Rien à perdre

Chapitre 7 - Partie 2

Elle leva les yeux vers lui quand tout à coup, une tornade brune obstrua son champ de vision et vint lui sauter avec force dans les bras :

— Ariane ! Oh mon dieu Ariane, tu vas bien ! lui hurla une voix stridente dans l'oreille.

C'était Terry. Elle semblait être indemne et elle serrait Ariane dans ses bras en pleurant abondamment sur son épaule. Ariane l'enlaça à son tour et lui murmura :

— Je vais bien, je suis juste épuisée. Je suis si heureuse de te voir en pleine forme Terry.

La présence de son amie lui avait redonnée assez de force pour parler un peu. Terry s'apprêtait à reprendre la parole, quand elle tourna brusquement la tête vers la pièce où elle était, il y a peu, enfermée. Ariane suivi son regard et vit sortir Juan et Éric, tous les deux soutenus par deux des hommes qui avaient rejoint Jake tout à l'heure.
Elle s'attendait au pire, croyant voir sortir de cette pièce ses amis gravement blessés ou morts. Après tout, ils avaient tous les deux été touchés par une balle et ils étaient enfermés à se vider de leur sang. Sans soins d'urgence, ils devaient être dans un très mauvais état. Et cela la terrifiait.

Mais à son plus grand étonnement, ils étaient en bien meilleure santé qu'elle n'aurait pu l'imaginer.
Juan était pâle et sa jambe gauche était recouverte d'un épais bandage. Eric, lui, était légèrement plus mal en point. Il avait le visage aussi blanc qu'un cachet d'aspirine et son épaule était, tout comme la jambe de Juan, entourée d'un bandage. Une longue bande de tissu maintenait son bras immobilisé contre sa poitrine.

Le plus étonnant était qu'ils n'avaient pas du tout l'air de souffrir, bien au contraire. Ils affichaient tous les deux un sourire béat et leurs pupilles étaient terriblement dilatées.
Des antidouleurs, pensa immédiatement Ariane, et des sacrements puissants. Sûrement de l'oxicodone ou tous autre dérivés de morphine.

Ariane était aux anges. Elle avait réussi, elle avait retrouvé ses amis et les avait sortis de là. Ils avaient même reçu les soins qu'il fallait pour qu'ils restent en vie !
Et puis, elle pensa à Marcus. Marcus était mort. Son visage rude et sa voix éraillée lui revinrent en mémoire, effaçant le soulagement qu'elle ressentait il a quelques secondes encore, pour le remplacer par une profonde tristesse.

Ses forces l'abandonnaient à nouveau. Toutes les émotions qui assaillaient son cerveau, lui firent tourner violemment la tête. Elle tenta de regarder Terry mais des points noirs de plus en plus nombreux dansaient devant ses yeux.
Elle se sentit de plus en plus faible, et ce fut comme si on avait éteint la lumière dans son cerveau.

Ariane sombra dans l'inconscience, glissant dans les bras de son amie.

***

Quand elle rouvrit les yeux, elle se trouvait sous une tente militaire, dressée dehors sur un immense parking. Elle était allongée sur un lit de camp, sa tête posée sur un coussin moelleux.
La lumière éblouissante du jour lui provoqua une intense douleur à la tête. Elle prit quelques secondes pour s'y habituer, puis regarda autour d'elle.

Son attention fut immédiatement attirée par des voix hors de la tente.
Des hommes et des femmes s'agitaient dans tout les sens, remplissant des voitures de diverses boîtes en carton, préparant leurs affaires. D'autres s'affairaient à remplir de carburant trois immenses camion citerne.
Elle se redressa sur son lit et commença à repousser la couverture pour en sortir, quand soudain, une voix qu'elle connaissait très bien l'interpella avec sévérité :