Mon envie de vivre a disparu. Je ne sens plus du tout vivant, découvrant de nouveau le sens du mot vide.
Vide.J'ai réalisé que je n'avais pas prévenu Brenna, mais Scarlett m'a rassuré en me disant qu'elle l'avait fait. Rassurer n'est pas le bon mot. Comment vais-je faire face à tout ça ?
Par contre, sur le chemin du retour, c'est moi qui ai dû annoncer la mort de son père à Colleen. Elle a surréagi bien sûr.
Elle m'a crié, hurlé dessus, et même frappé.
Je l'ai laissée me ruer de coups, car je savais mieux que quiconque ce qu'elle ressentait, et l'escorter à évacuer cette souffrance était la seule chose que je pouvais faire.
Elle s'est épuisée au bout d'une demi-heure, et même si j'avais le torse endolori, je l'ai laissée dormir dans mes bras.
Dès qu'elle s'est endormie, le silence intersidéral est revenu, et plus rien ne me tenait à distance de ma propre souffrance.
Cependant, je ne pouvais y céder. J'avais promis à Martin que je ne m'enfuirai plus, que je veillerai sur ses deux filles.
Alors je devais mettre de côté ma douleur, me montrer fort pour elles.
Sauf que je ne l'ai jamais fait.
J'ai toujours préféré la fuite à l'acceptation des responsabilités.
Et aujourd'hui, je n'ai plus le droit de m'en cacher.
Ça représente beaucoup.Scarlett a promis qu'elle reviendrait, après s'être occupée de récupérer le testament de Martin, et régler toute la montagne de paperasse que vont nécessiter les funérailles.
Je ne sais pas combien de temps ça va lui prendre mais j'aimerais bien qu'elle se dépêche de revenir ; je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir comme ça, sans craquer.
Brenna est revenue vers neuf heures et demie du soir. J'ai posé Colleen sur le fauteuil et je suis parti la voir dans le hall.
Elle avait l'air perdu, anéanti, et ses joues étaient ruisselantes de larmes.
Je n'ai pas trop su comment réagir, mais la question qu'elle m'a posée, après une minute silencieuse, m'a pris de court.-Tu ne vas pas encore nous laisser, Aidan ? a-t-elle sangloté d'une voix chevrotante. Tu ne vas pas t'en aller et nous laisser seules ?
Ça m'a fait mal, qu'elle pense que je serais prêt à mettre les voiles encore une fois, mais je n'ai pas relevé.
-Non, Brenna. Je reste cette fois, l'ai-je rassurée. Je ne pars plus.
Et je l'ai serrée dans mes bras, la laissant pleurer à son soûl.
*
Les jours ont continué à s'écouler, inlassablement. Ils se ressemblaient tous, tous. Noël est passé. Nous n'avons pas envisagé de songer à organiser quoi que ce soit. C'est certainement mieux ainsi.
Je me levais avec le moral à zéro, et je me trouvais incapable de déjeuner, saisi par l'angoisse.
La nouvelle année est passée aussi. J'ai observé le feu d'artifice à Long Beach de loin, en pensant à mon père et à tout ce qui ne se ferait jamais.
Comme cette période excluait la reprise des cours, personne ne sortait, et même si la maison n'était pas vide, un silence de mort régnait sur les lieux.
La nuit, j'entendais les pleurs de Brenna dans sa chambre, de l'autre côté du couloir. Colleen faisait souvent des cauchemars et refusait de dormir seule. Comme Brenna se trouvait incapable d'aller réconforter qui que ce soit, c'est moi qui devais veiller sur Colleen jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
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Mortal Venom
Fiksi RemajaIl ne peut pas s'empêcher de faire du mal aux gens qui l'aiment le plus. Y compris ceux à qui il tient le plus. Sa famille, ses amis, et même la seule personne au monde pour qui il a des sentiments. Il agit toujours comme un poison, un poison mortel...