Rien à perdre

Chapitre 26 - Partie 2

Terry et Troy se dirigèrent d'un pas rapide au bunker du ranch, afin de faire le plein d'armes et d'essence.

Tandis qu'ils avançaient, les paroles prononcées dans le champ par le jeune homme tournaient encore et encore dans la tête de Terry.

Depuis son arrivée sur les terres des Otto, Terry avait pris grand soin d'éviter Troy au maximum. Même si cela était compliqué étant donné qu'il passait beaucoup de temps à traîner autour d'Ariane. Mais même si la jeune femme n'avait que peu fréquenté Troy, elle ne pouvait nier qu'il avait changé depuis leur première rencontre. Et peu à peu, il avait cessé de lui inspirer de la terreur, il ne provoquait plus chez elle autant de répulsion ou de dégoût qu'avant. Elle l'ignorait et il faisait pareil de son côté, ils avaient trouvé une sorte d'équilibre permettant de se supporter l'un l'autre.

Seulement, en cet instant, Terry était de nouveau gagnée par la même terreur intense qu'elle avait ressentie le jour où il les avait tous enlevés. Ces mots qu'ils avaient eus, ce regard empli de cruauté, ce sourire sadique, toutes ces choses qui avaient lentement disparu ces dernières semaines venaient de refaire surface il y avait quelques instants.

Maintenant, Terry craignait le pire. Elle se demandait si parler de son pressentiment à Troy était une bonne idée. Si, en faisant cela, elle n'avait pas fait que réveiller la bête assoiffée de sang qu'Ariane avait eu temps de mal à dompter.

La jeune femme était tellement absorbée par ses inquiétudes qu'elle arriva à destination sans se rappeler du chemin.

— Remplis ce sac d'eau et de rations de nourriture. Prends aussi ce flingue et des munitions.

Elle attrapa maladroitement le pistolet semi-automatique qu'elle glissa dans son jeans et rangea la boîte dans son sac.

— J'espère que tu sais t'en servir, j'ai pas le temps de te donner de cours particulier.

Troy ne le vit pas, mais Terry ne put s'empêcher d'afficher un rictus narquois. Pas le temps pour des cours de tirs, hein ? pensa la jeune femme. Il n'avait pourtant pas chanté la même chanson quand il s'agissait d'Ariane.

— J'sais tirer. J'dis pas que je vais viser comme une pro, mais j'vais me débrouiller.

— T'es plus dégourdie que t'en as l'air alors. Je croyais que tu n'aimais pas te battre et que tu préférais laisser Éric ou Ariane faire le taf, siffla Troy avec dédain et arrogance.

— Tu sais rien d'moi en même temps, cracha Terry avant de se radoucir. Si tu prenais la peine de t'intéresser un minimum aux autres, t'aurais su qu'je suis prête à tout pour ceux qu'j'aime. J'préfère éviter d'me battre, j'avoue, mais si j'dois choisir entre rester à l'abri et sauver mes amis, le choix est vite fait. J'suis peut-être une éternelle optimiste un peu trop trouillarde, mais ça m'rend pas conne pour autant.

— Ouais si tu le dis, je demande à voir. Pour moi, c'est les actes qui comptent. Et pour ton petit discours, ça me rappelle quelqu'un tout ça.

— Si tu penses à Ariane alors oui, on a des points communs. Mais t'méprends pas, j'suis pas aussi gentille qu'elle. Ariane garde en elle une sorte d'innocence qui la pousse à aider et à faire confiance à n'importe qui, même aux gros psychopathes comme toi, siffla-t-elle sous le regard meurtrier de Troy, avant de reprendre sur un ton plus calme. Moi j'suis peut-être une optimiste, mais ça fait longtemps qu'j'ai appris à ne plus faire confiance trop tôt. J'suis pas si naïve que tout l'monde le pense.