Rien à perdre

Chapitre 26 : Alliance improbable

Des éclats de rire résonnaient avec force dans l'infirmerie. Terry, assise sur le lit médicalisé d'Éric, luttait pour reprendre son souffle malgré son hilarité.

Éric reprenait peu à peu des couleurs et de l'énergie. Sa blessure était pourtant sérieuse, mais l'ancien militaire semblait posséder une résistance hors du commun. Au plus grand étonnement de Conrad, Éric avait récupéré assez de forces pour parler, manger et même plaisanter avec Terry en moins de quarante-huit heures. Il se sentait réellement mieux, bien que toujours beaucoup trop fatigué à son goût. Heureusement, les bons soins de Conrad apaisaient particulièrement bien les douleurs abominables qu'il ressentait à chaque mouvement.

Voir Terry rire et s'amuser ainsi mit du baume au cœur d'Éric. Il savait qu'elle vivait mal son état, qu'elle s'inquiétait plus que tout pour lui et qu'elle n'avait pas pris de repos depuis sa blessure. Alors, depuis ce matin, il s'employait à rassurer sa jeune compagne. Quand elle s'était rendue à son chevet tout à l'heure, il avait bien remarqué l'agitation et l'angoisse qui étreignaient la jeune asiatique.

Mais ce n'était pas uniquement l'hospitalisation de l'homme qu'elle aimait qui troublait Terry. Depuis le départ d'Ariane et Jake en expédition, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de ressentir une peur viscérale lui serrer le cœur.

Cette sensation n'avait cessé de s'accentuer lors de sa visite à l'infirmerie et même si les plaisanteries d'Éric avaient chassé momentanément son angoisse, celle-ci ne mit pas longtemps à revenir la hanter. Depuis qu'Ariane l'avait mise au courant du manque d'eau menaçant le ranch et de la mission qu'ils allaient entreprendre, une horrible intuition ne cessait de la harceler.

Elle n'avait pas souhaité en parler à Ariane, ne voulant pas l'inquiéter pour une simple peur. Mais à cet instant, Terry doutait de plus en plus. Et si son amie courait véritablement un danger dehors ?

— Terry ? Tu as l'air ailleurs. Tout va bien ?

La jeune asiatique sursauta légèrement à l'entente de la question. Elle se reprit immédiatement et afficha un sourire rassurant. Il ne fallait surtout pas inquiéter Éric, il devait se concentrer sur sa guérison.

— Oui. Oui, bien sûr, t'inquiète pas. J'pensais juste à Ariane et à c'problème d'eau. J'espère que tout s'passe bien là-bas et qu'ils vont réussir à nous en rapporter.

— Hum, ne t'inquiète pas trop. Ariane est débrouillarde et surtout, elle n'est pas seule. Jake et les autres seront là pour l'empêcher de courir droit au danger, alors rassure-toi, plaisanta l'ancien militaire.

La jeune femme se mit à sourire, imaginant Ariane dans l'incapacité d'agir sans réfléchir comme à son habitude.

— Oui, t'as sûrement raison. Avec eux dans les pattes, elle aura pas l'occasion d'foncer dans des hordes de rodeurs comme une barbare, souffla-t-elle avant de se lever. Bon, j'vais t'laisser te reposer un peu. J'dois ... J'vais voir si on a besoin d'moi aux champs.

Eric n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Terry avait déjà tourné les talons. La jeune femme se dirigea d'un pas rapide vers la sortie, s'empêchant de toutes ses forces de jeter un dernier regard en arrière.

Aujourd'hui, elle ne resterait pas en arrière. Elle ne ferait pas taire son mauvais pressentiment. Jamais Ariane, Jake et les autres n'auraient dû partir ce matin, elle le savait. Une petite voix de plus en plus persuasive le lui murmurait.