Chapitre 3 - Partie 2

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Ariane se rengorgea et le regarda droit dans les yeux :

— Et de quel endroit paradisiaque tu parles ? Au cas où tu n'aurais pas remarqué, c'est la fin du monde. Ça n'existe plus les endroits parfaitement sûrs. Et en quoi je pourrais y être plus utile qu'avec mon groupe ? demanda la jeune femme avant de se taire quelques instants et de reprendre la parole d'un ton haineux. Ah, et juste comme ça. Si tu tiens réellement à avoir une quelconque discussion avec moi, arrête de parler comme un vieux fasciste ! grogna-t-elle les yeux brillants de rage.

Il éclata d'un rire clair :

— Décidément, tu as du culot et tu as l'air d'en avoir sûrement plus dans le pantalon que beaucoup de mes hommes ! Je vais faire un effort mais je te promets rien. Pour répondre à tes questions, ma famille possède un ranch dans les environs. Il est protégé par mes hommes, et il contient tout ce dont on a besoin pour vivre en parfaite indépendance pendant très longtemps. Mon père est un survivaliste et il a créé ce ranch dans l'hypothèse d'une guerre civile. Mais il n'avait pas envisagé que son apocalypse serait causée par le réveil des morts. Enfin, heureusement qu'il l'avait anticipé, grâce à lui nous vivons parfaitement bien. Nos vaches et nos cultures nous fournissent de quoi manger, et nous avons creusé suffisamment de puits pour avoir de l'eau en bonne quantité. Alors, tu en penses quoi ? demanda-t-il l'air soudain très sérieux.

Ses yeux trahirent pendant quelques secondes une lueur d'incertitude, comme s'il redoutait la réponse de la jeune femme. Elle crut à nouveau voir un enfant cherchant à se faire apprécier, cherchant une quelconque approbation.

La petite partie sadique cachée en elle lui souffla d'attendre un peu avant de répondre, histoire de faire mariner le jeune homme. Elle finit cependant par lui donner sa réponse, après une ou deux minutes de silence :

— J'en dis que ça à l'air d'être un endroit vraiment intéressant, si on envisage que tu me dises la vérité bien sûr. Et en quoi je pourrais être utile si vous avez déjà tout ça ? lança Ariane sur ses gardes.

Il lui répondit d'un ton grave :

— C'est là que je voulais en venir en te faisant venir ici. Le ranch comptait il y a peu, un médecin et deux infirmières. Et ils étaient indispensables pour gérer les blessures et maladies de tous nos habitants. Mais notre médecin est désormais seul et il ne s'en sort plus, nous avons donc besoin d'une personne qualifiée pour le seconder. Et en tant qu'infirmière de bloc d'un des plus grands hôpitaux de Los Angeles, j'ai décidé que tu serais le meilleur choix.

Troy se tut, observant quelles réactions ses révélations allaient provoquer chez son interlocutrice. Et il ne fut pas déçu, celle-ci était interloquée :

— Comment sais-tu que j'étais infirmière de bloc au Good Samaritan ? Comment tu as eu cette information ? Non seulement tu connais mon nom, mais tu es aussi au courant de mon métier ! Tu as dit que tu m'avais fait venir ici, mais tu n'étais pas censé savoir qu'on viendrait aujourd'hui ... Réponds ! hurla la jeune femme sans retenue.

Ariane avait encore une fois laissé sa colère prendre le dessus et révéler son véritable état d'esprit. Elle était sonnée, pleine de rage et de questions sans réponses.

Lui, jubilait intérieurement en constatant qu'il avait réussi à faire perdre ses moyens à la jeune femme une seconde fois, mais qu'elle avait malgré tout continué à lui tenir tête. Cependant, il avait moyennement apprécié qu'elle lui ordonne quelque chose. Il devait vite lui faire comprendre qu'il n'était pas du genre à se laisser marcher ainsi sur les pieds :

— Si tu veux que je te réponde, je te conseille fortement de baisser d'un ton, murmura-t-il la voix soudain très rauque.

Il avait accompagné ses paroles d'un regard intense, effrayant. Et Ariane s'était involontairement reculée de quelques centimètres.

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