Rien à perdre

Chapitre 27 - Partie 2

Il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait tenter pour sauver Vincent. Les morsures étaient toujours fatales, oui, mais pas si elles étaient prises à temps ! Il restait un moyen de stopper la propagation du virus tant qu'il n'avait pas gagné le reste de son corps. Seulement, c'était risqué. La jeune infirmière n'avait aucune assurance que cela fonctionnerait, elle n'avait assisté à cette pratique qu'une seule et unique fois.

- Ariane ? murmura Jake avec douceur. Ariane, ressaisis-toi. Ne nous laisse pas tomber.

Une vague de froid dans son dos fut frissonner la jeune femme. Elle leva les yeux vers le visage de Jake tout en s'interrogeant : comment les autres allaient-ils réagir, lorsqu'elle leur ferait part de sa théorie ? Jamais ils n'accepteraient une telle chose ! Et si par miracle ils étaient d'accord, aurait-elle la force d'aller jusqu'au bout ? Dans tous les cas, il fallait agir vite pour que cela fonctionne, maximum quinze minutes après la morsure. Et cela faisait déjà largement plus de cinq minutes qu'il avait été attaqué.

Ariane se rapprocha de l'adolescent et posa délicatement sa main sur sa tête. Elle caressa tendrement ses cheveux blonds comme les blés du bout des doigts, et après quelques secondes de réflexion, elle prit son courage à deux mains :

- Vincent, je peux rien te promettre, mais il y a bien quelque chose à tenter pour te sauver. Seulement...

- Attends, quoi ? la coupa Andrew avec espoir. Je croyais que les morsures étaient toujours fatales !

- Tu délires Ariane ! renchérit Cooper. C'est le chagrin qui te fait dire n'importe quoi, on peut pas changer les choses. Enfin, je veux dire... c'est pas possible. Si ?

Voyant que la jeune femme peinait à s'exprimer, Jake fit taire les deux autres d'un signe de la main avant de se tourner vers elle :

- Explique nous, Ariane. Vas-y.

Vincent s'agrippa aux bras de Jake pour se redresser afin d'écouter la suite, mais celui-ci le recoucha fermement. L'adolescent se tourna vers Ariane, des larmes inondant son visage.

- En fait, on peut stopper le virus si la morsure est très récente et si... elle se trouve sur un bras ou une jambe, continua Ariane d'une voix tremblante. Le seul moyen d'y arriver, c'est l'amputation du membre...

Voilà, la bombe était lancée. Ariane venait de révéler à ses quatre camarades son idée pour sauver leur ami.

L'espace de quelques secondes, qui parurent durer une éternité, un lourd silence s'installa dans la remorque. Tous réfléchissaient aux paroles d'Ariane. La jeune femme attendait avec angoisse et impatience leurs réactions. Il fallait se dépêcher, plus ils patientaient, plus l'amputation perdrait de son efficacité. Les chances de Vincent filaient au rythme des secondes écoulées.

- Non... souffla Cooper, paniqué. Non, on peut pas... Je veux dire, on va pas lui couper le bras ! C'est juste... fou !

Andrew laissa tomber sa tête contre l'une des parois de métal, sa voix n'étant plus qu'un murmure :

- C'est complètement dingue, même pour toi Ariane.

- Je sais, mais c'est notre seule chance de le sauver, affirma la jeune femme.

- Ou de le tuer encore plus vite ! tonna Cooper.

Jake lâcha la main de Vincent et il s'avança lentement vers son ami. Tout en posant une main compatissante sur l'épaule carrée du grand roux, il le fixa droit dans les yeux :

- Ça, on peut pas le savoir, Cooper. On n'a pas d'autres solutions. Si tu en vois une alors, tant mieux ! Mais si non, c'est notre seul espoir.

- Oui, mais même si ça marche vraiment, comment on va faire ça ? On va vraiment lui couper le bras et attendre qu'il se vide de son sang ? s'insurgea Andrew.