Chapitre 14 - Partie 2

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Le jeune homme passa sa tête derrière le rideau et s'adressa à Ariane avec un large sourire malicieux :

— Salut Conrad. Princesse, si tu veux toujours apprendre à tirer, c'est maintenant ou jamais. J'ai fini ma ronde plus tôt que prévu et j'ai rien d'autre à faire. Alors, suis moi, s'exclama-t-il d'un ton enjoué.

Ariane ne réussi pas à masquer la panique dans sa voix :

— Que ... maintenant ?

— Si tu veux vraiment pouvoir sortir de temps en temps, alors, c'est maintenant oui, répondit-t-il, les yeux brillants d'une inquiétante lueur malicieuse.

Visiblement, il avait parfaitement remarqué qu'il avait mis la jeune femme mal à l'aise et cela le faisait beaucoup rire.

Fébrile et quelque peu inquiète, Ariane dit au revoir au vieux médecin qui lui lança un regard lourd de sous-entendus, et quitta la tente en compagnie de Troy. Il la conduisit dans un gigantesque champ derrière la demeure de son père. Vers le centre, plusieurs cibles de tir en carton y étaient installées. Des immenses arbres aux longues branches entouraient l'endroit, leurs feuilles se balançant avec douceur au gré de la petite brise d'été. Ariane trouvait que ce lieu particulièrement paisible et agréable, comme s'il évoluait en dehors de leur réalité obscure.

Arrivée sur place, Ariane commença à perdre de sa superbe. Elle se sentait honteuse à l'idée de montrer son piètre niveau de tir au jeune homme. Pourtant, cela ne l'avait pas ennuyée plus que cela de le faire devant Éric. Mais avec Troy, c'était une toute autre histoire.

L'obstination d'Ariane à lui cacher la moindre de ses faiblesse serait mise à rude épreuve aujourd'hui. Elle sentait qu'elle n'arriverait pas à enfouir ses véritables sentiments et cela commençait déjà à l'exaspérer.

Troy partit chercher plusieurs fusils de différents calibres ainsi que des munitions et vint se placer à ses côtés, la mine narquoise :

— Allez, voyons voir un peu comment tu te débrouilles, mademoiselle "Je n'ai peur de rien ni personne", ironisa-t-il d'un ton goguenard.

Ariane avait la gorge si nouée et son cerveau était tellement en plein effort pour garder une attitude cool et impassible que, pour une fois, elle ne répondit pas à ses sarcasmes. Elle prit une arme et s'employa à la charger avec une grande concentration, ses mains tremblant légèrement.

Étonné et déçu qu'elle ne rentre, pour une fois, pas dans son jeu, Troy remplaça son sourire par un air plus sérieux. Il n'était pourtant pas dupe et loin d'être idiot, il venait de se rendre compte de la gêne de la jeune femme. Et il ne put s'empêcher de la trouver vraiment mignonne quand elle était stressée, en particulier quand il en était la cause.

Inspirant longuement pour se donner du courage, le jeune homme vint se coller contre son dos, les mains posés sur ses épaules. Ariane sursauta sous la surprise, mais n'essaya pas de se dégager.

— Laisse la sécurité et ne tire surtout pas maintenant, lâcha-t-il avec arrogance.

— Ah ... Je suis pas idiote à ce point ! répliqua-t-elle piquée au vif.

— Éric t’a déjà expliqué comment mettre et enlever la sécurité ? Comment passer du mode rafale au coup par coup et comment recharger ?

— Oui, mais c'est tout ce qu'il a eu le temps de m'apprendre.

Troy expira lentement pour calmer son esprit et les battements précipités de son coeur. Le fait de se tenir si proche de la jeune femme le troublait, bien plus que lorsqu'il avait été intime avec les quelques femmes qu'il avait fréquenté depuis son adolescence. Et ce qu'il ressentait au côtés d'Ariane l'effrayait un peu, tout était nouveau.

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