Chapitre 20 : Fureur de vivre

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Dans un silence gêné, Ariane et Troy arrivèrent rapidement à l'endroit où étaient garées les voitures. Andrew, Cooper et les autres les y attendaient déjà, la mine défaite.

En les observant, Ariane comprit qu'ils savaient tout du sort funeste réservé à leur prisonnier. Pendant un moment, elle hésita à les regarder dans les yeux. Maintenant qu'elle voyait la réprobation dans leur yeux suite au meurtre perpétré par elle et Troy, la jeune femme se sentait encore plus honteuse.

Mais ce n'était pas vraiment le moment de se préoccuper du regard des autres sur elle. Éric était en grand danger. Sans compter qu'elle avait déjà assez perdu de temps comme cela, lors de son rapprochement impromptu avec Troy. Alors, ce n'était pas en se rendant malade sur ses actes, si horribles soient-ils, qu'elle le trouverait plus vite.

Toujours un peu choquée mais plus confiante et déterminée, la jeune femme grimpa dans la voiture avec Troy et Andrew. Ils prirent le chemin que le pillard leur avait indiqué en roulant le plus vite possible sur la route cahoteuse.

La route se fit dans un silence de mort. Chacun se réfugiait dans ses pensées, se donnant du courage pour affronter leurs prochains ennemis.

Cependant, malgré l'angoisse ambiante, Troy ne cessait de lui jeter des regards interrogateurs à travers le rétroviseur. Ariane faisait son possible pour ne pas y répondre, mais parfois, la tentation était trop forte. Elle ne pouvait alors s'empêcher de le regarder à son tour, plongeant pendant quelques gênantes secondes son regard dans le sien.

Lorsque Troy ralentit enfin l'allure, Ariane en fut extrêmement soulagée, ils touchaient au but. Le jeune homme s'arrêta sur un chemin de terre un peu plus praticable, que celui menant au premier campement des pillards. Comme tout à l'heure, Troy et Cooper stoppèrent leurs véhicules un peu en amont d'une colline menant au vieux moulin. Ils descendirent silencieusement des voitures et se préparèrent pour l'assaut, rechargeant leurs armes. Cette fois-ci, Troy décida de ne pas se séparer. Ils n'étaient plus assez nombreux et le jeune homme préférait avoir l'avantage du nombre.

Une fois suffisamment bien préparés, ils se mirent en chemin et avançèrent avec prudence. La route fût courte, ils n'avaient que quelques mètres à parcourir et au bout de cinq minutes, le vieux moulin était déjà en vue.

Arrivés à dix mètres de l'imposant édifice, Ariane commença à distinguer ce qui les attendait.

Comme dans l'autre campement, un immense feu de camp ronflait tranquillement. Celui-ci projetait une intense lumière chatoyante sur tout le domaine. En revanche, aucun éclat de voix ne lui parvenait et elle ne distinguait pas une seule personne autour du feu. Le silence était assourdissant et l'ombre du vieux moulin à moitié dévoré par le temps et les mites, n'arrangeait rien à l'ambiance.

Gênée par cette absence de vie, Ariane se tourna vers Troy et elle ne tarda pas à remarquer que la situation l'inquiétait également. Son visage était fermé, il mordillait sa lèvre inférieure dans une sorte de tic nerveux. Ses yeux couraient sur toute la propriété, cherchant un quelconque signe de leurs ennemis.
Après quelques minutes d'observation, il leur fit signe d'avancer en silence.

Tous marchèrent prudemment. Leurs armes chargées pointées devant eux, ils se tenaient prêts à faire feu au moindre bruit suspect. Personne ne souhaitait revivre les mêmes événements qu'avec Henry. Arrivés près du feu, Ariane vit Troy baisser son arme. Curieuse de la raison l'ayant poussé à abandonner toute prudence, elle trottina en silence jusqu'à lui avant de s'arrêter brusquement, choquée du spectacle qui s'offrait à elle.

Tout autour des flammes du campement, parmi les bouteilles d'alcool vides et les sacs de couchage, se trouvaient plusieurs corps sans vie. Ariane en compta quatre, quatre hommes dont les corps encore chauds portaient les traces de nombreux impacts de balles. Au vu de leurs vêtements : jeans, baskets, t-shirts et chemises, ces hommes étaient les complices d'Henry et non les hommes de Troy.

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