Chapitre 1

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Je suis assise dans le bureau de ma mère. Je relis les notes de mes cours en cherchant des compléments d'informations dans les livres que celle - ci a sur le sujet. Ma thèse portant sur la virologie, et ma mère travaillant au C.D.C. d'Atlanta, le lieu pour faire mes recherches est tout trouvé. Je relève le nez des bouquins quand je l'entends entrer.

_ Tu es là, dieu merci, me dit – elle soulagé et anxieuse à la fois. La voir dans cet état est des plus inquiétants quand on la connaît, elle toujours calme, posée, pragmatique. J'avoue que cette attitude ne me dit rien qui vaille.

_ Oui, j'avais cru comprendre en voyant ton sms que tu voulais que je passe absolument ici avant de rentrer à la maison, ironisais – je.

Je la regarde et vois la ride des mauvaises nouvelles apparaître sur son front. Cette ride se manifeste que dans les mauvais moments ou quand elle est ne veut pas me dire quelque chose, comme l'identité de mon père. Un amour de lycée pas prêt à assumer un enfant à seize ans, plutôt vague non ? J'avais lâché l'affaire depuis longtemps.

_ Maman, qu'est – ce qui ne va pas ? Dis – je doucement en me levant et en l'enlaçant comme quand j'étais petite.

_ Comment sais – tu que quelque chose ne vas pas ? Me demande – t – elle en arquant un sourcil brun, au dessus de son œil noisette.

Je me détache et plonge mes yeux bleus, hérités de mon père, dans ceux de ma mère. Puis je reprends calmement et méthodiquement comme une vraie scientifique.

_ Plusieurs indices, tout d'abord, le sms plutôt lapidaire qui ne te ressemble pas, le fait que tu invoque dieu, pour une scientifique comme toi, c'est assez original et enfin la ride des mauvaises nouvelles sur ton front, terminais – je en baissant les yeux.

Elle déambule dans la pièce et finit par se diriger vers la grande baie vitrée de son bureau. Elle observe les gens se déplacer comme des fourmis, la circulation perturbée comme tous les jours à cette heure. Quand elle se retourne vers moi, je vois des larmes qui coulent sur son visage.

_ Maman, là je commence à paniquer sérieux, explique moi.

_ Assieds toi, s'il te plaît, me dit – elle sérieusement.

Je me dirige vers le fauteuil qu'elle me désigne pendant qu'elle s'essuie les yeux. Elle souffle un bon coup et commence à parler.

_ Hanna, je vais te parler en tant que scientifique mais aussi en tant que ma fille. Nous avons trouvé un virus ayant un taux de mortalité de 100 % . . . je ne peux m'empêcher de la couper.

_ Mais ce n'est pas possible, il y a toujours un pourcentage même infime qui permet à l'espèce, (dans ce cas précis la notre) de survivre. Il n'y a jamais eu ce genre de virus, dis – je comme si je récitais un de mes premiers cours de virologie.

_ Je sais tout cela Hanna, dois – je te rappeler ma spécialisation en microbiologie. Dans ce cas précis, j'ai refait les tests avec Jenner un nombre incalculable de fois et le résultat est sans appel, . . . 100 % de mortalité, termine – t – elle avec calme.

Mais je vois bien que ce n'est pas la fin de l'histoire, qu'il y a encore des choses qu'elle doit me dire.

_ Et . . . , dis – je pour l'inciter à poursuivre.

_ Quoi ? Me demande – t – elle.

_ Maman, je te connais, . . . il n'y a pas que ça, vas – y je suis prête, lui dis – je en la regardant droit dans les yeux. Parle moi comme si j'étais une des tes collègues, si cela t'aide.

_ Bien, le virus ne se contente pas de tuer son hôte. Une fois, l'individu mort de la fièvre causée par ce dernier. Au bout d'un temps pas encore défini, le cadavre se relève avec pour seul but dévorer un individu vivant, lâche – t – elle en un seul souffle.

Je la regarde hébétée, cherchant une fraction de seconde où se trouvent les caméras dans la pièce, pensant à une blague du plus mauvais goût. Cela n'est pas humainement possible. Quand un corps humain est mort, il ne peut pas se relever c'est impossible. J'ai beau repassé dans ma tête tous mes cours de biologie depuis le lycée à la vitesse de l'éclair, rien ne fait mention de cela. Non, ils ont mal fait les analyses. Quand je relève les yeux vers elle, c'est comme si elle avait compris toutes les émotions et toutes les idées qui avaient traversées mon esprit.

_ Je ne veux pas remettre en cause ce que tu me dis mais vous avez du faire des erreurs, la fatigue, le stress, . . . Enfin, . . . un corps humain ne peut pas revenir à la vie, . . . c'est . . . c'est . . . impossible.

Elle se lève et fait les cents pas devant moi. Cette fois c'est moi qui interpelle le divin avant de reprendre la parole.

_ Mon dieu, tu ne m'as pas tout dis, l'interrogeais – je, il y a encore un truc, j'en suis sûre.

_ Hanna, j' ai refait les tests avec Jenner, je te l'ai dit, termine – t – elle.

_ Non maman, il y a autre chose, rétorquais – je tremblante à la fois de colère, qu'elle ne me dise pas tout et de peur, car justement elle ne me dit pas tout.

Elle baisse les yeux et reprend.

_ Avec Jenner, nous avons travaillé sur des souches mais pas que, . . .

_ C'est – à – dire ?, je pose cette question mais je sais déjà ce que cela implique.

_ Nous avons travaillé sur . . . des êtres humains infectés, termine – t – elle dans un souffle, les larmes aux yeux. Nous étions des biologistes, des virologues . . . pas des médecins. On travaille sur des plaques de pétris, avec des pipettes . . . pas . . . avec des hommes fait de chair et de sang.

Alors que je m'avance vers elle pour la prendre dans mes bras comprenant l'horreur de ce qu'elle avait du faire, une alarme stridente résonne dans le bâtiment. Le personnel se met à courir dans tous les sens. Des codes et des messages d'alertes retentissent dans les hauts parleurs. Même au troisième étage, on entend les lourdes grilles métalliques fermer hermétiquement le C.D.C. Elle termine les quelques pas qui me séparent d'elle. Elle murmure à mon oreille. Au fur et à mesure, qu'elle me parle, mes yeux s'écarquillent, les larmes roulent sur mes joues, je m'effondre sur la moquette blanc cassé de son bureau. Nous restons dans les bras l'une de l'autre à pleurer, pendant un temps que je n'arrive toujours pas à déterminer. L'épidémie a commencé.

The Walking Dead Hanna CarverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant