dormir à la fraternité, le temps que je trouve mieux. Ça m'ennuie de leur demander de l'aide comme ça, mais je n'avais pas vraiment le choix.

Enfin si. Cress m'a proposé de squatter son studio quelques temps, mais je ne me sentais pas d'avoir à réfléchir à la possible ambiguïté de sa gentillesse, alors j'ai refusé.

J'avais besoin d'oublier tout ce qui avait attrait aux relations, sérieuses ou non, pour me concentrer sur le dernier problème.
Où se trouve Grayer Tamlin ?

J'ai été tenté d'aller voir au jardin d'enfants de sa petite sœur, Piper, pour le surprendre là-bas, mais je me suis dit que ces enfants n'avaient pas à être témoins du massacre. Je n'avais pas spécialement envie de l'épier en bas de chez lui, pour la simple et bonne raison que son habitat dégageait une toxicité qui m'empoisonnait l'esprit. Alors il me rendait la tâche beaucoup plus compliquée.

La dernière option serait d'aller jusqu'à son garage, et lui régler son compte après son service.
Je suis bien conscient de l'ampleur du désastre dans lequel je me précipite, mais une digue a cédé en moi, et je ne suis plus moi-même. Je ne le redeviendrais peut-être jamais. Mon meilleur ami a trahi ma confiance, en se servant de moi pour atteindre Brenna, et même si je ne connais pas toute l'histoire, ce que j'ai appris est amplement suffisant pour qu'après...
Je ne regrette pas.

Bon sang, dans quoi je m'engage...
C'est bien simple : dans un aller sans retour. Un ticket simple pour la prison à vie, ou encore mieux la chaise électrique.
Risquer tout ça ne me dissuade pas de faire ce que j'ai à faire. Je crois n'avoir jamais autant été détaché d'un acte comme celui-ci.

Ce qui est sûr, c'est que quand l'édifice va s'écrouler, il va y'avoir des dégâts. Et pour que les dommages collatéraux ne soient pas trop énormes, j'ai dû éloigner tout le monde de moi. Henry, Brenna, Martin, Colleen...

C'est mieux s'ils me détestent. Cela leur permettra de m'oublier plus facilement et de ne pas verser de larmes pour moi. Car je ne les mérite pas. Je l'ai déjà dit mais je le répète : je ne les mérite pas.

Les vacances sont sur le point de commencer ; il reste à peine deux semaines avant le fichu bal d'automne de Brenna. J'y pense maintenant, car je ne lui ai pas reparlé depuis l'autre jour, même si mon instinct me soufflait de lui laisser une chance de s'expliquer.

Il fallait qu'elle croie que je l'ai abandonnée, pour qu'elle puisse me détester.

Je n'ai toujours pas laissé tomber mon idée de retrouver le cancer Grayer. J'y consacre des après-midi entiers, à essayer de voir quand ses journées se terminent, ou quand il travaille à plein temps.

Mais il est malin. Carrément malin. Il connait mon plan et s'arrange pour disparaitre au meilleur moment.
Je commençais à perdre sérieusement patience avec ces combines de lâche, quand j'ai fini par le surprendre enfin.

Un jeudi après-midi comme les autres, sauf que la pluie qui descendait du ciel nuageux était glacée.

Mais je n'y ai pas prêté attention quand j'ai vu Grayer sortir du bâtiment affublé d'une caisse à outils plus grande que lui.
Mes efforts avaient donc fini par payer.

Je l'ai suivi à distance sur quelques dizaines de mètres, cherchant le bon moment pour lui sauter dessus, quand mon sixième sens s'est activé. Grayer Tamlin est malin. Pourquoi ferait-il une erreur aussi stupide aujourd'hui ?

Mortal VenomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant