Chapitre 1 : Abandonner le navire

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Cela faisait maintenant trois mois que tout avait commencé.

Personne ne savait réellement quoi ou qui, était à l'origine de cette épidémie qui avait frappé le monde. Les télévisions et les radios avaient cessé de fonctionner quelques jours après les premiers cas. Tout ce qu'elles avaient appris aux personnes affolées, était qu'un mystérieux virus avait commencé à se répandre.

Une maladie mortelle rendant les victimes extrêmement agressives, insensibles à la douleur et le pire de tout : cannibales.

Tout ce que les gens savaient désormais, ils l'avaient appris par leurs propres moyens. Que ces gens malades n'étaient plus eux-mêmes, que le virus les avait tués et ramené leurs corps à la vie. Leur âme, leur personnalité, tout ce qu'ils avaient été disparaissait. Le virus n'avait que réactivé la partie de leur cerveau leur permettant de se mouvoir et de se nourrir.

Se nourrir ... une insatiable faim de chair fraîche, les réduisant en d'immondes pantins décharnés errant sans fin, sans fatigue, dans le but de se trouver une proie à dévorer.

La pire révélation que la plupart des survivants avaient dû encaisser, était tout bonnement terrifiante. Tous les êtres humains de la planète étaient déjà infectés sans le savoir. Peu importait la manière dont l'on mourrait, l'on revenait invariablement à la "vie" sous la forme d'un rodeur.

Nul ne savait pourquoi ou comment le virus était présent dans le corps des hommes.

Certains pensaient qu'il venait de l'air qu'ils avaient respiré, d'autres de l'eau qu'ils avaient bue. Mais une chose était certaine, chaque être humain de la planète était destiné à finir comme l'un de ces cadavres ambulants errant dans les rues. Beaucoup avaient d'ailleurs fait jurer à leurs proches, de veiller à ce qu'ils ne se transforment pas après leur mort.

Malheureusement, au début de l'épidémie, peu de gens connaissaient cette information primordiale. Et ce fut un véritable carnage. Les gens s'étaient regroupés en communautés et ignorant tout de ce virus, ils vivaient sans savoir qu'ils étaient en danger. Il suffisait qu'une seule personne meure dans le groupe, les autres ne se méfiaient pas et le cadavre s'animait alors pour semer la mort parmi les vivants.

Les jours passaient et apportaient tous leurs lots de morts, de blessés et d'actes barbares. Au début, l'épidémie avait fait un nombre incalculable de victimes. Personne ne pouvait imaginer une chose pareille, il était totalement inconcevable que les morts se réveillent et attaquent les vivants ! Les gens n'y croyaient pas, ou plutôt ne voulaient pas y croire. Trop choqués pour se défendre, ils ne réagissaient qu'au dernier moment, voire pas du tout, et finissaient dévorés par leurs proches, leurs voisins, des inconnus.

Le nombres de morts avait augmenté en même temps que celui des vivants s'était effondré. Les villes s'étaient rapidement faites submerger et l'armée en avait bombardé beaucoup, pour tenter de réduire à néant les hordes de morts. La plupart des survivants avaient compris qu'il fallait à tout pris fuir les grandes villes, trouver un refuge dans un lieu isolé en attendant. Mais en attendant quoi ?

Certains -beaucoup- étaient persuadés que la situation allait bientôt se calmer, que tout redeviendrait comme avant. Ils continuaient de garder l'espoir que l'armée et le gouvernement viendraient bientôt les sortir de ce cauchemar.

C'était comme cela le premier mois. L'espoir continuait d'animer le cœur des gens et les maintenait en vie. Ils ne savaient pas que leur gouvernement, ainsi que l'armée, ne feraient rien pour eux. Ils ne pouvaient rien faire.

Près de la frontière mexicaine, parmi les personnes ayant trouvé refuge dans un des nombreux petits camps de survivants, se trouvait une jeune femme de vingt-trois ans qui tentait elle aussi de garder la tête hors de l'eau.

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