Mortal Venom

30-Collision

   Je ne sais pas vraiment pourquoi mais Marie-Lou a tenu à ce que nous restons manger quelque chose. Après l'avoir vue montrer autant d'hostilité à mon égard, cela m'a surpris mais je ne refuse jamais quand on me propose de la nourriture.

-Je les ai faits moi-même donc faites attention à ce que vous dites, nous annonce Marie-Lou en apportant un plateau.

  Dessus, il y'a une assiette pleine de cookies au chocolat, ainsi que deux tasses et une...théière ?

-Mais c'est n'importe quoi, dis-je à Aave avec mon habituel manque de discrétion. En Amérique, on se dope à la caféine.

-Tu me remercieras quand tu ne crèveras pas d'une crise de foie à tes trente ans, me répond Marie-Lou, imperturbable en retournant dans la cuisine.

Je me retiens de répliquer que le café est plus susceptible de provoquer une tachycardie qu'un problème au foie. Je n'ai pas si envie que ça que Marie-Lou se rappelle de me jeter dehors pour les avoir espionnés sans vergogne.

  Aave finit entièrement sa tasse de thé vert pour lui faire plaisir, mais je vois bien que cet imbécile trouve ça amer. Je coule quatre sucres avant d'oser porter cette abomination à mes lèvres. Enrichi de glucides, ça passe nettement mieux.

Je parle avec le presque beau-frère de mon petit ami de la rude semaine avant nos examens et des récents événements au lycée de Brenna, tout en faisant disparaître les cookies du plateau.

  Je suis réputé pour dévorer comme six personnes, mais Aave est pire que moi. C'est un miracle que nous n'ayons pas encore franchi le seuil de l'obésité.

-Vous avez tout mangé ? s'étonne Marie-Lou en revenant avec une deuxième fournée. Vous gênez pas surtout.

-Faut pas me le dire deux fois, dis-je en avançant les doigts vers les cookies encore chauds.

Marie-Lou tape une esquive arrière pour les mettre hors de ma portée.

-Ce n'est pas super juste pour Asher, se lamente Aave en se rappelant son frère. Il nous attend depuis tout à l'heure.

-Dis-lui de venir.

-On devait prendre le train pour St-Clare il y'a dix minutes. Je ne sais pas quand passe le prochain.

-Oh. Vous allez partir combien de temps ? demande Marie-Lou, légèrement contrariée.

-Une semaine.

-Dans ce cas, vas-y. Je ne voudrais pas que tu sois en retard.

  Aave se relève et se plante devant elle, en lui prenant la main.

-Hé, Lou, je te promets que je vais revenir, la rassure-t-il. Tu me crois, hein ?

  Marie-Lou esquisse un demi-sourire et hoche la tête.

  Rassuré, Aave sourit à son tour et lui plante un baiser sur la tempe. Il s'élance ensuite jusqu'à la porte d'entrée, non sans avoir pris quelques pâtisseries sur le plateau.

-Bonnes vacances, vous deux ! nous lance-t-il en levant l'index et le majeur, en v de la victoire. Faites pas de conneries !

  Et il sort en courant, sûrement pressé d'attraper son train.

-Quel numéro, ce William, sortis-je au bout d'un moment.

-Tu l'as dit, soupire Marie-Lou en débarrassant le plateau. Je n'arrive pas à croire que ma vie vient encore de changer. En fait, je n'arrive pas à croire que ce soit grâce à toi.

-Sympa, je grimace.

  Elle ricane, avec beaucoup moins de méchanceté que coutume, avant de revenir de la cuisine, les bras croisés.
-Non, sérieusement, merci Aidan.