20-From the deep of my heart

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J'ignore comment j'ai atterri devant cette porte. J'ignore comment je me souviens du trajet jusqu'ici : c'est tout juste si j'ai eu la force de me traîner comme un mourant.

Pourquoi es-tu ici, Aidan ?

Je n'en sais rien. Je sais juste que je suis à l'article de la mort, et que je n'ai pas l'énergie de me traîner plus loin.
Alors je tape à la porte, deux fois, laissant des marques rouges sur le carreau propre. Mes phalanges sont couvertes d'ecchymoses violacées et ma main tremble. Bordel, ça ne va pas le faire.

J'aurais dû crever gentiment sur le trottoir, comme prévu.
Ça aurait été mille fois mieux, et franchement, beaucoup plus simple pour tout le monde.

Après une effroyable minute où je lutte pour ne pas fléchir sur mes genoux, la porte finit par s'ouvrir.

Sur Henry.

A l'instant où je vois son air ébahi devant mon incroyable panoplie de blessures, je me dis que je ne pouvais pas avoir de plus mauvaise idée. Qui suis-je pour encore venir réclamer de l'aide après tout ce que je lui ai fait ?

-Aidan...murmure-t-il horrifié. Tu ne devrais pas être là...
-Je..Je n'aurais pas dû venir. Oublie que je suis passé, bredouillé-je dans la confusion.

Je m'écarte du mur adjacent pour repartir de là où je suis venu, mais tout à coup, mon corps refuse d'avancer, et s'effondre lamentablement au sol, vidé de toutes traces d'énergie.
Ma tête se retrouve écrasée contre le passaillon, trempé d'eau de pluie.
-Aidan ?
Je ne sens plus rien.
-Aidan ? répète Henry en me secouant par l'épaule.
Plus rien du tout.

Le trou noir de l'inconscience m'attrape malgré moi, et je perds immédiatement connaissance.

****

J'ouvre les yeux dans une ambiance autrement différente de celle qui me reste en mémoire. La pluie glacée, le soleil qui décline, le froid,...

Je suis à l'abri, a l'intérieur, et la chaleur qui se dégage de la pièce est tellement confortable que j'en oublie un instant mes soucis. Juste un instant.

Je suis allongé sur un canapé en velours, recouvert d'un plaid aux couleurs marines constellé de dauphins. Cette couverture ne peut appartenir qu'à une seule personne. Je respire à fond son odeur, et tout d'un coup, le voile pesant qui m'empêche de réfléchir s'évapore.
J'ai à nouveau recouvré la raison.

Parce que je réalise ce que j'ai fait. Du mal, du mal, et encore du mal, à toutes les personnes possibles et inimaginables. Au lieu de soutenir Brenna et de l'écouter pour une fois, j'ai préféré me lancer dans une vendetta perdue d'avance contre un mec qui n'aurait pas mérité que je fasse autant d'efforts pour le rayer de la surface de la Terre. J'ai agi en égoïste, comme toujours. Et j'en suis mort de honte, putain.

Je grimace en me redressant. Ma tête me lance encore, mais je peux m'assoir sans avoir l'impression de tourner de l'œil. Je porte la main à mon front. Ma coupure a été bandée et désinfinctée, ce qui me fait réaliser que j'ai de nouveau une dette envers Henry.

Ce dernier surgit deux minutes plus tard, vêtu d'un tee-shirt gris et un jean noir, l'air pas du tout content de me voir.
Il s'appuie contre la table du salon, et prend une grande inspiration.

-Tu ne peux plus faire ce genre de choses, Aidan.
-Je sais.
-Non, tu ne sais pas, me corrige-t-il en râlant. Tu ne peux pas me repousser comme un pestiféré puis revenir débarquer à l'improviste entre la vie et la mort pour que j'ai pitié de toi. Tu comprends, ça ?

Mortal VenomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant