Chapitre 2 : Illusions et désillusions

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Le voyage en voiture jusqu'à la base en compagnie de Terry était très divertissant.

Terry conduisait et Ariane utilisait les talkies longue distance pour communiquer avec le campement, les informant de l'avancée du trajet. Elle échangeait également régulièrement avec les deux voitures de leurs compagnons, qui avançaient quelques mètres devant-elles. Ses camarades étaient motivés mais un peu tendus et Éric ne cessait de les contacter toutes les deux minutes, pour peaufiner encore un peu leur plan d'action.

Ariane et Terry préféraient quand c'était Juan, qui les contactait. Le jeune homme préférait amplement papoter joyeusement avec elles, plutôt que discuter une énième fois de leur plan d'attaque. Mais Marcus, qui était déjà d'un naturel peu causant, en eut sûrement vite marre de conduire avec les bavardages incessants de Juan. Car au bout de quelques minutes, le jeune homme cessa de les appeler.
 
Terry était une personne joyeuse, enthousiaste et un peu enfantine. Ce nouveau monde pleins d'horreurs n'avait pas l'air de la toucher autant que les autres. Ou alors, elle savait très bien occulter le mauvais pour ne garder que le bon. Ariane avait appris depuis qu'elle la fréquentait à apprécier les moments en sa compagnie. Ils rendaient l'horreur du quotidien plus supportable et lui mettaient du baume au cœur. C'était une chose précieuse en ces temps si sombres.

Les deux femmes avaient, sur beaucoup de points, un caractère semblable. Bien qu'Ariane soit plus réservée dans ses sentiments, moins exubérante et beaucoup plus directe. Mais toutes les deux étaient du genre optimiste et aimaient rire, faisant souvent des concours de la blague la plus foireuse, ce qui rendait les missions plus joyeuses.

Le trajet jusqu'à la base était justement l'un de ces moments tendus que Terry s'employait à rendre moins morose :

— Tu t'rends compte Ariane ! Si cette base est bien gérée par l'armée, alors on a sûrement de bonnes chances de trouver de l'aide ! Ils auront sûrement de l'essence, d'la nourriture, du matériel médical ... Elle appuya cette dernière remarque d'un clin d'œil amusé. Je sais que c'est c'qui t'intéresse le plus, avoue le ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme.

— Terry, je ne m'intéresse pas qu'à ça tu sais, c'est juste que je suis pas la survivante la plus utile du monde. J'ai le gabarit d'une feuille à rouler et autant de force qu'un poussin sorti de l'œuf ! Je n'ai que mes connaissances médicales à apporter au groupe et j'essaie de les exploiter au maximum. Bientôt, j'aurai appris assez de nouvelles choses pour tenter des opérations ! D'ailleurs, je comptais m'exercer sur toi, t'es le cobaye idéal, tu te blesses deux fois par jour, répliqua Ariane hilare.

— Oh arrête, j'suis juste plus aventureuse que la moyenne, c'est tout. C'est pour ça les blessures, c'est mes cicatrices de guerre ! Quant à ton potentiel de survie, j't'ai vue t'entraîner au combat avec Henry et Juan ces dernières semaines. Et même si t'as mordu assez d'fois la poussière pour nous vomir un bac à sable, tu t'es sacrément bien améliorée ! T'as des sacrés réflexes, et l'agilité d'un chat sauvage qui protège ses p'tits. Même Henry a halluciné et pourtant, il est avare en compliments celui là.

Ariane vit clairement Terry faire la moue en évoquant Henry. Effectivement, il était avare en compliments, mais l'était beaucoup moins en remontrances et phrases acerbes. Et Terry en avait malheureusement fait les frais il y a quatre jours.

La jeune brune avait voulu détendre l'atmosphère du campement en faisant des crêpes pour tout le monde. Elle s'était joyeusement servie dans le garde-manger et s'était lancée dans son œuvre culinaire à grand renforts de cris de joie. Tous s'étaient régalés et la soirée avait été l'une des meilleures depuis longtemps. Terry rayonnait de joie au retour au campement d'Eric, Henry et des autres personnes sorties monter la garde avec eux.

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