Chapitre 15 : Amitié naissante

151 12 33
                                    

Une nouvelle journée venait de pointer le bout de son nez sur l'état du Nouveau-mexique. Depuis maintenant deux semaines, Ariane et ses amis vivaient au ranch des Otto et ils commençaient tout doucement à se faire à cette vie.

Ariane était allongée dans son lit et les minces rayons de lumière filtrant à travers les volets l'avaient tirée du sommeil beaucoup trop tôt à son goût. Elle frotta ses yeux cernés de fatigue et s'étira longuement. À côté d'elle, Terry dormait à poings fermés et au dessus, Éric ronflait comme un vieux moteur. Ariane eut une moue irritée malgré elle en les voyant dormir avec autant de sérénité.

C'était indirectement leur faute, si sa nuit avait été si courte. Ses deux amis étaient de plus en plus proches, au grand bonheur de Terry. Et ils avaient passé la majeure partie de la nuit à discuter tout les deux dans le lit du beau brun.

Bien sûr, Ariane était très heureuse de voir que Terry avait enfin le droit de vivre une belle vie avec l'homme qu'elle aimait. Mais c'était malheureusement l'un de ses grands défauts, elle était toujours très ronchon au réveil. Surtout lorsqu'elle dormait trop peu. Et l'on pouvait considérer que deux heures de sommeil, étaient beaucoup trop peu aujourd'hui.

Ce n'était cependant pas dû uniquement à la discussion nocturne de ces amis qu'Ariane avait si peu dormi. Elle avait également été assaillie de cauchemars une bonne partie de la nuit. Elle avait rêvé de ses parents, de sa sœur, de Maria, de Juan et Marcus. Tous les visages de ces personnes proches d'elle, avaient hanté ses rêves.

Elle s'efforçait toujours de ne pas trop penser à sa famille, c'était toujours une souffrance énorme. Mais cette nuit l'avait profondément choquée et elle ressentait maintenant ce besoin de prendre quelques minutes pour penser à eux. La jeune femme se laissa retomber dans ses draps d'un mouvement lourd, faisant voler de fines pellicules de poussière dans la chambre. Des larmes coulaient maintenant avec force de ses yeux, roulant sur ses joues rougies par le chagrin.

C'était son père qui lui avait appris à être forte, à ne jamais se laisser dicter sa conduite par les autres, à toujours tout faire pour être libre de ses actes et de ses pensées. C'était un homme au caractère dur et pouvant paraitre froid au premier abord. Mais quand on le connaissait un peu, on savait qu'il n'en était rien. C'était en réalité un homme courageux, qui avait passé la majeure partie de sa vie à travailler sur les chantiers pour élever ses filles. Il se vouait corps et âme à sa famille, jusqu'à en oublier de s'occuper un peu de lui.

Il leur avait appris dès leur plus jeune âge à se faire respecter, à imposer leurs opinions et à montrer qu'elles n'étaient à disposition de personne. Quand Ariane était enfant, sa faible constitution physique lui avait value beaucoup de moqueries de ses camarades.
Son père lui avait alors dit un jour pour la consoler, quelque chose qui l'avait beaucoup marquée : "Tu es comme un oiseau ma chérie, un minuscule oiseau à la silhouette fragile mais capable de voler et de dépasser ses limites. Ne laisse personne enfermer ta liberté ou tes idées dans une cage."

Ces paroles d'un père à sa petite fille avaient fait des merveilles à l'époque pour lui redonner confiance. Et c'était à elles qu'Ariane devait sa force de caractère aujourd'hui.

Heureusement, penser à sa mère lui était moins douloureux. Elle et la petite sœur d'Ariane, Elisabeth, étaient retranchées dans la ferme familiale dans le Devon. Les morts mettraient sans doute du temps à atteindre la petite propriété reculée de la campagne anglaise.
Et elle connaissait sa mère. Celle-ci avait un caractère encore plus explosif que ses filles et jamais elle ne se rendrait sans combattre. Elisabeth était elle aussi une jeune femme de caractère, et Ariane savait qu'elles étaient encore vivantes. Elle le sentait tout au fond d'elle, comme une petite flamme qui brûlait dans sa poitrine.

Rien à perdreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant