Rien à perdre

Chapitre 2 - Partie 2

Tous trois avancèrent doucement sur la route menant à l'imposante base militaire.

Éric avait préféré garer les voitures plus loin dans le désert, à quelques minutes de marche du complexe. Cela leur permettait ainsi, de garder leur équipe de secours hors de la vue des nombreux gardes sûrement postés tout autour du coin. Eux, pourraient les surveiller discrètement de loin avec des jumelles.

Presque arrivés à l'entrée, l'intuition bizarre qui hantait Ariane depuis plusieurs minutes ne fit qu'augmenter. Et après seulement quelques mètres de marche, elle se figea net. Ses deux comparses en firent autant quelques secondes plus tard.

Ils regardaient tous les trois fixement devant eux et contemplaient un bien triste spectacle :

des centaines de corps humains jonchaient le sol tout autour des bâtiments. Ils dégageaient une odeur de décomposition abominable et à en juger par leur physique, certains n'étaient pas morts depuis longtemps. Ceux-ci ne s'étaient pas transformés en rodeurs. D'autres, en revanche, étaient clairement revenus à la vie avant d'êtres abattus d'une balle dans la tête.

Meme apres avoir passé trois mois dans ce nouveau monde où régnait la mort, un frisson d'horreur parcourut tout le corps Ariane. On ne pouvait jamais vraiment s'habituer à voir ce genre de choses. On s'habituait peu à peu à la vue des cadavres, on commençait à ne plus être aussi dégoûté par l'odeur putride de décomposition, mais jamais le cerveau n'intégrait entièrement toutes ces abominations.

Tout ceci avait quelque chose d'étrange. Comme si ce parterre de cadavres avait un but bien précis, une macabre mise en scène. Éric décida qu'il fallait être le plus silencieux possible et ils recommencèrent a avancer avec prudence. Puis, il finit par éteindre le talkie après un énième appel de Terry, trop curieuse de savoir ce qu'ils voyaient.

Mais même après avoir vu tout ces corps, l'intuition bizarre qu'avait Ariane ne se dissipa pas, bien au contraire. Il y avait autre chose de louche ici et ce qui l'énervait au plus au point, c'était qu'elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

La jeune femme fit part de ses doutes aux deux autres :

— Je n'arrive pas à savoir quoi, mais il y a quelque chose qui ne va pas dans cet endroit. Un truc qui me met mal à l'aise.

Henry et Eric l'avaient eux aussi senti et ce fut Henry, qui finalement, mit le doigt sur ce qui n'allait pas :

— C'est beaucoup trop silencieux ici. C'est une base militaire, il devrait y avoir de l'agitation, des gardes faisant leurs rondes d'inspection. Et pourtant, on n'entend rien de tout ça, on ne voit même pas des tireurs postés aux alentours pour surveiller le périmètre. Ça pue cette histoire, qu'est ce que vous en pensez ? demanda-t-il, l'air crispé.

Eric lui répondit le premier, visiblement très tendu :

— Je suis d'accord, il y a un truc qui cloche dans le coin, il vaut mieux filer d'ici et revenir plus tard avec plus d'hommes, pour mieux visualiser les lieux et se défendre en cas de piège. Contactez Marcus et les autres avec les talkies, on se t...

Il n'eût cependant pas le loisir de finir sa phrase.

Un coup de feu retentit soudain et Eric tomba à genoux, du sang commençant rapidement à imprégner sa chemise.

Ariane et Henry se retournèrent et sortirent leurs armes en même temps, mais c'était inutile. Derrière eux, se tenait un groupe de dix hommes. Tous armés de fusils mitrailleurs et habillés d'uniformes aux motifs de camouflage.

Ils avaient été si silencieux qu'aucun des trois ne les avait entendus s'approcher d'eux et pointer leurs armes. Et malheureusement, ils n'avaient pas pu compter sur les trois autres restés en arrière pour les sortir de ce pétrin. Car même si la scène avait paru durer plusieurs minutes pour Ariane, il ne s'était en fait écoulé que quelques secondes entre le moment où Eric avait été touché, et celui où ils étaient emmenés de force à l'intérieur de la base.