Mortal Venom

26-Goldshard first

Je traverse tout le gymnase pour atteindre les vestiaires. Sur mon passage, j'entends des chuchotements indiscrets, sûrement parce que ces connards d'ados m'ont reconnu. J'ai eu envie de leur coller mon poing dans la figure mais ma préoccupation initiale m'en a empêchée.

La culpabilité de l'avoir laissée tomber pendant tout ce temps m'est revenue en force. Je ne servais vraiment à rien.

Heureusement que j'ai trouvé Henry.
J'aurais pu passer le reste de ma vie à nourrir de la haine envers mon prochain.

Je pousse doucement la porte du vestiaire des filles, conscient des sanglots que j'entends à l'intérieur.
Mince, elle pleure.

-Brenna ? Brenna, c'est moi. Aidan.
-Casse-toi, entendis-je.

Ça commence bien.

Je rentre dans la pièce et la découvre assise contre les casiers, la tête contre les genoux, les bras repliés autour des jambes.

-Casse-toi, je te dis, répète-t-elle en reniflant.

Je m'avance, ne sachant pas trop quoi dire. Je n'ai jamais été doué en matière de réconfort. Ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Autant aller droit au but dans ce cas.

-Je n'aurais pas dû me mettre en colère contre toi, la dernière fois. J'aurais dû t'écouter.

Elle ne répond pas.

-Si tu veux toujours me le dire...Je t'écoute maintenant.

Je m'assois à côté d'elle et j'attends. Je ne sais pas en quoi mes paroles ont eu du poids, mais elle finit par relever la tête, les joues baignées de larmes et me raconter.

-Ça a commencé à peu près deux mois après que tu sois parti de la maison. Grayer venait tout le temps me voir, me demander si j'allais bien, des trucs comme ça. Moi, tu comprends, je venais de perdre maman, et en plus, toi aussi tu es parti. Je me sentais tellement abandonnée...

Je n'avais jamais réalisé à quel point je les avais fait souffrir avec mon départ.

-Brenna..Si je suis parti, c'est parce que je me sentais incapable de vous consoler, que je me sentais de trop dans vos problèmes familiaux.

-Eh bien, détrompe-toi. C'était grâce à toi qu'on tenait le coup. Et tu t'es barré.

-Je ne savais pas.

Je me sens comme une sous-merde maintenant. J'ai vraiment eu le comportement le plus égoïste sur Terre.

-Je t'en ai voulu en plus. Pendant des années. Surtout que tu ne donnais presque jamais de nouvelles. À croire qu'on ne te manquait pas.

Je me sens de plus en plus minable.

-Mais..voilà, Grayer était là. Je lui en étais reconnaissante au début, surtout qu'il nous donnait beaucoup de nouvelles de toi. Mais j'ai fini par capter qu'il attendait quelque chose de moi. Au début, j'étais triste et absolument paumée, donc j'ai plus ou moins cédé à ses avances, m'explique Brenna. Mais après avoir remonté la pente, j'ai compris que j'avais fait une erreur monumentale et que je n'avais aucun sentiment pour lui. Après ça, il a fait semblant d'accepter que c'était fini entre nous et je lui ai fait promettre de ne jamais en parler à personne.